Certains ont choisi, d’autres hésitent encore. À moins de cinq mois des élections législatives, nombreux sont les députés qui se triturent les méninges sur la décision à prendre. Franchir le pas n’a rien d’aisé et ils préfèrent s’en remettre à la décision de leurs partis. Un choix à rebours des pratiques habituellement observées. Au compte-gouttes, certains franchissent pourtant le cap. Dimanche 31 juillet dernier, c’est le député Augustin Ahouanvoebla, élu en 2017 pour la quatrième fois sous les couleurs de l’Union Progressiste, qui s’estimait prêt à renoncer si tel est le souhait de son parti. Quelques semaines avant, c’était le député Rachidi Gbadamassi qui a tracé les sillons.
Comme eux, bon nombre de députés sont, en effet, lucides sur leur chance ou plutôt non-chance de rempiler à l’assemblée nationale. Certains en sont à leur quatrième mandature, tandis que d’autres ne sont plus en odeur de sainteté avec leurs mandants. Le point de chute est donc tout trouvé. Surtout quand on sait que le chef de l’État, dont ils soutiennent les actions, aurait préféré voir le parlement subir une profonde cure de jouvence. Autant dire qu’ils ne sont pas étrangers au système politique, un phénomène remettant en question l’idée même de renouvellement prônée par le président de la République.
Chacun essaye donc de se trouver une place. L’exode restant pour le moment anecdotique, chacun doit prendre ses risques. Conscients qu’une guerre de positionnement ne mènera à rien, les plus habiles ont donc trouvé la formule parfaite pour s’assurer un avenir politique : s’en remettre au parti. Pourtant, ils y sont déjà. Même ceux qui ne sont pas sûrs de repiquer en janvier arpentent déjà les assemblées pour conserver, au nom de leurs partis, le siège des circonscriptions électorales.
L’enjeu est simple. Ils savent que s’ils obtiennent la circonscription désirée au candidat positionné par le parti, ils pourront s’assurer un avenir politique ou non en dehors du parlement. À l’inverse, s’ils n’obtiennent rien ils pourraient retourner à leur vie d’avant, dépourvus d’immunités et donc sujets aux poursuites. Rappelons par ailleurs que l’article 80 nouveau de la loi portant révision de la constitution a limité le cumul des mandats du député à trois quinquennats maximum. C’est dire qu’il y aura potentiellement des députés au chômage dans les prochains jours. Ils savent que ça s’arrête. Même si en privé, tous n’ambitionnent qu’une chose : être réélus.