Avec les changements intervenus ces derniers jours au sein du Bureau politique de l’Union progressiste, Patrice Talon semble amorcer le virage décisif du rajeunissement de la classe politique. Amoussou Bruno, Idji Kolawolé, Mathurin Coffi Nago, Abraham Zinzindohoué, tous au placard, à quelques mois d’une élection majeure, n’est pas un fait anodin. Le faire de manière aussi systématique cache certainement une volonté de régénérescence de la classe politique. C’est peut-être la dernière réforme majeure de Patrice Talon, à moins de 4 ans de la fin de son second mandat. Le cas échéant, on ne peut que souhaiter qu’elle ne soit pas une réforme destinée uniquement à la classe politique. Car, dans l’entourage du chef de l’Etat, il y en a un qui, par l’âge et par les diverses fonctions occupées dans les régimes successifs, depuis la révolution, mérite enfin la retraite.
Ancien ministre du Plan, de la stratégie et de l’analyse économique, ancien ministre d’État chargé de la planification et du développement, Gouverneur de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, et de la Banque islamique de développement7, coordonnateur internationale des Fonds européens de développement, membre du conseil des ministres de l’Union monétaire ouest africaine, membre de la commission des Nations unies pour l’Afrique, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), chargé de mission du président de la République du Bénin, ministre d’État au Centrafrique, Zul Kifl Salami a une vie bien remplie. Et la liste n’est pas exhaustive. Il a été presque de tous les régimes, et ce, depuis 1960. On avait pensé, à l’arrivée de Patrice Talon en 2016, que l’heure était venue pour l’homme de se retirer. Mais le gouvernement de la Rupture n’a pas fait mieux que les gouvernements précédents. Zul Kifl Salami a été fait, dès novembre 2016, Chargé de mission du chef de l’Etat. Poste qu’il occupe jusqu’à ce jour. Depuis toujours, les Béninois se demandent la clé de son maintien au poste, de régime en régime. En 2016, juste après sa nomination par le chef de l’Etat, l’homme faisait partie de la délégation gouvernementale en tournée aux Emirats Arabes Unis. Nul doute qu’il a la confiance des Princes saoudiens. Est-ce cela son appui ? L’imposent-ils aux différents régimes, comme condition de leur soutien économique ?
Quoi qu’il en soit, si Bruno Amoussou, Idji Kolawolé, Mathurin Nago doivent accepter de se retirer de la vie publique, il doit en être de même pour Zul Kifl Salami, à moins que la réforme ne concerne que la classe politique. Contrairement à ses prédécesseurs, Patrice Talon ira-t-il sur ce terrain ?