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Fraternité N° 3517 du 8/1/2014

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21e édition de la commémoration de la fête nationale du Vodoun : le Bénin rend hommage à ses cultes endogènes
Publié le jeudi 9 janvier 2014   |  Fraternité


21e
© Autre presse par DR
21e édition de la commémoration de la fête nationale du Vodoun : Le Bénin rend hommage à ses cultes endogènes.


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A 24 heures de la célébration de la 21ème édition de la fête nationale du Vodoun, les préparatifs vont bon train. Dignitaires, Chefs religieux, universitaires et autorités politico-administratives s’activent pour faire de cette fête un évènement grandiose dont les manifestations officielles sont prévues pour se tenir dans la Commune d’Abomey-Calavi.

Longtemps diabolisé, le Vodoun, à en croire les initiés et adeptes est le dieu à qui l’homme doit même sa vie. Ainsi, le Bénin serait une terre du Vodoun. Depuis 1992 sous l’avènement du président Nicéphore Soglo, le 10 janvier a été décrété journée nationale des religions endogènes. Une manière de réhabiliter le culte Vodoun et de valoriser la culture endogène. Une stratégie qui permet au Bénin d’avoir plus de visibilité hors du pays et du contient africain. A chaque célébration, les adeptes de cette religion prient les mânes de nos ancêtres pour que la paix demeure au Bénin.

Le Vodoun est une religion comme les autres, mais elle est souvent marginalisée et même diabolisée à cause de certaines pratiques qui s’y observent au sein de certaines confréries. C’est une religion comme le christianisme ou l’islam qui prône l’amour de son prochain ; l’amour de sa patrie etc. Cette journée des religions endogènes permet également aux Béninois de la diaspora de se rapprocher de leur pays et même aux jeunes béninois de connaître la culture et les religions de chez eux. Dans le Vodoun, on compte plusieurs divinités, dont la divinité « Goun » ; « Sakpata » ; « Hèvièsso » ; « Dan »… Pour certains, ces quatre divinités sont les principaux dieux qui regroupent la religion Vodoun et leur appellation varie d’une région à une autre.

Le mythe du couvent

Le Vodoun, bien qu’il soit la religion de la majorité des Béninois, n’est pas nécessairement à la portée de tous. La croyance Vodoun admet, en effet, que chaque être humain est un « engendreur cosmique », une divinité ou un défunt qui porte la glaise dans laquelle il sera modelé, puis à qui le créateur insufflera le souffle de vie. S’il s’agit d’une divinité, le vodouisant sera consacré à cette dernière.

La célébration du 10 janvier, au Bénin, n’est rien d’autre que l’expression de la reconnaissance d’une dimension et d’une identité religieuse, que partage la diaspora africaine de par le monde. Pour le plus grand plaisir des Béninois, et plus particulièrement celui de la communauté Vodoun, dont la pratique reste encore obscure et incompréhensible pour le commun des mortels et les non initiés.

Entretien avec Patrice Hounsou-Guèdè, Maire d’Abomey-Calavi
« Mon souhait, c’est que nous puissions marquer d’une empreinte indélébile cette fête »

Monsieur le Maire, faites-nous le point des préparatifs à 24 heures de la célébration de la 21ème édition de la fête du Vodoun
Je pense qu’à notre niveau, tout est fin prêt. Depuis que j’ai été porté à la tête de la Commune d’Abomey-Calavi, nous avons pris l’habitude de célébrer cette fête du Vodoun de façon tournante au niveau de la Commune, dans les Arrondissements. Nous sommes déjà des habitués pour l’organisation de cette fête là. Alors, le gouvernement a choisi notre Commune, c’est-à-dire Abomey-Calavi cette année pour abriter les manifestations officielles.

C’est un honneur pour toute la population d’Abomey-Calavi en particulier et celles de l’Atlantique et du Bénin en général. Et c’est de concert avec tous les dignitaires d’Abomey-Calavi et de l’Atlantique que nous sommes en train d’organiser cette fête. Nous sommes déjà fin prêts avec les grands dignitaires. Déjà aujourd’hui, les adeptes et les dignitaires vont se retrouver au niveau des couvents pour prier, faire des immolations à l’endroit des ancêtres afin d’implorer leurs bienfaits sur toute la nation béninoise. Ensuite, le vendredi, c’est-à-dire demain, nous allons nous retrouver sur la place des divinités sise derrière le tribunal, un domaine d’un hectare aménagé pour la circonstance. Mais la fête proprement dite aura lieu sur le domaine réservé à 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres. Voilà comment les choses se préparent à notre niveau.

Quels ont été vos sentiments lorsque votre Commune a été choisie pour abriter cette fête ?
Comme je vous l’avais dit, mes sentiments sont ceux de joie. Vous savez, Abomey-Calavi est l’un des « Quartiers Généraux » du Vodoun dans le Sud-Bénin. C’est d’abord un honneur pour moi car, c’est en mon temps, sous mon mandat que le gouvernement a autorisé la célébration nationale de cette fête dans la Commune d’Abomey-Calavi.

C’est aussi pour moi un privilège. Et c’est pourquoi, j’ai intérêt que cette fête soit un grand rendez-vous pour tous nos Rois, nos Chefs Vodoun et tous nos gardiens de temple d’Abomey-Calavi et surtout de l’Atlantique afin que cette organisation soit une grande réussite. Mon souhait, c’est que nous puissions marquer d’une empreinte indélébile cette fête dans Abomey-Calavi.

Quel sera le plat de résistance de cette 21ème édition ?
Je ne suis pas dans le secret des dieux. Mais je sais qu’avec le travail qui a été fait en amont et depuis quelques semaines, les Dignitaires s’affairent activement d’abord au niveau des 9 Arrondissements d’Abomey-Calavi et ensuite au niveau des 8 Communes de l’Atlantique pour nous offrir une très belle fête. Ils sont les seuls, chacun à son niveau, à savoir de quoi serait constitué le plat de résistance. Tout ce que je sais, c’est qu’ils sont des habitués et ils feront tout pour que cela soit du jamais vu au Bénin.

Avez-vous reçu un appui du gouvernement ?
Je sais qu’un dossier a été introduit en Conseil des ministres. Et c’est ce qu’on a d’ailleurs toujours fait pour les fêtes nationales au Bénin. Mais jusqu’à ce jour, on n’a pas encore un seul franc. Mais, ce dont on est sûr, qu’il y ait de l’argent maintenant ou après, la fête sera très belle. Elle aura bel et bien lieu à Abomey-Calavi.

Un appel à l’endroit de la population
D’abord, j’invite toutes les populations d’Abomey-Calavi, de l’Atlantique et de tout le Bénin à se joindre à nous afin de rendre plus belle la fête du Vodoun qui valorise nos richesses endogènes. Aussi, je m’en voudrais de ne pas inviter nos Représentations diplomatiques, les grandes Institutions de la République, les membres du gouvernement et toutes les couches sociopolitiques à se joindre à nous pour cette fête là. Il faut souligner au passage que c’est un évènement culturel et cultuel. Donc, tout le monde est invité.

Dah Zocli
« Chaque pays a sa culture et nous devons préserver la nôtre »

Que signifie pour vous la fête du vodoun ?
C’est une célébration qui nous permet de nous souvenir de nos aïeux et par la même occasion préserver à tout prix leur héritage à la fois culturel et cultuel. Chaque pays a sa culture et nous devons préserver la nôtre.

Quelle prière pour la nation ?
Nous devons tous prier pour notre pays. Implorer surtout la paix, car sans la paix, on ne peut pas construire un pays. C’est pourquoi, je demande à nos dirigeants de tout mettre en œuvre pour préserver la paix dans notre pays.

Professeur Akoha
Le vodoun, c’est un effort de réponse à la peur existentialiste

Le vodoun, c’est un effort de réponse à la peur existentialiste. Les hommes se posent certaines questions : qui sui-je ? ; D’où viens-je ? ; Et où vais-je ? Ils disent je ne peux pas naître du néant, il y a forcément quelqu’un qui m’a créé, qui m’a fait. Les gens ont senti le besoin d’un intermédiaire entre celui qui nous a créés et nous, celui qui a créé le monde est très loin d’ici, donc les hommes ont créé le vodoun pour se sentir en contact avec lui.

On ne fait pas ceci, parce que tel vodoun l’a interdit. C’est par la peur du vodoun que les gens deviennent sages. Des gens mettent des épouvantails sur des tas de fagots de bois. On dit que si vous allez chercher ce fagot vous serez courbé par l’effet du vodoun qui est là. Le vodou « aïzan » par exemple interdit l’adultère à la femme. Les gens mettent ce vodoun au milieu de leur maison et appellent ça « aïzan ». Le vodoun est un principe régulateur.

Le vodoun aujourd’hui se retrouve dans un système où tout est basé sur l’argent et cela perturbe la pratique du vodoun car tout tourne autour de l’argent. Cette pratique s’éloigne des pratiques linéaires du vodoun. Nous devons nous battre pour la laïcité du pays. Il ne faut pas mélanger la religion et l’exercice du pouvoir de l’Etat. Les adeptes doivent continuer cette marche. Sinon, on connaîtra la dégénération du vodoun.les vodounons doivent participer à retrouver les fondements originels du vodou pour éviter l’explosion de la religion.

Le vodoun résout les problèmes au jour le jour. Le syncrétisme dans le christianisme c’est pour permettre aux hommes d’avoir des solutions instantanées à leurs problèmes. Le syncrétisme a de beaux jours devant lui. Le vodoun offre toujours des solutions aux problèmes que l’on a. le vodoun a un côté pratique qui attire les Béninois.

Professeur de fâ, David Koffi Aza
« Le fâ en réalité est l’harmonisation de la sagesse universelle… »

Le vodoun regroupe en son sein plusieurs sortes de divinités. Le professeur de fâ, David Koffi Aza, nous parle du « fâ », une divinité permettant de prédire l’avenir.

Que représentent pour vous les religions endogènes en général et le Vodoun en particulier ?
Les religions endogènes constituent le centre fondamental de l’être, surtout en Afrique, puisque les religions endogènes font partie de la tradition primordiale, plus tard modernisée puis christianisée, par la suite islamisée. Nous, nous avons gardé l’authenticité des religions traditionnelles. Le Vodoun en particulier est un instrument mis à notre disposition par le macrocosme afin de nous permettre de jouir de toutes les opportunités, de tous les avantages liés à cette nature là, par rapport à l’homme et par rapport à son environnement. Le Vodoun pour nous, c’est normalement le recours de l’homme, c’est normalement la solution aux problèmes existentiels de l’homme et ce, dans tous les domaines de son existence.

Vous êtes professeur de fâ. Qu’est-ce que le fâ ?
C’est difficile de définir en quelques mots ce qu’est le fâ. En se basant sur l’étymologie même de son nom qui signifie le sort, l’avenir, le fâ en réalité est l’harmonisation de la sagesse universelle qui regroupe en son sein les quatre éléments fondamentaux qui ont concouru à la création de notre macrocosme et également de notre microcosme, et à partir de ce moment, il tire sa source du grand nom divin qui symbolise les quatre points cardinaux. Donc, en un mot, le fâ est un guide, un éclaireur qui permet d’avoir une vision claire par rapport à un individu depuis sa conception jusqu’à sa mort et même 16 ans après sa mort. Le fâ nous permet également d’avoir des visions précises sur des préoccupations précises telles que le mariage, le voyage. C’est une lumière des hommes qui tire sa source du grand nom divin.

Quels sont les autres bienfaits du fâ pour la société ?
Il y a beaucoup d’autres aspects parce que le fâ, à part son caractère visionnaire, est également un conseiller par excellence. Le fâ est également un « médecin » parce que rien qu’à partir des tracés du fâ, nous pouvons guérir les maladies les plus élémentaires qui se présentent à nous. Il y a d’autres potentialités sur le plan de la prospérité. Nous avons beaucoup de vertus du fâ que nous pouvons utiliser pour harmoniser le foyer, retrouver un emploi, faire prospérer une société, assurer sa protection et son autodéfense. C’est un gisement de potentialités.

Vos prédictions se vérifient-elles effectivement dans le temps ?
Depuis dix ans maintenant que moi j’ai commencé, j’ai été consacré « Boconon », devin interprète du Fâ doublé de guérisseur, je consulte le sort et prédis l’avenir dans l’intérêt de ceux qui s’adressent à moi. Les prévisions du fâ sont exactes à la différence que si le prêtre du fâ qui est chargé de l’interpréter n’a pas la maîtrise nécessaire avant de commencer, ses prévisions peuvent ne pas être vérifiées, puisque c’est de la géométrie sacrée. Mais tel que moi je sais et je la pratique, les prévisions du fâ sont vérifiables à tout moment.

A-t-on forcément besoin de prédire l’avenir ?
On ne peut pas naviguer à vue. Il faut prévoir l’avenir. Aujourd’hui, on fait des prévisions dans les domaines scientifique, climatique et autres ; même dans les cinquante prochaines années. Il faut connaître l’avenir afin de prendre les mesures qui s’imposent.

Est-ce qu’il n’y a pas de dangers liés à la pratique du fâ ?
Il n’y a aucun danger si les rituels sont bien respectés.

Un message à l’endroit de la population ?
Il faudra qu’elle comprenne que l’arbre qui se désolidarise de sa racine est voué à la mort. Elle ne peut survivre ; il faudrait qu’on retourne à notre culture, à notre racine, on s’est désolidarisé de notre racine, ce qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes sans boussole, nous sommes devenus des gens errants, sans culture et sans racine, or nous ne pouvons amorcer notre propre développement qu’en se basant sur notre propre culture, notre propre racine. L’Asie l’a démontré, les occidentaux l’ont démontré et pourquoi l’Afrique a honte de sa culture, de ce qu’elle est et de ce qu’elle a. Il faut que nous comprenions qu’aucune solution importée ne peut apporter le salut à l’Afrique. Après plus de cinquante ans d’indépendance nous avons fini par comprendre que les solutions importées n’ont jamais contribué au développement de l’Afrique.

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