Le contenu du discours de présentation de vœux de l’Armée au Président de la République lu lundi 06 janvier 2014 par le Contre-amiral, Dénis Houssou Gbessèmèhlan, Chef d’état major des forces armées béninoises a plus encensé Yayi Boni qu’évoquer les réelles difficultés de cette corporation.
Au lieu d’une séance de vérités sur la situation qui prévaut dans le pays depuis un moment et surtout les moments de crise qu’a connus l’année 2013, on a préféré une partie de louange. En tout cas lundi dernier, on n’a pas senti un discours militaire et l’on a comme l’impression que même l’Armée tremble devant Yayi Boni. Pour ceux qui ont suivi la cérémonie de présentation de vœux du début jusqu’à la fin, le message semble ne pas être adressé à un Chef d’Etat(en tant qu’Institution) mais plutôt à un particulier. Les prouesses et le bilan étaient pratiquement mis à l’actif, pas du gouvernement, mais plutôt d’une seule personne : Yayi Boni. La majeure partie du discours a fait l’éloge du Président Yayi, sans attirer son attention sur les questions qui préoccupent les Forces armées béninoises. Comment à cette occasion on peut passer sous silence les problèmes liés aux primes des soldats, du manque criard de matériels roulants et techniques et des personnels dans les différents corps ? Comment peut-on ignorer les problèmes liés au manque d’infrastructures dans les brigades et commissariats de police ? L’heure n’est pas aux caresses dans le sens du poil. Le peuple compte sur l’Armée seule pour le sauver en cas de crise majeure. Mais si cette armée se couche dans le lit du Chef de l’Etat, cela devient inquiétant. Le chef d’état major général devait s’inspirer de Mathurin Nago, qui, plus tôt dans la matinée, n’a pas fait langue de bois. En clair, ce message n’a pas répondu aux attentes du peuple et n’a pas reflété l’image d’une armée républicaine.
Et pourtant, cette armée souffre
Le Chef d’Etat major général a fait croire que tout est rose au sein des forces militaires et paramilitaires. Il n’a pas insisté sur les problèmes réels de l’armée et des personnels respectifs de ses corps. Le faible taux de couverture sécuritaire, la vétusté des locaux des unités de police et de gendarmerie, l’implantation des camps militaires dans des maisons de jeunes et de cultures… ; tout cela devait préoccuper le Chef d’Etat major général des Armées. De même, dans certaines régions du pays, le transport de détenus des brigades de gendarmerie vers le tribunal et les maisons d’arrêt, continue de se faire en taxi. Dans la gestion des ressources humaines, il y a le problème de reconnaissance de mérite qui perdure dans certains corps, mais l’on a fait croire que tout va mieux. Comment la troupe peut-elle bien servir la Nation si sa situation salariale n’est pas améliorée ? Autant d’aspects sur lesquels l’accent devait être mis dans ce message.