Lundi 1er août 2022, le Bénin a célébré avec faste le 62e anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Une célébration particulière rehaussée par la présence des anciens présidents du Bénin et les responsables au plus haut niveau du parti d’opposition Les Démocrates. Il n’en fallait pas plus pour qu’au lendemain, la plupart des canards titrent une célébration sous le sceau de l’union, de la cohésion retrouvée. Certes, la plupart des personnalités de l’opposition présentes ont affiché un large sourire lorsque vint le moment de saluer le chef de l’Etat. Ces images, qui n’ont plus été aperçues depuis la tenue d’élections qualifiées d’exclusives, ont fait le bonheur des populations qui appelaient de tous leurs vœux à une tension politique apaisée. Mais cette euphorie, ce sentiment des fils du Bénin unis pour la cause de la Nation ne doit pas faire perdre de vue le fait que pour que les anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi soient à la fête, il a fallu qu’ils fassent des recommandations et que le chef de l’Etat s’engage à œuvrer dans le sens de la décrispation. Ceux qui n’ont pas eu ce privilège ont profité de l’accolade avec Patrice Talon pour faire des doléances. C’est le cas, par exemple, du président du parti Les Démocrates Eric Houndété qui a affirmé avoir demandé au chef de l’Etat d’engager le dialogue avec l’opposition.
Du côté du chef de l’Etat, on a constaté un début de volonté allant dans le sens de la décrispation. Une trentaine de personnes incarcérées dans le cadre des violences post-électorales ont recouvré la liberté, à quelques jours de la célébration de la fête du 1er août. La plupart des personnes libérées sont proches de l’opposition et du parti Les Démocrates. Mais les recommandations des anciens présidents vont plus loin que ça. Elles concernent une totale libération de tous ceux qui sont incarcérés, condamnés pour avoir agi dans le champ politique, selon les expressions de Patrice Talon. Les libérations les plus attendues sont celles de l’ancien ministre Reckya Madougou et du professeur Joël Aïvo. Les demandes concernent également les exilés qui doivent pouvoir revenir au pays, sans être inquiétés. C’est possible. On en a eu la preuve avec les cas Bertin Koovi et Pascal Tawès. Même si le Chef de l’Etat semble régler la question, à l’occasion de la venue du président français Emmanuel Macron, on continue toujours d’espérer qu’il pourrait revoir sa position. De toute manière, cette doléance tient à cœur à ses prédécesseurs.
Bientôt les Législatives, les partis de l’opposition engagés dans la course voudraient des garanties qu’une fois les conditions remplies, ils pourront y aller, sans qu’un autre piège du genre « Certificat de conformité », ne leur soit brandi au dernier moment.
Du côté des populations, la célébration sous le sceau de l’union retrouvée n’est pas le remède à la cherté de la vie. Une fois l’euphorie passée, elles devront retourner à leur quotidien avec les prix des produits de premières nécessités qui ne cessent de flamber. La Csa-Bénin a d’ailleurs dénoncé une fête de 1er août sur fond de vie chère. Qu’en est-il de la revalorisation salariale annoncée ? Depuis, les centrales syndicales attendent que le gouvernement ouvre le 2e round des négociations Gouvernement-Syndicats pour que des solutions concrètes soient trouvées aux problèmes qui sont sur le tapis après de la première séance. Au Sénégal par exemple, c’est chose faite. Le président Macky Sall a annoncé des augmentations de salaire pour tous les employés de l’État. Selon le Département des salaires, ces augmentations seront mises en œuvre lors des paiements effectués en mai, juin et juillet 2022. A partir d’aujourd’hui, mercredi 3 août, un numéro spécial sera émis pour payer en quelque sorte les trois derniers mois de relance, d’un montant total de 10 milliards de francs CFA. Et Macky Sall l’a fait sans tambour ni trompette. La preuve que c’est possible. Le Sg/Cosi Noël Chadaré a d’ailleurs haussé le ton, profitant de l’euphorie de la célébration pour inviter le gouvernement à ouvrir les négociations.
Le gouvernement en congé dès vendredi
C’est dans cette ambiance que, de sources concordantes, on apprend que le gouvernement sera en congé pour un mois dès ce vendredi. C’est vrai que tout travail mérite repos. Mais la satisfaction d’avoir offert aux Béninois une fête de 1er août aux allures d’unité retrouvée ne doit pas occulter le fait que le chantier est encore inachevé. Les Béninois nourrissent encore beaucoup d’attente aussi bien sur le plan politique que social. La décrispation amorcée doit être totale. Et pour cela, ils ont besoin que le chef de l’Etat fasse davantage d’effort. Ils ont aussi et avant tout besoin d’avoir un pouvoir d’achat qui leur permette de remplir le panier de la ménagère. Pour le moment, ce n’est pas encore le cas. Plus vite ils descendront du nuage d’une fête réussie, ils retrouveront leur quotidien tel qu’il était avant le 1er août.