Un programme d’assainissement pluvial sera déployé dans huit villes secondaires du Bénin. Sa mise en œuvre permettra de pallier le manque d’exutoires pour les voiries programmées dans la phase B du programme Asphaltage et augure d’un aménagement plus équilibré du territoire national.
A l’instar de Cotonou, les villes de Porto-Novo, Sèmè-Podji, Abomey-Calavi, Ouidah, Abomey, Bohicon, Parakou et Natitingou bénéficieront d’un programme d’assainissement pluvial. Visant à améliorer la mobilité urbaine à travers l’aménagement de voiries urbaines, il permettra de développer des infrastructures résilientes pour la collecte et le drainage des eaux pluviales et de renforcer la résilience de ces villes secondaires ainsi que des populations urbaines aux impacts du changement climatique, notamment aux risques d’inondation. Le Programme d’assainissement pluvial des villes secondaires du Bénin (Papvs) contribuera ainsi à améliorer substantiellement l’environnement urbain, la situation d’hygiène et d’assainissement des villes, réduire les niveaux de pollution et d’insalubrité, renforcer les capacités des municipalités concernées en matière de gestion des infrastructures urbaines et de leurs territoires, aménager et protéger les écosystèmes humides servant de réservoirs naturels et de conduits des eaux pluviales. Ainsi, le gouvernement entend améliorer le service urbain et par ricochet le bien-être des populations. Tout en préservant l’environnement au plan national, il vise un développement inclusif et durable articulé autour de villes résilientes et sûres, en vue de parvenir à un aménagement équilibré du territoire et à l’amélioration progressive mais effective du cadre de vie. Les études de faisabilité réalisées dans le cadre du Programme d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (Pugemu) ont mis en évidence la faiblesse des infrastructures d’assainissement pluvial dans les localités ciblées. Le système de gestion des eaux de ruissellement y est limité à quelques collecteurs et caniveaux mal dimensionnés ou obstrués par les ordures ménagères du fait du manque d’entretien régulier.
Quatre composantes
Le Papvs s’avère indispensable à la mise en œuvre de la phase B du programme de réhabilitation et d’aménagement de voiries urbaines dans neuf villes du Bénin : Programme Asphaltage. Sa mise en œuvre urgente, ne serait-ce que partielle, devrait permettre de résoudre le problème d’inexistence d’exutoires pour certaines rues sélectionnées et qui crée des inondations régulières dans des localités. Evalué à un coût global de 278,23 milliards F Cfa, le Papvs est prévu pour être financé par la Banque européenne d’investissement (Bei) à hauteur de 26 %, la Banque ouest-africaine de développement (Boad) à hauteur de 7 %, la Banque africaine de développement (Bad), le Fonds Vert, le Fonds spécial Africa Growing Together Fund (Agtf) à hauteur de 55 % ; et le budget national à 12 %. Pour sa part, la Boad a signé avec le Bénin, en juillet 2021, un accord de prêt de 20 milliards F Cfa au taux d’intérêt de 5,5 % l’an pour une durée de 12 ans dont 3 ans de différé. Le Programme est articulé autour de quatre composantes essentielles libellées ainsi qu’il suit: « Construction d’infrastructures de drainage des eaux pluviales et développement d’un mécanisme d’Exploitation et de Maintenance», «Renforcement de la planification, de la gestion et de la capacité en matière de résilience urbaine », «Engagement communautaire pour la réduction des risques d’inondation et l’adaptation au changement climatique » et « Gestion de projet, suivi et évaluation ». Au nombre des ouvrages d’assainissement à construire et des rues à aménager, le programme met l’accent sur la réhabilitation des caniveaux existants endommagés, le remplacement des dalles manquantes ou endommagées, le curage de tout le système de drainage existant, le pavage et l’assainissement des voiries où passent les collecteurs projetés y compris la pose des bordures, les équipements de sécurité, la réhabilitation ou la construction d’écoles ou toutes autres infrastructures sociocommunautaires. Les études approfondies d’impact environnemental et social (Eies) sont réalisées pour chaque ville ciblée et les rapports publiés par la Bad.
Par villes
Dans la ville de Sèmè-Podji, il est annoncé, entre autres, la création de 9,723 km de nouveaux collecteurs, l’aménagement et la protection des conduits d’eau naturels et des exutoires connectant les collecteurs à la lagune et au lac. Il est projeté pour la ville d’Abomey-Calavi, la construction de 11 collecteurs centraux ou latéraux d’un linéaire total de 28,077 km et l’aménagement de 22 réseaux secondaires d’un linéaire de 9,702 km et l’aménagement de 9 voiries structurantes d’un linéaire total de 4,156 km. De façon quantitative, les études concernent environ 37,779 km de collecteurs et 20,894 km de voiries à aménager. A Ouidah, les travaux prévus comprennent la construction de collecteurs et voies structurantes sur un linéaire total d’environ 13,765 km, le revêtement des voiries, de passage des collecteurs projetés y compris les bordures et caniveaux latéraux, la réalisation des études détaillées, la sensibilisation de la population à se déplacer des zones inondables par la remontée des eaux du lac Toho et de la lagune côtière dans l’arrondissement de Pahou, le tout pour un budget de près de 8 milliards F Cfa. Le budget global du projet pour les communes de Bohicon et d’Abomey est estimé à 88 089 305 265 F Cfa. Dans la ville d’Abomey, le projet traverse trois arrondissements : Djègbé, Hounli et Vidolé et dessert 32 quartiers. Le linéaire total des collecteurs dans la ville d’Abomey est évalué à 11,003 km et celui de la voirie à 12,996 km, constitué de voies pavées et bitumées. A Bohicon, les premier et deuxième arrondissements sont concernés ainsi que ceux d’Agongointo et de Ouassaho. Les collecteurs seront réalisés sur un linéaire total de 39,779 km. Quant à la voirie à aménager, elle s’étend sur un linéaire total de 11,256 km. Le budget global du projet dans la ville de Parakou est estimé à 71 476 664 523 F Cfa. Le linéaire total des collecteurs et rues de services retenus dans la cité des Kobourou est de 45,31 km dont 25 rues de services totalisant 21,620 km, 15 collecteurs de 23,690 km au total. Pour la commune de Natitingou, le budget du projet est estimé à 57 535 065 494 F Cfa. D’une manière générale, le linéaire total des rues et collecteurs retenus est d’environ 34,215 km dont 18 rues de services totalisant 12,350 km et 13 collecteurs totalisant 21,865 km, dans les premier, deuxième et troisième arrondissements de la commune. Pour le compte de Porto-Novo, le programme entend réaliser 13,8 km de nouveaux collecteurs.