Il n’en fallait pas plus pour que le peuple béninois comprenne effectivement qu’il y a maldonne au sommet de l’Etat central. Quand le pdt Mathurin Nago a sonné avant-hier le tocsin, on croyait que son appel serait entendu au niveau de l’Exécutif. Mais erreur. A l’occasion de la présentation des vœux entre la Société civile et lui, le Chef de l’Etat, dans ses propos, a donné la preuve qu’il n’est prêt à rien faire pour que les tensions sociale et politique qui couvent s’estompent au Bénin.
Dans son adresse aux acteurs de la Société civile, le mardi 07 janvier 2014, Yayi Boni s’est fait découvrir entièrement dans la notion qu’il a de la création de richesse au Bénin par les opérateurs économiques nationaux.
En effet, dans son allocution à l’endroit des acteurs de la sphère sociale du Bénin, le Chef de l’Etat béninois déclarait qu’il se bat pour que la richesse du pays ne soit accaparée par un seul individu au détriment des autres. Alors, pour lui, il faut comprendre que c’est Patrice Talon qui veut s’accaparer de toute la richesse du Bénin et lui Yayi Boni, il l’en empêche. Quel drôle d’aveu ! Quand on sait que c’est par un appel d’offre international auquel il a souscrit que l’homme d’affaires Patrice Talon a gagné le contrat de Programme de vérification des importations (Pvi-Nouvelle génération), on se demande le jeu auquel joue Yayi Boni. Car, c’est bien lui qui a autorisé le lancement dudit Appel d’offres ayant abouti à la signature du contrat avec la société Bénin Control de Patrice Talon. Ou bien le Chef de l’Etat veut-il nous faire comprendre aujourd’hui que s’il a lui-même signé le décret instituant le Pvi, c’est parce qu’il était à la recherche des ressources financières de l’homme d’affaires Patrice Talon pour financer sa campagne électorale nous ayant conduit au K.O. de triste mémoire que d’aucuns qualifient de hold-up électoral en 2011 ?
Et oui, le masque tombe ! C’est lui-même qui a décidé de confier les leviers économiques du Bénin entre les mains de Patrice Talon. Ainsi, il a remis tour à tour le coton puis, le port de Cotonou à son ami sponsor des deux élections présidentielles qui l’ont porté et gardé au pouvoir en 2006 et en 2011.
Ainsi, lorsqu’on est à la recherche d’un profit auprès d’un homme d’affaires du calibre de Talon, on accepte de tout signer et puis l’instant d’après, on se renie soi-même de façon aussi éhontée sans crier gare. Et dans ces conditions, c’est le peuple qui en fait les frais parce qu’aucun homme d’affaires, fût-il Patrice Talon, ne peut avoir investi plus de 42 milliards de F Cfa dans une affaire contractée avec un Etat et que du jour au lendemain, la 1ère autorité de cet Etat remette tout en cause de façon aussi cavalière sans se sourciller des nombreux dégâts économiques et sociaux qu’engendrerait un acte aussi abject. Dans ces conditions, quel homme d’affaires sérieux, fût-il national ou étranger, peut accepter encore investir au Bénin, vu la morosité économique dans laquelle est plongé tout le pays aujourd’hui ?
L’adversité permanente !
Yayi Boni, lui peut-il l’accepter ? Surtout quand on l’écoute avouer à la face du monde qu’il lui est difficile de mettre en application un conseil de la Bible qui nous enseigne que : « Lorsque quelqu’un te gifle sur la joie gauche, offre-lui la joie droite pour qu’il parachève son œuvre ».
Par ces propos face à la Société civile, Yayi Boni a été on ne peut clair : il n’entend pas ramener la balle à terre dans le différend qui l’oppose à Patrice Talon. Alors, il nous confirme son acharnement contre l’homme d’affaires dont il a entrepris de saccager toutes les sociétés créées par l’intéressé ici au Bénin. Pendant ce même temps, c’est un Chef d’Etat qui se montre débonnaire vis-à-vis d’opérateurs économiques étrangers à qui, il déroule le tapis rouge et même en offre gracieusement les précieuses médailles de la République. Si non, peut-on savoir à quel avis d’appel d’offres fût-il national ou international auquel l’homme d’affaires Vincent Bolloré a souscrit une fois au Bénin pour qu’on lui donne les coudées franches dont il bénéficie au Bénin ? Quel est l’Appel d’offres qui a permis à Bolloré de gagner la construction de chemins de fer de la Grande boucle Cotonou, Niamey, Ouagadougou et Abidjan ? Quel est l’appel d’offres qui autorise Vincent Bolloré à mettre des portiques au Port de Cotonou ? Qu’est ce que Vincent Bolloré a fait de si tant au Bénin et que Patrice Talon n’a pas fait pour qu’on placarde au cou du Français la médaille d’Officier de l’Ordre national du Bénin pendant que le Béninois n’a pas eu droit à une lamelle de médaille ne serait ce qu’à se la fixer sur son habit ? Dans le même sillage, on annonce un certain Dangoté pour venir réaliser une centrale électrique.
Alors qu’il suffirait simplement qu’à l’occasion des cérémonies de présentation de vœux de nouvel an, que Yayi Boni saisisse cette opportunité inouïe pour déclarer qu’il a tout pardonné à Patrice Talon pour que le peuple béninois ait le bonheur de constater aussitôt un dégel rapide en pic de l’atmosphère très tendue sur les plans politique et social qui couve. Mais non, on a comme impression que c’est dans l’adversité permanente que Yayi Boni trouve son réconfort !!!
Pas deux fortunés
Ça, c’est la politique que Yayi Boni a tout le temps mis en application depuis qu’il a accédé à la tête du Bénin. C’est-à-dire mettre à sac les intérêts des nationaux au profit des étrangers. Le topo est connu. C’est aussi simple que tout. En réalité, Yayi Boni développe un complexe qui l’empêche d’accepter que d’autres Béninois aient de grandes surfaces financières qui peuvent le concurrencer. Il veut être seul maître à bord. Personne, fût-elle opérateur économique, ne doit constituer pour lui un obstacle financier.
Si tel n’est pas le cas, pourquoi, s’active-t-on à persécuter l’autre homme d’affaires Sébastien Ajavon qui a pourtant créé des emplois comme Patrice Talon là où le gouvernement Yayi organise des concours frauduleux de recrutements d’Agents permanents de l’Etat ? Pourquoi, ne peut-on pas créer des conditions idéales aux hommes d’affaires nationaux pour qu’ils créent davantage la richesse à distribuer au mérite ? Ne peut-on pas enfin laisser son égo et penser au Bénin dont les filles et fils ont besoin d’un mieux-être et veulent se reconnaître surtout dans les actions des hommes qui les dirigent ? Ce qui permettrait au Pdt de l’Assemblée nationale de revoir sa copie à la présentation de vœux de nouvel en janvier 2015 où Yayi Boni pourrait avoir le sourire aux lèvres. Dans tous les cas, comme le dit un adage de chez nous : « l’enfant qui empêche sa maman de dormir, n’aura pas non plus le sommeil ».