On ne l’avait pas entendu depuis sa fuite tonitruante le 29 novembre 2013. Le juge Angelo Houssou parle sur les ondes de la VOA. Ce magistrat s’est refugié aux Etats-Unis par crainte pour sa vie.
Depuis votre sortie du centre de rétention, comment allez-vous ?
Angelo Houssou : "Je me porte à merveille et je remercie Dieu. J’attends la suite de la procédure administrative suite à ma demande d’asile politique. Tout se passe bien puisque la peur que j’évoque a été jugée crédible par les autorités de l’immigration. Ces dernières ont décidé de me libérer et de m’accorder un visa d’un an dans l’attente de leur décision."
Quelles sont vos craintes ?
Angelo Houssou : "Je crains réellement pour ma vie depuis ma décision du 17 mai 2013 et les deux ordonnances défavorables au chef de l’Etat. Je vis une tourmente physique, morale et psychologique que j’assimile a de la persécution."
Qui vous en veut ?
Angelo Houssou : "C’est d’abord le chef de l’Etat et ses valets. Le président Yayi Boni a dit au directeur général de la police et au directeur des renseignements qu’il fallait m’avoir à l’œil."
Y a un-t-il un lien entre vous et Patrice Talon comme l’affirment les avocats de l’Etat béninois ?
Angelo Houssou : "Non, aucun. Ils n’ont aucune preuve. Je n’ai pas besoin de le connaître pour faire correctement mon travail."
Vous êtes un juge de premier plan au Bénin. Comment vivez-vous aujourd’hui aux Etats-Unis ?
Angelo Houssou : "Je vis difficilement parce que je n’ai pas été préparé à cette vie-là. Ce n’est pas facile pour un juge de quitter sa famille et son pays juste pour avoir dit le droit. Je me méfie même de mes amis puisque le chef de l’Etat peut toujours avoir ses valets ici. Je remercie la police new-yorkaise et les autorités américaines de l’immigration qui m’ont traité avec dignité."
Allez-vous vous lancer en politique ?
Angelo Houssou : "Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je n’ai pas été forme à ça. Le droit est plus technique. Si le travail que je fais plait un jour à un politicien, il est libre de me contacter mais je ne pense pas à cela."
Comptez-vous rentrer au Bénin ?
Angelo Houssou : "Bien sûr. Ma famille me manque surtout mes enfants en bas âge. Mon pays me manque. Ce qui me manque le plus c’est rendre la justice et dire le droit. J’ai ma place au Bénin mais mon retour ne pourra se faire avant la fin du règne ou du régime de Yayi Boni. Il termine en 2016 donc je ne rentrerai pas avant pour aller accomplir mon destin. "