Bénin/Vie des partis politiques: En réalité, Houngbédji coincé !

Publié le jeudi 11 aout 2022 | Matin libre

© Autre presse par DR
Me Adrien Houngbédji, président du Parti du renouveau démocratique (PRD)

(Le reste n’est que du dilatoire)

Depuis que la réforme du système partisan a réellement pris corps au Bénin avec la création, en 2018, des premiers grands regroupements politiques, jamais la phagocytose d’un parti en position de faiblesse sur l’échiquier national n’a connu ce spectacle sur fond de dilatoire auquel s’adonne le Prd depuis le week-end écoulé. La dernière phagocytose encore fraîche dans les esprits est celle opérée par le Bloc républicain (Br) qui a réussi en douce à avoir avec lui l’Udbn que présidait Claudine Afiavi Prudencio. Les négociations sans doute se sont passées dans les coulisses, sans tambour ni trompette avant que les Béninois ne soient officiellement mis au courant de ce mariage. Mais entre l’Union progressiste (Up) et le Parti du renouveau démocratique (Prd), on a visiblement voulu donner un caractère solennel au rapprochement qui est en cours depuis quelques jours. À y voir de près, c’est le parti arc-en-ciel qui se pare d’enjoliveurs pour se donner plus de la valeur. Le comble, c’est ce communiqué qui a sanctionné la réunion du samedi entre les ténors de l’Up et du Prd. Un décryptage dudit document et on se rend à l’évidence que le président du Prd et ses partisans se trouvent juste des branches auxquelles ils tentent de s’accrocher. Certes, comparaison n’est pas raison ; et le Prd n’est pas tenu de faire exactement comme d’autres partis qui ont déjà chanté leur propre requiem. Mais qu’on ne se leurre point, la résistance de Adrien Houngbédji et de ses lieutenants a atteint ses limites. Pour faire plus simple et clair, le leader des Tchoco tchoco est coincé dans son refus de fondre son parti dans une grande formation politique. L’idée que défendent les Tchoco tchoco de ne pas laisser s’effacer complétement un pan de l’histoire politique du Bénin à la faveur de la réforme du système partisan est sans aucun doute noble. Mais à l’aune des expériences électorales faites de 2019 à ce jour, Adrien Houngbédji et les siens doivent cesser de tourner autour du pot et vite saisir la balle au bond que de se cacher derrière de la phraséologie pour maquiller l’essoufflement du parti. Quelle base tente-t-on de consulter ? La même base qui n’avait pas voulu du soutien du parti à la candidature de Lionel Zinsou pourtant le sommet a foncé dans ce choix? Et puis l’esprit de la remontada était-il au départ d’aller se taper du renfort avant d’affronter les législatives de janvier 2023 ? En tout cas, le Prd est déjà favorable à la phagocytose qui aboutira à la création d’« un nouveau parti politique ». Coincés par la règle des 10% qu’il faut avoir désormais au plan national avant de prétendre au partage des sièges, Me Adrien Houngbédji et les siens n’auront pas de choix que d’accepter les avances du prétendant si réellement c’est ce dernier qui a effectivement fait le pas et non une façon diplomatique pour la vieille jeune fille de se montrer toujours importante dans l’arène. Tout le reste n’est qu’une question de temps. Mais ne pas céder cette fois-ci pourrait être suicidaire pour le Prd qui risque de disparaitre contre son gré et de perdre même les strapontins concédés à certains de ses militants dans l’appareil d’État. Après donc les supposées consultations de la base que fait la Direction exécutive nationale du Prd, c’est le refus de ne pas céder à nouveau à l’offre qui serait une surprise.

Worou BORO

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