Il n’y sera pas une fois encore. Le Chef de l’Etat Yayi Boni sera une énième fois abonné absent à la fête annuelle des religions endogènes du 10 janvier. Les Chefs religieux devront donc fêter sans le président de la République qui sera hors du territoire national.
Selon les informations, le Chef de l’Etat se prépare pour s’envoler incessamment. Il ne se rendra pas au Canada comme en 2013 mais à côté (en Côte d’Ivoire). Il y restera surement jusqu’au lendemain du 10 janvier, histoire de permettre aux amis des religions endogènes de déblayer leur table et de ranger leurs accessoires. Ainsi, la fête de Vodoun se fera une fois encore sans le Chef de l’Etat. Cela n’est plus une information puisque les Chefs religieux en sont depuis un moment habitués. Il y a de façon tout de même surprenante depuis plusieurs années successives une brusque et inexpliquée programmation de voyage à quelques jours de la célébration de la fête de religions endogènes. Cette fois-ci, la même chose veut se reproduire. Certainement qu’à son retour comme cela se passe généralement, il trouvera les mots pour s’excuser au cours d’une séance d’échanges au Palais avec ces derniers. Le fait devient de plus en plus banal et le Chef de l’Etat semble toujours trouver quelques détours pour manquer à l’appel des vodounons. Il suffit de remonter dans l’histoire pour comprendre que Yayi Boni a des envies vraiment claires de fuir la cérémonie des garants de la tradition. Tenez ! A quelques jours de la fête du 10 janvier 2009, alors même que tous les Vodounons l’attendaient pour la grande fête qui a eu lieu à Abomey, le Chef de l’Etat a trouvé un voyage pour se tirer d’affaire. En 2010, beaucoup parieraient qu’il effectuera le déplacement sur Parakou. Mais il n’y était pas.
En 2011 à deux mois de l’élection présidentielle, le président de la République avait des arguments solides pour réussir un bain de foule et reconquérir les Chefs traditionnels apparemment remontés contre lui. On pensait qu’il allait saisir l’occasion, mais niet. Il n’ira pas. En 2012, la même chose s’est produite. Visiblement dépités, les adulés du 10 janvier ne l’espéraient plus du tout en 2013. Et donc il ne fera pas la surprise puisqu’à quelques jours de la fête, plus précisément le 7 janvier 2013, il s’est envolé pour une visite de travail au Canada et n’a été de retour que le samedi 12 janvier. Cette fois-ci encore, il ne sera pas présent. Il faut désormais clore le débat et penser à autre chose qu’à sa présence à la fête de Vodoun. Depuis 2006, il n’y est pas. En 2015 et en 2016, il ne faudra vraiment pas espérer.
Le lobby évangélique ?
Le Chef de l’Etat est un croyant et le revendique. Il fait partie d’un collège de frères et sœurs en Christ qui l’aident à consolider sa foi. Ses discours sont toujours illustrés par des versets bibliques, des exemples du roi Salomon ainsi que la super autorité du Dieu suprême qu’il invoque pendant des instants officiels. On a découvert en tout cas depuis 2006, cette vie de foi assez prononcée qu’il a acquise certainement avec son cheminement avec des hommes de Dieu du sérail évangélique. Cette forme de croyance axée sur la tolérance et l’amour appelle à vouer sa vie à Dieu et souvent il n’est pas rare, à prendre en horreur tout ce qui peut ressembler à une affirmation du cultuel et du culturel.
L’appartenance à cette forme de pensée constitue-t-elle une pression morale face aux exigences des vodounon ? Y-a-t-il une pression du lobby de croyants auquel appartient le Chef de l’Etat ? Même si l’on n’a aucun élément pour répondre par l’affirmative, il faudra reconnaître tout de même que le Chef de l’Etat est avant tout une institution et le Bénin est par essence laïc. Il ne faudra donc pas distinguer là où la loi ne l’a pas fait. Si le président accepte d’aller à une messe des églises chrétiennes, il doit aussi faire l’effort même si cela est contre sa foi d’assister à celle des vodounons puisqu’en l’espèce, il s’agit d’une fête nationale. On fait l’effort de ne pas croire à l’hypothèse avancée ci-haut. S’aurait été une erreur s’il en était ainsi.