C’est un Emmanuel Macron visiblement imprégné d’une partie de l’histoire du
Danxômè, qui a visité l’exposition « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui… » aux côtés de son homologue béninois Patrice Talon qui, une fois encore, a révélé son talent de médiateur culturel.
Emmanuel Macron connait déjà les 26 trésors royaux qu’il a visités, ce mardi à Cotonou. Le président français a eu l’opportunité de les admirer dans son pays avant leur restitution. Mais ce qui, cette fois-ci, rend la visite plus merveilleuse, et qui visiblement a plu à l’hôte de marque du Bénin, c’est que les œuvres patrimoniales sont sur leur terre d’origine dans un dialogue avec l’art contemporain. L’autre aspect significatif est que les trésors royaux sont exposés au palais de la présidence dans un décor et une scénographie séduisants, aux standards internationaux.
En plus des œuvres patrimoniales, le président français a découvert, entre autres, les trois siècles d’histoire du Danxômè. Emmanuel Macron n’a pas manqué de poser des questions d’éclaircissements auxquelles Patrice Talon, José Pliya et Alain Godonou ont apporté des réponses. Parlant de Béhanzin, le président français rappelle qu’il y a toujours des photos de l’ancien roi en France. « Il y a des photos de lui au musée du Quai Branly… Il est mort en Algérie… », dit-il. « A Blida… », ajoute Patrice Talon. Les deux présidents poursuivent le parcours ainsi, dans une ambiance décontractée et bon enfant. A mi-chemin de la visite, Patrice Talon souffle à Emmanuel Macron que Guèdègbé qui avait prédit l’échec de Béhanzin face à Dodds, est l’aïeul de sa mère. Il est « originaire du Nigeria. Il était à la cour comme devin du roi d’Abomey… », explique le président béninois. « C’est un yoruba d’Ibadan ? », demande Emmanuel Macron, et à
Patrice Talon de répondre par l’affirmative, puis les deux chefs d’Etat éclatent de rire. Ce qui témoigne bien de l’ambiance assez conviviale sur le parcours muséal, ce mardi matin.
Après les trésors royaux, le président français visite chacune des 106 œuvres contemporaines réalisées par les 34 artistes nationaux et de la diaspora. L’ambiance est restée la même dans les allées des trois séquences de l’exposition contemporaine. Et quand le moment arrive, Yassine Lassissi, le guide du jour, ne se fait pas prier pour laisser place à Patrice Talon, qui s’illustre en médiateur excellent. L’anecdote de « Pantalonnade », une œuvre de l’artiste Romuald Hazoumè exposée à la Marina, que le premier magistrat béninois a racontée à son hôte, en est un exemple palpable. Avant de quitter les lieux, Emmanuel Macron a laissé ses mots, empreints de chaleur et d’encouragement, dans le livre d’or de l’exposition.
L’impossible devenu
possible
Lors de la conférence de presse conjointe, après la visite de l’exposition, Emmanuel Macron a dit combien il était ému, aux côtés de Patrice Talon, d’admirer les 26 trésors royaux d’Abomey, dans leur pays, et de la vitalité de la scène béninoise.
… qu’Emmanuel Macron et Patrice Talon ont fait le tour de
l’exposition hier au palais de la Marina
Depuis la restitution, « ce sont plus de 200 000 personnes qui sont venues les admirer, dans des scènes émouvantes de fierté, de gravité, d’effervescence, de dignité. Face à un tel engouement, vous avez fait le choix de prolonger cette exposition. Ce qui en dit beaucoup sur la longue attente qui avait précédé leur retour », affirme le président français. Il rappelle au passage que cela est aussi le fruit d’un engagement de la France pris en 2017 à Ouagadougou. Une promesse traduite en acte qui démontre, selon Emmanuel Macron, que lorsque la France acte des choses, elle les fait. L’autre pan du sujet qu’a relevé le président français, c’est que les deux pays « ont démontré que ce qui était jugé impossible ou prématuré était une forme d’évidence». « …Nous avons démontré, ce faisant, qu’un acte de restitution n’est ni une perte ni une contrition. C’est la continuation de l’histoire, la possibilité d’une nouvelle page, une réinvention de ces œuvres… », a-t-il affirmé. Emmanuel Macron dit croire profondément que ce geste a une part de mystère, de spiritualité, mais qui regarde résolument vers l’avenir.
C’est dans une atmosphère empreinte de solennité et de convivialité…
Au sujet de l’exposition des 34 artistes contemporains béninois, il a exprimé sa joie d’avoir vécu « cette forme de généalogie de la création béninoise». La France, poursuit-il, est fière de s’être engagée avec le Bénin dans un partenariat culturel d’exception au cœur d’une sous-région, un atout pour devenir le cœur vibrant de la culture du continent et du monde. Emmanuel Macron profite de l’occasion pour émettre le vœu d’accueillir, à Paris, l’exposition des 34 artistes contemporains béninois?