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Femmes en politique au Bénin: La longue marche vers l’oasis

Publié le jeudi 11 aout 2022  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Femmes en politique au Bénin
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Par Maryse ASSOGBADJO,

Le vent des indépendances a davantage permis aux femmes de faire leur entrée en politique au Bénin. A petits pas, elles marquent la vie du pays dans ce domaine. Mais après 62 ans de parcours, le moment est venu pour elles de s’imposer définitivement.

Même si les perspectives s’annoncent heureuses, la forte présence de la gent féminine en politique au Bénin n’est pas encore une réalité. Depuis la réforme du système partisan intervenue en 2018, aucune formation politique n’est dirigée par une femme. Même dans leurs instances de direction, ce n’est pas la grande affluence des femmes. Ce constat n’est pas nouveau. C’est ce qui a toujours prévalu depuis 1960 où le Bénin a accédé à son indépendance.
En effet, le pays a connu des troubles politiques jusqu’en 1990. Par sa Constitution adoptée le 11 décembre 1990 et révisée le 7 novembre 2019, le pays a opté pour un régime présidentiel avec un parlement à chambre unique. Partie d’un système de multipartisme intégral avec une centaine de partis, la vie politique est désormais animée par 17 partis politiques dont une dizaine de formations uniquement présidées par des hommes.
Pour le moment, on garde en mémoire la courte liste de femmes ayant présidé des partis politiques. Après la Renaissance du Bénin (Rb) créée en 1992 par feue Rosine Vieyra Soglo, parti qui a brillé de mille feux, le Congrès du Peuple pour le progrès (Cpp) a hissé au sommet en février 2017 Christhelle Houndonougbo. Mais elle ne durera pas dans cette fonction puisque 22 mois après, son parti s’unit à d’autres pour former l’Union progressiste, la plus grande formation politique actuellement. De son côté, l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) de Claudine Prudencio, qui restait jusqu’aux dernières élections communales et municipales le seul parti sous la conduite d’une femme, empruntera la même voie en s’alliant en octobre 2021 avec le Bloc républicain (Br).
Si les femmes sont très actives dans les divers secteurs du développement socio-économique du pays, elles sont en général sous représentées dans les fonctions politiques. Leur visibilité est une quête permanente qui les mobilise, mais les performances ne sont pas satisfaisantes. Les résultats des législatives d’avril 2019 l’ont suffisamment démontré, en dépit de la réforme du système partisan : seulement
6 % de femmes ont été élues députées à l’Assemblée nationale. La signature de la Charte d’équité homme/femme en politique par tous les partis politiques n’a pas permis pour autant de grands changements.
Le constat de Care international est illustratif à ce propos. Lors des dernières élections communales, les cinq listes de candidatures (Up, Br, Prd, Fcbe, Udbn) ont dégagé un effectif de seize mille quatre cent trente-neuf candidats (90,57 %) contre mille sept cent onze candidates (9,43 %). À la suite de ces élections, seulement 4,3 % de femmes ont été élues conseillères, quatre femmes maires sur un total de soixante-dix-sept représentants élus dans le cadre desdites élections.
En dehors du Conseil économique et social (Ces) qui présente une égalité de genre dans la distribution de postes avec 50 % de femmes, les autres institutions telles que la Haac, la Haute Cour de justice, la Cour constitutionnelle… semblent être encore misogynes.
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De quoi espérer

Toutefois, la progression importante du Bénin dans le cadre de la bonne gouvernance est à saluer: le nouvel article 26 alinéa 2 de la Constitution (révisée en 2019) stipule que « …la loi peut fixer des dispositions spéciales d’amélioration de la représentation du peuple par les femmes ». Cette disposition a permis l’inscription, dans le nouveau Code électoral entré en vigueur en 2021, d’un quota de 24 sièges au minimum sur 109 députés, exclusivement réservés aux femmes, à raison d’une femme par circonscription électorale. Le Bénin dispose aussi, depuis avril 2021, d’un poste de vice-présidence de la République, assurée par Mariam Talata Chabi Zimé et Ismath Bio Tchané Mamadou est actuellement à la tête de la Cour des comptes.
L’Institut national de la femme (Inf), dirigé par Claudine
Prudencio, est aussi une grande victoire pour les femmes. Autrefois connu sous l’appellation de l’Institut national pour la promotion de la femme (Inpf), l’Institut national de la femme est rattaché à la présidence de la République, et a pour mission d’œuvrer à la promotion de la femme, notamment sur les plans politique, économique, social, juridique et culturel, aussi bien dans la sphère publique que privée. Outre la promotion, il œuvre à la protection de la femme.
Cette dynamique doit se poursuivre non seulement au profit des femmes, mais aussi en faveur de la bonne gouvernance et du développement du Bénin. « Dans un souci de bonne gouvernance, les processus politiques doivent être plus inclusifs et créer les conditions pour une réelle participation de toutes et de tous », propose le Document de profil genre au Bénin publié en 2021.
Les pouvoirs publics ne doivent pas perdre de vue que la représentativité politique des femmes va de pair avec la bonne gouvernance et le développement. Les enjeux de genre et de gouvernance s’articulent autour de la participation politique des femmes, comme facteurs de développement. La bonne gouvernance est alors instituée si les processus politiques sont inclusifs et créent des conditions pour une participation égalitaire des hommes et des femmes?
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