Malgré les vœux du chef de l’Etat de voir se tenir en 2014 les élections locales et communales, aucun engagement ferme n’a été obtenu de lui. Ce faisant, il ne rassure personne.
C’en est fait. Le président de la République a livré son discours de présentation de vœux de nouvel an aux élus de la Nation, hier lundi au Palais de la République. Un discours bis, après celui livré sur l’état de la Nation qui renferme les engagements de l’Etat en vue de réaliser certains chantiers du pays. L’un des vastes chantiers qui suscite un grand intérêt chez les Béninois, c’est celui des élections locales et communales.
Cela fait déjà plus de huit mois que les conseillers de village et de quartiers de ville ainsi que les maires doivent remettre leur mandat en jeu. Mais faute de consultations électorales, ils sont toujours au poste. Le pays n’est pas prêt à organiser ces élections et ne cesse de grignoter sur le calendrier électoral qui doit conduire à l’échéance. Arrivé à mars 2013, terme du mandat des élus locaux et communaux, tout le monde se rend compte que le scrutin ne peut avoir lieu.
Parce que le gouvernement tergiverse à lancer la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). De mars on repousse l’échéance en fin d’année. Pour rappel, c’est le chef de l’Etat lui-même au cours d’une réunion le 14 octobre 2013 au Palais de la Marina en présence des présidents des Institutions de la République et des acteurs du processus de correction du fichier électoral qui a évoqué un tel agenda. Quand nous étions arrivés en fin d’année 2013, rien n’était prêt. Le processus n’a même pas réellement démarré. La raison est connue de tous. Le gouvernement tient le cordon de la bourse et refuse de lâcher les sous au Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi (Cos-Lépi).
Les difficultés signalées au cours de la rencontre du Palais n’ont pas été surmontées. A part une timide réaction du gouvernement qui a autorisé le Cos-Lépi à passer les commandes auprès des sociétés retenues pour un montant d’environ deux milliards, ajoutés à une insignifiante avance de six cents millions F Cfa versée dans le compte de l’organe, plus rien à se mettre sous la dent. En ce début d’année, on s’attendait à voir les choses se dessiner, à commencer par la résolution des problèmes de trésorerie auxquels est confronté le Cos-Lépi. Beaucoup d’acteurs espéraient que le chef de l’Etat prendra des engagements fermes pour dissiper les inquiétudes.
Mais tous sont restés sur leur faim. Le discours de Yayi Boni sur l’état de la Nation n’a pas indiqué les moyens urgents que prendra son gouvernement pour accélérer le déroulement du processus de correction. Idem, hier lundi 6 janvier lors de la cérémonie de présentation de vœux aux députés. Une occasion de plus, mais ratée par le chef de l’Etat Yayi Boni pour donner des garanties fermes quant à la tenue des élections locales et communales courant cette année.
Pas d’assurance sur deux points importants
Les problèmes des Béninois sont de deux ordres. D’abord, c’est de donner les moyens qu’il faut au Cos-Lépi afin qu’il mette en œuvre les chantiers sans lesquels la correction n’est pas possible. Ensuite, c’est de donner des garanties fermes aux populations pour l’organisation des élections locales et communales. Aucune de ces deux préoccupations n’a été abordée de façon satisfaisante par le président de la République. Yayi Boni s’est contenté de dire que ces élections auront lieu « grâce à Dieu ». Non, ce discours n’est pas celui qu’on doit entendre aujourd’hui. Il devrait annoncer l’engagement du gouvernement à libérer à temps le reste de l’enveloppe financière destinée à la réalisation de l’opération.
Son coût réduit avoisine les dix milliards. En soustraire deux milliards six cents millions, le Cos-Lépi attend toujours plus de 7 milliards. Cette question n’est pas réglée et le chef de l’Etat s’en remet à Dieu pour annoncer que le scrutin se tiendra en 2014. Ce n’est pas un engagement politique. Face à une situation qualifiée d’impasse sur la correction de la Lépi, la foi en Dieu ne doit pas précéder la volonté et l’engagement politiques. En ce moment où tout le monde semble être pessimiste, le président de la République ne doit pas donner libre cours à de nouvelles supputations, au doute et à l’idée qu’il tient un discours approximatif.
L’opinion publique a besoin d’un message cohérent qui renseigne sur le niveau de réalisation des travaux de correction à la date d’aujourd’hui, les chantiers à lancer impérativement et leur délais d’exécution, les différentes phases à venir et surtout un échéancier rigoureux pour libérer les fonds dont le Cos-Lépi a besoin pour avancer. Surtout que plus les promesses de virement de fonds du gouvernement dans les caisses de l’organe ne sont pas respectées, plus le délai de réalisation s’allonge. La tenue des élections communales et locales dépend donc de la réussite de la correction de la Lépi. Il n’y aura pas de miracle. Si le gouvernement et son chef décident de faire de la précipitation, leur méthode de travail, ils peuvent attendre le dernier moment avant de s’activer. Chacune des parties engagées dans le processus doit remplir ses obligations. C’est ce qu’on attend du chef de l’Etat, et non un discours creux qui renforce la méfiance.