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Pourquoi Mathurin Koffi Nago devient audacieux ?
Publié le mercredi 8 janvier 2014   |  24 heures au Bénin


Assemblée
© Autre presse par DR
Assemblée nationale du bénin
Photo: Mathurin Nago, Président de l’Assemblée Nationale


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Dans son discours de présentation des vœux au Chef de l’Etat, le lundi dernier, le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago a fait part de ses objections sur la gestion actuelle de l’Etat. Il marque ainsi la rupture avec le Pouvoir en place et se met en phase avec le peuple et l’opposition. Quelles sont les implications d’une telle audace ?


« A cet égard, je voudrais vous dire, Monsieur le Président de la République, que nous sommes aujourd’hui en face d’un peuple qui entend, mais ne voit pas souvent et ne croit plus en ce qu’on lui dit ; un peuple qui souffre parfois de l’action des responsables politiques et administratifs, pourtant investis de la mission de son développement… », a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago. Et il ajouta ceci : « un peuple qui exprime souvent le sentiment d’abandon ; un peuple qui exprime des sentiments d’incompréhension et de déception face à la multiplication des actes et des scandales de corruption et de malversation et face à l’inaction apparente des responsables et services compétents ; bref, un peuple au moral très bas et qui semble perdre confiance en lui-même et en ses acteurs et décideurs politiques… ».
Voilà deux extraits du discours du chef de la représentation nationale qui démontrent la gestion chaotique des affaires publiques par le régime du Président Yayi Boni. Pourquoi c’est aujourd’hui seulement que Nago voit et dénonce les tares du Pouvoir en place décriée par l’opposition depuis le premier mandat du chef de file des Cauris au pouvoir ?
Les enjeux politiques à venir expliqueraient le courage du professeur Mathurin Nago face à un homme à qui il obéissait à la lettre. Le contrôle du perchoir en 2015 en passant par les prochaines élections législatives et l’élection présidentielle de 2016 etc entrent en jeu. Pour ces échéances politiques, le président Nago n’est certainement plus du soutien du Chef de l’Etat. Comme qui voyage loin, ménage sa monture, il a décidé de prendre très tôt les taureaux par les cornes. Pour le contrôle de la présidence de l’Assemblée nationale, il serait hasardeux de croire que Nago ne pense pas à un troisième sacre. Ce qui lui permettra de battre le record de longévité à la tête de Me Adrien Houngbédji qui, jusque-là, l’égale pour avoir dirigé pendant 8 ans le Parlement béninois (1991 à 1995 et de 2003 à 2007).


Pour atteindre cet objectif, Mathurin Nago a besoin d’alliés. Membre de la majorité, il aura forcément le soutien de certains députés de son camp politique, même si d’aucuns le classe dans l’opposition ou la mouvance critique pour avoir tenu tête à son mentor, Yayi Boni. Cela ne lui suffira pas pour concrétiser ses ambitions. Alors, il devra prendre son bâton de pèlerin pour aller à la conquête des députés de l’opposition.
Pour avoir défié Yayi Boni, il lui serait certainement facile de rentrer en négociation avec le Parti du renouveau démocratique (Prd), de l’Union fait la Nation et d’autres tendances politiques farouchement opposées à la gestion du Président Yayi Boni.
Ces partis ou alliances politiques, au-delà de leurs ambitions, ont besoin d’un président du Parlement en 2015 qui pourra tenir tête au Chef de l’Etat comme le fait déjà le professeur Mathurin Nago. C’est dire que ce dernier joue déjà la carte de son retour au perchoir en 2015.


Présidentielle


Par ses prises de positions actuelles, le président de l’Assemblée nationale se présente comme un candidat de poigne pour la présidentielle de 2016. Il est conscient de l’impopularité du Président Yayi Boni dans le Bénin, en général, et au Sud, en particulier. Qui continue de soutenir aveuglement ce régime, risque d’être sévèrement sanctionné en 2016. Ce fut le cas de tous ceux qui ont porté le flambeau du gouvernement du Général Mathieu Kérékou en 2006. De ce fait, le professeur Mathurin Nago sait alors qu’il faut marquer la rupture avec le système actuel pour être en phase avec le peuple et surtout avec les partis d’opposition. La preuve est qu’après ses déclarations contre la gestion du gouvernement, les populations ont commencé par l’apprécier. Mais, au Bénin, les données évoluent au gré des intérêts du moment. Elles pourraient conforter ou fausser les probables calculs du président de l’Assemblée nationale.

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