Depuis quelques jours, Boni Yayi a repris du service. Au-devant de la scène sous-régionale, ses compétences sont sollicitées pour l’encadrement de la durée de la transition en Guinée et la fermeture de cette parenthèse politique par l’organisation d’élections démocratiques. Depuis le renversement de Alpha Condé, la Guinée vit des moments d’incertitude. Aux commandes de la junte au pouvoir, le Colonel Mamady Doumbouya est à couteaux tirés avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Ce dialogue de sourds ne pouvant plus être admis, les chefs d’Etat et de gouvernement ont sorti la carte Boni Yayi sur laquelle ils misent pour un dénouement plus ou moins rapide.
Sans se faire prier, Boni Yayi a accepté cette mission délicate à lui confiée par ses pairs en fonction au terme du 61ème sommet des dirigeants de l’Organisation. Désormais Médiateur en Guinée jusqu’à nouvel ordre, l’ex président béninois devra s’investir à fond pour produire les résultats attendus. Les espoirs placés en lui sont d’autant plus grands que son illustre prédécesseur dans cette mission, Mohammed Ibn Chambas, ancien président de la Commission de la Cedeao a dû renoncer, faute de résultats probants. Appelé à la rescousse, Boni Yayi, qui a spontanément accepté se mettre au service de la Communauté est conscient du fait qu’il n’ira pas en balade de santé à Conakry toutes les fois que sa présence sera jugée nécessaire sur place. Son rôle, c’est de rassurer la junte guinéenne et l’amener à faire des concessions dans des délais raisonnables en vue du rétablissement d’un régime civil par la voie des urnes.
C’est là que réside la délicatesse de ce mandat confié à Boni Yayi. Ce dernier, prompt et déterminé, s’est très vite mis à l’œuvre. En témoigne son entrevue avec Alassane Ouattara avant son premier déplacement en Conakry dans le cadre de sa mission. Ayant dirigé le Bénin dix années durant, ayant également dirigé l’Union africaine et pris une part active dans la résolution des conflits sur le continent, il part sur le terrain, précédé par son aura et ses expériences. A lui de faire valoir ses qualités de leader, de rassembleur et de pacificateur. En compagnie de Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, il bénéficiera du regard, de l’accompagnement et des conseils avisés d’un juriste et constitutionnaliste de haut niveau.
Au-delà de la personne de Boni Yayi, c’est tout le Bénin qui est ainsi honoré par l’Organisation sous-régionale. Vivement que l’ancien chef d’Etat soit bien inspiré afin que, de par son implication active, le bout du tunnel soit atteint et que le peuple guinéen sorte de cet étau.