Chaque année, la communauté internationale célèbre la Journée internationale de la jeunesse le 12 août. En prélude à cette journée, le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) a organisé une mission de terrain pour s’imprégner des réalités des jeunes entrepreneurs appuyés dans le cadre de ses projets. La mission s’est déroulée du mardi 26 au vendredi 29 juillet 2022 dans les départements du Zou, de l’Atlantique, du Littoral, de l’Ouémé et du Plateau.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) au Bénin appuie, en collaboration avec ses partenaires, la jeunesse à travers des interventions visant à promouvoir l’emploi comme le Projet de Développement de l’Agrobusiness au Bénin (PDAB). Ce projet est financé par le Gouvernement (Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche), l’Inde et le PNUD qui assure la supervision de sa mise en œuvre.
Une visite de quelques jeunes entrepreneurs appuyés par le PDAB effectuée dans les départements du Zou, de l’Atlantique-Littoral et de l’Ouémé-Plateau a permis de constater leurs réalisations, les effets induits par l’accompagnement reçu du projet et les difficultés rencontrées.
D’Abomey-Calavi, à Adja Ouèrè dans le Plateau en passant par Bohicon dans le Zou, les appuis du PNUD par le biais du PDAB ont permis aux jeunes de se lancer dans l’auto-emploi et de contribuer à la création d’emplois et à l’économie locale dans leurs milieux respectifs.
Le PDAB pour des projets bancables
Le Projet de développement de l’agrobusiness (PDAB) vise à apporter un appui à l’organisation/structuration des jeunes entrepreneurs ; faciliter l’accès au financement des jeunes entrepreneurs ; garantir la viabilité, la durabilité et la compétitivité de leurs entreprises agricoles ; accompagner les mises en relation et l’accès au marché ; développer une synergie entre entrepreneurs agricoles par pôle de développement agricole. A ce jour, le PDAB a permis de réaliser les résultats ci-après :
. 775 jeunes et femmes entrepreneurs sélectionnés et formés au savoir-faire et savoir-être de la gestion d’une entreprise ;
. 450 jeunes et femmes entrepreneurs accompagnés et renforcés sur tous les maillons de la chaîne d’appui aux jeunes PME : de la formalisation de leur entreprise et au montage de leur Plan d’affaire ;
. 411 jeunes et femmes entrepreneurs enrobés dans le processus de négociation pour faciliter leur accès au financement par les banques et les institutions de microfinance ;
. 32 entrepreneurs (dont 2 Femmes) ont bénéficié de crédit mis en place par les structures de financement (4 entreprises pour les Banques et 28 entreprises pour les IMF) ;
. 191.215.899 FCFA et 170.138.00 FCFA sont les montants de crédits octroyés respectivement par les Banque et les Institution de Micro finance (IMF) ;
Plus de 70 millions FCFA en préparation pour être mis en place sous forme de crédits aux PME bénéficiaires du PDAB
Des résultats probants
Les jeunes visités ont reconnu les apports substantiels du PDAB. Josiane Worou épouse Adjallé, ancienne employée d’une société de téléphonie mobile installée au Bénin s’est reconvertie en entrepreneure. Après une formation en agroalimentaire, sanctionnée par une attestation de transformatrice en agroalimentaire, elle a créé l’entreprise Eyram Services et Fils, installée à Hèvié dans la commune d’Abomey-Calavi, spécialisée dans la transformation du jus d’ananas. Grâce au PDAB, Josiane a pu compléter sa formation en marketing.
« On a reçu assez de formations sur les bonnes pratiques d’hygiène, la tenue de la comptabilité, la fiscalité, le marketing et action commerciale », a-t-elle reconnu. Ce qui a favorisé l’amélioration de ses performances : « Ces formations ont apporté une amélioration au sein de notre structure », a-t-elle confié. Avec ses 30 employés, elle réalise un chiffre d’affaires de 20 millions de FCFA par an, pour une capacité de production de 3 tonnes par jour avec une clientèle qui va au-delà des frontières béninoises.
A l’instar de Josiane, Augustin Agonma installé à Adja Ouèrè a bénéficié de l’accompagnement du PDAB. Ancien pensionnaire du Lycée agricole d’Adja Ouèrè, il est spécialisé dans l’élevage de porc, la transformation de noix de palme en huile rouge, le maraîchage et la culture vivrière. Augustin Agonma a lui aussi bénéficié des services du PDAB. « Notre contact avec PDAB nous a permis le renforcement de nos capacités, la formation sur l’idée entrepreneuriale, la gestion de l’entreprise, les clusters », déclarera t-il. Augustin Agonma se félicite de l’accompagnement pour les formalités liées au foncier, l’élaboration de son plan d’affaires ainsi que la mise en relation avec les institutions de financement et l’exercice à l’élaboration des plans d’affaires. Les apports ont permis de porter sa capacité de production de noix de palme à 40 tonnes, soit 322 bidons de l’huile rouge.
Pour sa part, Annick Mèdédji installée à Ifangni, ancienne revendeuse de tissu, est devenue, après un recyclage, la promotrice de la ferme agro piscicole, Shri Pradmnaya-Pradmnaya. Elle est spécialisée dans la production d’alevins, de tilapias mono sexe, de provende sous forme de granulés et la formation en pisciculture. Tout comme les autres, elle a bénéficié du renforcement des capacités en gestion économique et financière d’une entreprise, esprit entrepreneurial, gestion des conflits et bien d’autres… « Avant l’arrivée de PDAB, nous travaillions sans aucune planification, mais aujourd’hui nous fonctionnons sur la base d’un chronogramme », a-t-elle confié. Avec sa mise en contact avec les institutions de financement par PDAB et les accompagnements dans l’élaboration des projets, son dossier est sélectionné pour recevoir un prêt.
Kouton Rodrigue installé à Porto-Novo est spécialisé dans l’élevage de poules pondeuses pour la production des œufs de table. Il a aussi bénéficié de l’accompagnement du PDAB pour le renforcement des capacités et l’accès au crédit. Quant à Loveline Sènou, agronome installée à Houèto dans le 1er arrondissement de Ouidah, promotrice de Ferme Agricole pour le Monde, elle mène des activités liées à l’élevage de poissons clarias, de tilapia, de lapins et de poulets locaux. Son contact avec le PDAB lui a permis d’acquérir des connaissances en gestion et de monter son plan d’affaires sous forme de projets bancables. « Les formations reçues grâce à PDAB ont valu la sélection de mon dossier par une banque de la place pour bénéficier d’un prêt de 25 millions », a-t-elle déclaré. Un fonds qui servira, selon ses propos, à renforcer son exploitation par la production accrue de poissons et des œufs de table, d’alevins, l’élevage plus intense de poulets locaux, la construction de magasins et la mise en place d’une asticoterie.
Euloge Kadjahou, promoteur de l’établissement Sirac 1er, agronome de formation est lui installé à Bohicon dans le village de Zoungoudo et spécialisé dans l’élevage de lapins et de la volaille. Son contact avec le PDAB remonte à 2018. Il a reçu des formations en gestion d’entreprise et un accompagnement pour l’obtention d’un prêt. Ce qui a rendu possible l’achat de matériel, l’élargissement du cheptel, le renforcement du fonds de roulement et l’achat d’équipements. Tout comme Euloge le promoteur de la ferme Miva-Avaa, Francis Yaovi Missohou, s’est installé à Attogon, dans la commune d’Allada. Il est spécialisé dans la transformation des graines et amendes oléagineuses en tourteaux et en huile, notamment les graines de soja et les amendes palmistes. Son chiffre d’affaires estimé à environ 18 millions par an, est rendu possible grâce à sa collaboration avec PDAB.
Des difficultés cependant
La plus grande difficulté signalée par les bénéficiaires est liée au foncier. L’exigence d’une garantie pour l’accès au financement notamment un terrain muni de titre foncier n’est pas de nature à rendre la tâche facile aux jeunes entrepreneurs. L’accompagnement du PDAB, en collaboration avec l’Agence Nationale du Domaine et du Foncier (ANDF) a cependant facilité les démarches à plusieurs d’entre eux pour démarrer le processus d’obtention du titre foncier. « Mon souci majeur était la garantie, mais grâce à PDAB, j’ai pu obtenir facilement le titre foncier pour ma parcelle », a fait savoir Augustin Agonma.