Satisfait du transfert des répliques immatérielles des héros de la partie de Plakondji au monument aux dévoués des Jardins de Mathieu, le roi Agbadébo Oladigbolou Oba Oshoupa 2, dans cet entretien, a félicité Patrice Talon, président de la République pour son courage. Une occasion pour lui d’opiner aussi sur ce qui prévaut autour du trône royal de Sakété.
Vous avez été désigné roi mais cette désignation semble faire objet de contestation. De quoi s’agit-il ?
Je suis le benjamin de l’ancien Roi Agbadébo Ilu Eibo et j’ai été intronisé roi Oshoupa 2 de Sakété. J’ai suivi tous les rituels avec mon parrain. Lorsque l’oracle désigne un roi, on l’interne et on lui confie à un autre roi pour lui apprendre les rituels. Mon parrain, c’est le roi d’Ifangni et avec lui, on a fait tout cela. Et je suis admis au sein du haut conseil des rois du Bénin par les hauts dignitaires, les têtes couronnées du Bénin. Dans mon esprit, cela ne fait plus aucun doute. C’est vrai, la désignation d’un roi n’a jamais connu d’unanimité si on interroge l’histoire. Pour la petite histoire, c’est la désignation de mon père qui avait fait disperser, pour des raisons diverses, la grande collectivité Aniwa Djoyé de Odella à travers tous les quartiers et village de Sakété. Dans le cas actuel à Sakété, il y a surtout de la cupidité et de la manipulation. C’est dommage. Mais les bras qui instrumentalisent les uns et les autres sont déjà bien connus. C’est triste. En plus ladite désignation ne se fait pas sur les réseaux sociaux avec celui-là bien connu de tout le monde qui appelle à la révolte à travers ces réseaux. Laissons ce côté aux historiens.
Comment appréciez-vous cette contestation ?
Lorsque vous êtes dans une grande collectivité royale et qu’on dit que c’est votre tour et que la collectivité avec les rituels appropriés confirme que c’est telle personne que le fâ a choisie, il faut donc s’en tenir à cela. Autrement, pour moi vous perdez votre temps. Mais ce n’est pas de leur faute aussi parce qu’on sait maintenant d’où viennent les manipulations. On connait le chef. Ce sont ces manipulateurs qui sont en réalité les fauteurs de troubles. Mais je ne vais pas en dire plus, parce que je suis sûr que l’histoire finira par révéler quelle est la vérité.
Et pour revenir à l’histoire et depuis l’indépendance, le Bénin avait rendu hommage à ses héros morts pour la patrie au pied du monument dédié à cet effet à Plakondji mais depuis le 30 juillet dernier le Président Talon a dévoilé un autre monument au jardin Mathieu. Comment peut-on interpréter cela ?
En ce qui concerne le cas de celui qui est à Plakondji où le président nous a révélé les véritables auteurs mais sur lequel les autres présidents, y compris lui-même dans les premières années de gestion de l’Etat, allaient allumer la flamme et en souvenir de nos aïeux, de ceux qui sont morts pour qu’on ait la liberté, je dirai mieux vaut tard que jamais parce que ça fait 62ans que nous allons vers les monuments à Plakondji. Il a fallu que quelqu’un ait la vision pour dire qu’il faut arrêter de faire ce qui n’est pas bon. Comme on le dit, faire l’erreur peut se comprendre mais c’est persévérer dans l’erreur qui n’est pas bon. Et je joins à tout cela le transfert des reliques. Donc je peux dire que c’est le courage du président Talon qui a fait qu’on a abouti à ce résultat. D’alleurs, par rapport aux trois monuments que le président Talon a dévoilés le 30 juillet dernier, il faut être courageux pour le faire. Pour moi, quand on prend le monument de Bio Guéra, on voit à travers lui tous les héros que nous avons eus. C’est un souvenir et il faut que les jeunes sachent que nous avons des héros. Des héros existent partout. Ils en existent aussi chez moi à Sakété. Pour rappel, ce sont les révoltes qui ont lieu à Sakété en 1902,1903 et 1905 qui ont conduit au fait qu’on a déporté un roi de chez nous mon grand père Adélou Biodjo avec ses compagnons du Bénin vers la Mauritanie. On doit commémorer la mémoire de ceux-là aussi. Nous nous retrouvons donc à travers le monument dédié à Bio Guéra. Quant au monument dédié aux femmes amazones d’Abomey, c’est la reconnaissance du mérite et du courage de ces femmes. Surtout moi, j’ai été séduit par la prestation des jeunes que je peux qualifier des amazones en herbe, celle qui ont dansé avec l’expression qui a fait rire tout le monde. Je félicite tous ceux qui les ont aidées à réussir tout cela, notamment la première dame. J’aurais appris que ces amazones en herbe ont été sponsorisées par la première dame Claudine Talon et je la félicite beaucoup si c’est le cas. Concernant le dernier monument dédié à tous les Béninois dévoués, comme c’est mentionné, je pense que cela interpelle la conscience de tout le monde pour que chacun sache ce qu’il doit faire pour donner de la valeur à notre pays.
Pourquoi est-ce que c’est cette année qu’on a décidé de corriger le tir ?
Bon pourquoi cette année ? Tout cela aussi est mis sur le compte du courage du président Talon et j’associe à cela tout ce qui est en train d’être fait pour faire reconnaître à la République la place qui revient à ceux qui se sont battus pour la paix et la souveraineté de la nation.
On parle du transfert des répliques immatérielles des héros morts pour la patrie en ce qui concerne le monument aux dévoués érigé aux jardins de Mathieu. Qu’en est-il des autres localités où les mêmes hommages sont rendus à l’occasion de la fête nationale de l’indépendance ?
Par rapport aux monuments aux morts qui sont pratiquement dans toutes les communes de notre pays, savoir si c’est les mêmes constats par rapport à ce que le président nous a décrit le 30 juillet dernier, je dirai que, comme il faut commencer par quelque part et on a commencé par la ville qui intéresse tout le monde, c’est sûr que progressivement on va revoir ce qui se passe dans les 76 autres communes pour rectifier s’il y a quelque chose à rectifier.
Etes-vous au courant d’une commission de l’Académie nationale des Sciences, Arts et lettres du Bénin qui est mise en place pour la réécriture de l’histoire du Bénin ?
Oui je peux dire que des universitaires venus de l’université de Parakou sont venus chez nous à Sakété. Il semble que cette commission doit fouiller plus sur les révoltes intervenues ça et là entre les indigènes et l’administration coloniale du Dahomey. Les universitaires de Parakou ont séjourné à Sakété, Adja-Ouèrè et Pobè dans ce cadre.
Ils vont certainement parcourir tout le pays, les endroits où ça s’est passé. Donnons-leur le temps et on verra. Et je suis sûr que ce serait une bonne chose pour que l’histoire du Bénin puisse être notre histoire à nous et non l’histoire des blancs par rapport à ce qu’ils sont venus faire, tout ce qu’ils ont fait et que ce soit eux qui vont écrire notre histoire. Bien sûr, ils vont uniquement dire ce qui les intéresse, tel qu’ils l’ont fait à nos aïeux. C’est d’ailleurs une occasion pour saluer le président Talon pour tout ce qu’il fait en faveur des têtes couronnées de la République.
Votre mot de la fin
Mon mot de fin, c’est par rapport aux manipulateurs que je considère comme les vrais fauteurs de troubles autour de la royauté de Sakété, d’abord à mes frères et surtout à celui qui n’est même pas qualifié et qui prend plaisir par ses faits et gestes à appeler à des troubles à l’ordre public. Qu’il continue à faire ce qu’il fait. Je suis sûr que lorsqu’il se retrouvera seul, il se réveillera.
Maintenant ma prière, c’est de demander que Dieu et les mânes de nos ancêtres continuent de doter le Président Talon d’une santé robuste afin qu’il continue ce qu’il fait déjà si bien pour le Bénin. Nous l’encourageons.
Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN