Le miracle, pour les contempteurs de Patrice Talon, ne s’est pas produit. Alors qu’il était annoncé, en faveur d’une opposition coalisée pour défaire l’égo de celui qui, à leurs yeux, bafoue la démocratie et les libertés fondamentales au Bénin, Emmanuel Macron, le Saint-Sauveur n’a rien pu. Du moins, pas officiellement. Aux côtés d’un Talon droit dans ses bottes, le président de la République française a signé forfait. Autant dire que les revanchards n’ont pas démérité, mais la marche était trop élevée pour espérer l’emporter car les actes, semble-t-il, sont là, réels et établis.
Enjoué, tout vêtu de bleu, voix rocailleuse et sourire grinçant, Patrice Talon s’est montré imperturbable, fidèle à lui-même. Son hôte était sous le charme. C’était après le tête-à-tête avec celui qu’il a fini par appeler son « cher ami ». Ce cher ami, c’était le messie tant attendu. Celui-là sur qui reposaient tous les espoirs de ceux-là qui ont multiplié les parades pour que Réckya Madougou, Joël Aïvo, et bien d’autres personnalités ayant été « condamnées pour avoir commis des infractions dans le champ politique » s’affranchissent de Missérété. Non sans une certaine abnégation depuis 2016 d’ailleurs, pour le retour de ceux et celles qui ont pris la poudre d’escampette afin d’éviter le cauchemar des 20 ans.
C’est un espoir répandu au-delà des cent quatorze mille kilomètres carrés. La plupart des sycophantes, comme leurs alliés d’ailleurs, ont rêvé d’une stratégie nettement punitive. Même des lobbyistes américains ont tenté de perturber la venue de Macron à Cotonou. Le Saint-Sauveur devrait renoncer à sa visite qui renforcerait non seulement le pouvoir d’un dictateur, mais exacerberait aussi le sentiment anti-français au Bénin. Pourtant, l’hôte de Macron confesse ne pas « s’en rougir ». Mais alors, du tout pas. Et rien n’y fit. Malgré le chant de 75 autres sirènes outre méditerranée, Talon fut honoré de la visite de son homologue. Restons optimistes, tant les auteurs ont tissé, avec une déconcertante aisance, ce divertissement feel good quatre étoiles. On ne sait jamais, tout est possible. Mais en attendant, retour à la case départ.