A l’occasion du nouvel an, le Maire de la ville de Cotonou, le Président Nicéphore Dieudonné Soglo n’a pas dérogé à la tradition en présentant ses vœux les meilleurs à ses concitoyens. Ce fut une opportunité qu’a choisie le Président-Maire de Cotonou pour faire un plaidoyer pour l’autonomisation financière des Communes du Bénin. Pour plus de détails, lire le message de vœux de Nicéphore D. Soglo à ses administrés prononcé le 30 décembre dernier.
Cotonoises, Cotonois,
A la veille du nouvel an qui s’annonce je viens, comme j’en ai l’habitude depuis que vous m’avez confié les rênes de note belle cité Cotonou, la métropole du Bénin, vous souhaiter mes meilleurs vœux de bonne santé, de bonheur et de paix dans vos ménages et de succès dans vos projets.
L’année 2013 est arrivée à son terme et je nous invite tous à avoir une pieuse pensée pour les personnes qui nous sont chères et qui ont été soustraites douloureusement à notre affection.
Dans ce registre, elle a été marquée par un événement de dimension planétaire. C’est le décès le 05 décembre du grand Madiba, Nelson Mandela qui a permis à l’humanité de connaître un instant de sursaut moral et de célébrer en communion les valeurs de liberté, de dignité, de pardon et de fraternité qu’a incarné durant toute sa vie l’illustre disparu.
Nous avions fondé une grande espérance sur cette année qui s’achève, mais force est de constater que nos attentes les plus importantes tant au plan international que national n’ont pas été satisfaites. Lancinante, la crise économique mondiale financière et commerciale s’installe dans la durée et n’épargne aucun Etat malgré quelque lueur d’espoir dans de rares pays.
Au plan national, malgré les efforts du gouvernement les catégories sociales sont confrontées à d’importantes difficultés. L’inquiétude gagne les esprits. Administration de proximité, la commune à statut particulier de Cotonou, à l’instar des autres communes du Bénin ressent au plus près les souffrances et la misère des populations.
La tension de trésorerie observée au niveau de l’Etat du fait de la diminution drastique de recettes, affecte gravement la situation financière de la Ville. En effet, l’observance du principe de l’unicité de caisse induit le dépôt obligatoire des ressources financières de la Ville auprès du Trésor public. Là où le bât blesse est que celui-ci n’arrive pas à retourner à la commune, à hauteur de ses besoins financiers, ces ressources qu’il détient à son profit. Aussi, de nombreux mandats émis par la Ville pour le paiement de ses prestataires de services n’ont-ils pas été satisfaits ?
La Ville constate et compatit impuissante au calvaire que connaissent les prestataires qui soutiennent son action pour l’amélioration des conditions de vie des cotonoises et cotonois.
Le Directeur des Servies Economiques et Financiers, sur mes instructions, a informé les médias et l’opinion publique de ce contexte fort difficile et insoutenable. Ce fut une sonnette d’alarme, il n’y a eu cependant jusqu’ici aucune amélioration significative.
Cotonoises, cotonois,
Ce ne sont pas seulement Cotonou et les autres communes qui connaitront les conséquences néfastes d’une telle situation. Notre foi dans la volonté politique de décentralisation se trouve malmenée. Le principe de respect républicain de nos lois est mis en cause.
Quelle compréhension avons-nous de l’autonomie financière reconnue par la loi aux communes ?
Comment comprendre le refus jusqu’à ce jour de l’Etat central de laisser à Cotonou la gestion des marchés de Dantokpa et Ganhi ?
Quelle considération avons-nous pour les efforts que déploient les prestataires de service dans l’accomplissement de leurs tâches pour le développement de l’action municipale ?
Avions-nous une perception pertinente du rôle de la Ville en tant que maillon essentiel du processus de développement global d’un pays et de la bonne gouvernance ?
Des blocages à l’élan de développement de Cotonou principale Ville de notre pays auront incontestablement un impact réducteur du mouvement global de développement du Bénin. Je me permets de vous donner quelques exemples des difficultés auxquelles se trouve confrontée Cotonou.
Opération de titrisation
A l’instar de ce qu’a réussi l’Etat central et grâce à l’appui du gouvernement, mon équipe municipale a initié l’opération de titrisation qui a l’avantage d’échelonner le paiement des dettes de la Ville et permettre aux prestataires détenteurs de titres de répondre aux exigences de leurs banques ou de leurs créanciers. Une telle opération pour sa mise en œuvre efficace ne doit connaître aucune entrave dans le rythme de virement ou de décaissement au profit de la banque engagée dans le montage de ladite opération. Il s’agit de la banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce (Bsic).
Les mandats émis par la Ville et non libérés par le Trésor public portent à la date du 28 novembre 2013 sur un montant de 900.000.000F CFA.
Non paiement de contrepartie de financement du Projet Pugemu de la Banque Mondiale
Au vu des inondations récurrentes dont est victime Cotonou et aussi les autres villes voisines à savoir Abomey-Calavi, Sèmè-Kpodji, Porto-Novo et Ouidah, la Banque Mondiale a initié au bénéfice de ces cinq villes un projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (Pugemu d’un montant global de 27,5 milliards de F Cfa). La Ville a émis aux deux premières échéances des mandats constituant sa contrepartie portant sur un montant de 625.000.000 F Cfa. Le Trésor public n’a pas encore procédé au paiement de cette somme. Le non paiement de la contrepartie peut entraîner la suspension du Projet par la Banque Mondiale. Et il faut tout entreprendre pour éviter cette grave menace sur l’assainissement de la ville de Cotonou.
Non paiement des prestataires pour la propreté de la ville
Comme vous le savez tous, chers concitoyens, la propreté, comme l’assainissement de la ville, constitue pour mon équipe municipale une priorité de premier ordre. Je saisis cette occasion pour vous remercier, pour votre compréhension et votre tolérance quant à certaines des insuffisances de la ville. Mais l’argent est le ressort de toute action efficace. Ici aussi le retard dans le paiement et ou tout simplement le non-paiement des mandats, affectent le bon déroulement des opérations de salubrité.
Ainsi n’ont pas encore été libérés jusqu’au 08 décembre les mandats ci-après émis dans le cadre de la propreté de la ville.
- Mandat portant sur 27.790.053 pour le désensablement non mécanisé mené par les groupements de Finamin ;
- Mandat portant sur 109.910.176 émis pour le paiement des prestataires de désensablement mécanisé ;
- Mandat portant sur 82.655.399 émis pour le paiement du traitement des ordures ménagères ;
- Et un autre mandat portant sur un exercice antérieur et portant sur 44.650.644.
Le non paiement de cette catégorie de prestataires alimente souvent les grognes matinales et les critiques à l’encontre de la Ville.
Cotonoises et cotonois,
Ces quelques exemples ont été donnés et la liste n’est pas exhaustive, pour appeler votre attention sur certaines de nos préoccupations majeures et partager avec vous des questionnements. Cela invite à la réflexion et à une concertation nécessaire avec le gouvernement pour une action plus vigoureuse et des mesures dignes de confiance partagée et une résolution certaine pour épargner à la ville les difficultés financières et conforter sa crédibilité car il y va de l’image de Cotonou Ville-métropole comme il y va de l’image du Bénin.
Vive la démocratie locale