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Gestion des déchets au Bénin : Place aux smart services !

Publié le mercredi 24 aout 2022  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Gestion des déchets au Bénin : Place aux smart services !
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Par Fulbert Adjimehossou,

Le numérique révolutionne le secteur de la gestion des déchets, surtout dans les grandes villes du sud du Bénin. D’un côté, il y a ceux qui ont vu, par le passé « Cotonou, ville poubelle ». Ils n’ont cessé de dénoncer l’envahissement des terre-pleins centraux par des déchets et la prolifération des points noirs, c’est-à-dire les dépotoirs sauvages.
Aujourd’hui, c’est pour eux un début de soulagement. « Nous avons une ville qui est débarrassée de ses déchets. Les étrangers en témoignent aussi. Même au niveau des ménages, on sent des améliorations. C’est une réussite même s’il y a encore des défis à relever », témoigne Alain Tossounon, président du Réseau des acteurs des médias pour l’environnement et le climat (Ramec). Pour le constater, il suffit de faire le tour, de l’aéroport de Cotonou, en passant par les quartiers résidentiels, où tout semble parfait, avant de tomber dans la grande masse où l’incivisme freine l’élan. D’un autre côté, il y a les acteurs étatiques qui s’efforcent de construire « Cotonou, ville propre» et qui sont satisfaits de cette possibilité de circuler dans la capitale économique, sans avoir à poser ses regards sur des déchets, aux abords de rues. « On a l’impression que Cotonou et Porto-Novo reviennent de loin. Abomey-Calavi, Sèmè-Podji et Ouidah qui n’avaient pratiquement aucune activité de gestion des déchets sont traitées aujourd’hui. Ce qui frappe les étrangers quand ils rentrent dans Cotonou, c’est que nos rues sont propres, très propres », fait remarquer début juin, José Tonato, ministre du Cadre de vie et du Développement durable. Derrière cette réalité, il y a une magie qui s’opère, grâce à la digitalisation. On le comprend mieux, en visitant l’un des services à l’étage de la direction de la Société de gestion des déchets et de la salubrité (Sgds Sa). Tout y est apparemment calme. Ça ne bavarde presque pas. Les occupants ont les yeux fixés sur des écrans et la main sur des souris qui bougent sans cesse. Le chargé du Système d’Information géographique Pierre Oluwatoyin Toundoh nous amène à suivre l’itinéraire d’un camion ampliroll, c’est-à-dire doté d’un système de grue avec bras hydraulique. «Comme vous le voyez, le camion a quitté la base logistique à Akpakpa. Il est d’abord venu prendre un caisson à Gbégamey, puis s’est rendu au centre d’enfouissement technique de Ouèssè dans la commune de Ouidah. Il y est allé déjà trois fois. «Ce circuit théorique est créé en amont et planifié pour chaque camion afin qu’après exécution de sa tournée, les positions Gps puissent être utilisées pour calculer un taux de réalisation. Cet indicateur est un élément essentiel de l’analyse de prestation de collecte. Dès qu’on s’aperçoit que le circuit est mal organisé, on intervient pour l’améliorer », fait-il remarquer.

« On sait si le circuit est exécuté ou pas »
En réalité, la modernisation de la gestion des déchets dans le Grand Nokoué a pris appui sur le numérique. La Sgds met en œuvre des solutions intelligentes, dont l’automatisation progressive des matériels et processus avec un réseau de capteurs installés sur les conteneurs. Depuis son bureau, Valery Lawson, le directeur de la Sgds et son équipe suivent tout de près. «Dès le départ, nous avions associé le numérique à tout ce que nous faisons, même le balayage et le curage. Déjà à 7 heures, tout ce qui est mené comme travaux, la superficie balayée, la quantité de déchets collectée est envoyée depuis les 42 sites de balayage sur nos serveurs. Tous nos camions sont équipés de balises Gps qui nous permettent de pouvoir suivre le mouvement de nos véhicules, de pouvoir apprécier le volume de carburant, et de voir si l’itinéraire que suivent nos Bennes à Ordures ménagères (Bom) permettent de moins polluer l’environnement, mais aussi de pouvoir évaluer les distances parcourues », explique-t-il. Au cœur de cette révolution se trouvent les systèmes d’information géographique ( Sig ). Ces technologies jouent un rôle stratégique en aidant à collecter le maximum d’informations et à géolocaliser les infrastructures liées à la gestion des déchets. Elles ont permis d’une part d’optimiser les tournées de ramassages des déchets ménagers, avec la possibilité de détourner un camion en fonction de la demande. D’autre part, du terrain, les agents envoient le maximum d’informations qui sont traitées et positionnées sur une carte. Sur la base de ces données, des décisions sont prises intelligemment. En face de nous dans le bureau des Sig, il est aisé de savoir si un tricycle a effectué son circuit ou pas, si les habitants d’une rue ont été desservis ou non. Les plaintes, quoique fréquentes, sont vérifiables. « Les rapports que nous recevons des superviseurs dotés de smartphones avec des applications spécifiques nous permettent de savoir ce qui ne va pas et de sanctionner la Pme en charge de la zone de pré-collecte », confie Dr Pierre Oluwatoyin Toundoh. Ce spécialiste a plusieurs tours dans son sac. «De même, il y a des puces au niveau de chaque caisson. La lecture des puces permet de suivre le parcours d’un caisson et d’optimiser le déplacement en fonction de la taille ou du temps de remplissage. Ce sont des choix d’optimisation qui nous permettent d’aller plus vite et de collecter le maximum de déchets en un temps record », ajoute-t-il. La société civile attend encore plus de cette digitalisation. « C’est un grand pas, mais le tout ne suffit pas d’innover. Il faut que tout le système soit digitalisé pour qu’on évite les plaintes. On pourra confondre les ménages qui s’amusent à dire qu’ils n’ont pas été desservis. On attend que quelque chose change dans le système de sorte que les bacs soient systématiquement enlevés et que les Pme soient efficaces sur le terrain», indique Maixent Ogou, directeur exécutif de l’Ong Action Plus.

Bientôt des poubelles connectées
La révolution numérique dans le secteur des déchets n’est qu’à son début au Bénin. L’enjeu, pour le moment, est d’optimiser la collecte et le transport. Ainsi, depuis novembre 2021, le dispositif s’est étendu à la pré-collecte. De 300 tricycles connectés, la Sgds va passer à 400. Valery Lawson croit qu’il est possible de digitaliser la gestion des déchets au Bénin, avec des résultats précis. « Ce n’est pas pour rien que tous nos bacs et caissons sont dotés de puces. Cela nous permet de savoir que le caisson a été enlevé et de réduire les plaintes. Si un de nos conducteurs dit qu’il est passé pour enlever à tel moment, nous pouvons vérifier pour l’approuver automatiquement. Le numérique contribue énormément aux performances», insiste le directeur général de la Sgds Sa. Mais le combat va au-delà du suivi des mouvements de collecte des déchets. Même les émissions de dioxyde de carbone (C0²) sont surveillées de près, grâce au dispositif en place. «Nous vérifions l’émission de C0² pour rester une entreprise écolo. Nous arrivons grâce au dispositif à extraire une série de rapports sur chaque camion », explique Dr Toundoh. « Nous avons opté en utilisation constante beaucoup plus pour les camions Ampliroll que les camions-bennes à ordures ménagères (Bom). Quand ces derniers activent le système de compactage des déchets au fur et à mesure de leur réception, ça rejette du dioxyde de carbone et consomme plus de carburant que les ampliroll. Nous en utilisons vraiment pour des situations particulières et surtout pour des zones où la collecte directe est effectuée», fait-il remarquer. Un autre besoin se fait toujours sentir, celui des applications civiques. La chasse aux déchets peut aussi se faire avec les smartphones, grâce aux applications citoyennes. Cela devra permettre de maîtriser les flux et de responsabiliser les citoyens et entreprises en vue de réduire les nuisances. Des usagers veulent pouvoir, lorsqu’un utilisateur constate un dépôt sauvage d’ordures, joindre une photo et un texte décrivant l’incivilité tout en étant localisé. La Sgds Sa fait une promesse avant de nous laisser partir : « Une plateforme sera bientôt lancée, donnant la possibilité aux citoyens de formuler des plaintes. C’est dans le cadre d’un programme d’écocitoyenneté que nous développons ».
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