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Elections Législatives 2023 : Le Boycott de certains partis politiques de l’opposition: Démission, Compromission ou Trahison ?

Publié le lundi 19 septembre 2022  |  Matin libre
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© aCotonou.com par DR
Le logo des partis politique béninois
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(Par GBEOUEZOUN Dorothé Koyoté)

De jour en jour, nous nous approchons inlassablement et doucement du 08 janvier 2023 où se dérouleront les 2èmes élections législatives de la rupture, et c’est le branle-bas dans tous les états-majors des partis politiques légalement constitués. Les débauchages, les démissions, les alliances et fusions de toutes sortes, les mariages forcés, la mobilisation va dans tous les sens, l’effritement ou le grossissement de certains partis politiques, tout ceci dans le seul et unique but d’aller à la rivière ou de parvenir à satisfaire la libido politique du moment: être à l’Assemblée Nationale et député de la neuvième législature de l’ère du renouveau démocratique au Bénin.



Il est à noter que le nombre de députés de l’Assemblée Nationale n’est pas élastique, il est bien défini et c’est 109 à partir de la 9ème législature. Les différents mouvements d’adhésion ou de démission, fortement médiatisés des députés, des maires, des conseillers locaux ou communaux, des associations, auxquels nous assistons presque tous les jours à la veille des législatives de janvier 2023, doivent interpeler tous les Béninois, hommes et femmes politiques ou non, et surtout le législateur et les acteurs de la réforme du système partisan au Bénin. Ce qui est inquiétant, c’est surtout les adhésions à un parti politique des mouvements et associations, des groupes de ci ou de ça d’une part et, les démissions d’un maire, d’un député ou d’un élu communal ou local d’un parti dont ils sont les mandataires, vers un autre parti, d’autre part. Tout ceci en violation flagrante de la charte des partis politiques en République du Bénin et du code électoral. En effet, des dispositions des articles 11, 12 et 13 de la charte des partis politiques, c’est le citoyen jouissant de ses droits civils et politiques qui, librement est membre fondateur ou adhère à un parti politique de son choix et il peut en démissionner aussi librement; seules les personnes physiques peuvent être membres d’un parti politique. Par ailleurs, les différents élus sont des candidats investis par leurs partis politiques respectifs selon les dispositions des articles 168 et 170 du code électoral et donc, ‘’ils font partie intégrante du patrimoine’’ du parti politique qui les a investis candidats, les sièges appartiennent alors aux partis et non à eux personnellement. Les associations, mouvements ou groupes d’amis d’un tel, sont-ils d’abord reconnus par le ministère de l’intérieur, et sont-ils des personnes physiques pour prétendre adhérer à un parti politique ou d’en démissionner?

Rappelons que sur l’échiquier politique national, nous avons une vingtaine de partis politiques dont certains sont de la mouvance et soutenant les actions du gouvernement, d’autres se réclament de l’opposition modérée, et quelques-uns de la résistance ou de l’opposition dure et radicale. Parmi ces trois catégories de partis, les mouvanciers dans leur combat ‘’utérin’’, préparent activement les échéances ainsi que certains dits de l’opposition virtuelle, mais d’autres refusent carrément de prendre part à ces élections, notamment l’aile dure de l’opposition. Il est à noter que les différents mouvements de défection des rangs d’un parti ou d’un groupe de mouvements vers un autre parti, sont le poison ou le cancer du système partisan au Bénin, la transhumance politique. Il faut par tous les moyens et avec la volonté politique, combattre et enlever du vocabulaire politique béninois, la transhumance politique, elle est un véritable frein à l’assainissement du système partisan ; la réforme doit aller plus loin et avec courage et audace, extraire cette balle destructrice du système partisan au Bénin.

Etant donné que la démocratie c’est la loi de la majorité qui passe, et qu’aucun taux de participation aux élections ou de suffrages exprimés n’est fixé pour valider une élection, alors le boycott selon moi n’est pas la bonne solution pour l’alternance démocratique dans un pays et en particulier au Bénin. Je me pose la question de savoir, quel est le but d’un parti politique et pourquoi forme-t-on un parti politique, si ce n’est pas pour la conquête et l’exercice du pouvoir, et la mise en œuvre d’un projet politique, tel que le stipule l’article 2 de la charte des partis politiques en République du Bénin. La participation aux élections législatives de janvier 2023 doit être le leitmotiv de tout parti politique surtout de l’opposition sérieuse et qui aspire à la conquête et à l’exercice du pouvoir avec des projets politiques clairs destinés à développer réellement notre pays et à améliorer la vie des populations.

En effet, les partis dits de l’opposition toutes tendances confondues doivent essayer de taire leurs querelles de leadership et leurs ambitions démesurées ou cachées, si tant est qu’ils veulent conquérir le pouvoir et l’exercer pour changer vraiment les choses comme ils le prétendent. Ils doivent sans conditions aller résolument aux élections législatives sinon, comment pourront-ils faire changer les lois dites crisogènes et exclusives qu’ils décrient ? Comment pourront-ils conquérir et exercer le pouvoir d’état et gérer autrement, s’ils refusent de participer aux élections et donc de ne pas concourir à l’expression du suffrage qui est universel, direct, égal et secret selon les dispositions de l’article 4 du code électoral ? La seule et unique issue pour conquérir le pouvoir et l’exercer au Bénin aujourd’hui, c’est par les urnes et donc par la participation à toutes les élections. En conséquence, j’invite humblement les partis politiques de l’opposition à s’entendre sur l’essentiel et participer malgré tout et dans le respect des lois en vigueur au Bénin, aux prochaines élections législatives du 08 janvier 2023, la 2ème consécutive de la rupture (2019 et 2023) et des réformes du système partisan, pour demander le suffrage universel des populations et de pouvoir à travers les urnes tester et jauger leur popularité afin de savoir si les masses populaires ont adhéré ou pas à leurs idéaux de gérer autrement notre pays. Le boycott n’a jamais eu de bons résultats et ne saurait être la meilleure solution pour les partis de l’opposition dans tous les pays du monde. Refuser de participer aux législatives de 2023 serait fatal pour les partis de l’opposition béninoise, qui peinent depuis à s’affirmer sous le Caterpillar de la rupture; ils vont disparaitre de fait légalement et ce, conformément aux dispositions de l’article 27 de la charte des partis politiques en République du Bénin, toujours en vigueur, et qui stipulent entre autres que « tout parti politique perd son statut juridique s’il ne présente pas de candidats à deux (02) élections législatives consécutives, son enregistrement lui sera retiré ». Les partis politiques de l’opposition doivent changer de fusil d’épaule et de disque, et éviter la politique de la chaise vide ou de s’asseoir entre deux chaises, s’ils veulent réellement un jour être au pouvoir.

Il est important de rappeler à tous les partis, hommes et femmes politiques, toutes tendances confondues, quelques dates déterminantes pour les élections législatives du 08 janvier 2023 selon les dispositions légales en vigueur au Bénin, en attendant la voix officielle et règlementaire de la CENA, organe chargé de la gestion des élections en République du Bénin. Ainsi selon les dispositions des articles 40, 46 et 59 du code électoral, le calendrier électoral pourrait probablement être publié par la CENA le 11 Octobre 2022, soit 90 jours avant la date du scrutin du 08 janvier 2023, la déclaration de candidature le 05 novembre 2022, soit 50 jours avant le début de la campagne, et enfin la campagne électorale du 24 décembre 2022 au 07 janvier 2023, période de la nativité et des fêtes du nouvel an 2023. Gouverner c’est prévoir et donc, que les politiciens en général et les opposants en particulier, désireux d’être candidats au sein de leurs partis politiques respectifs, se mettent résolument à la tâche et dès à présent qu’ils commencent par rassembler les pièces à fournir selon les dispositions des articles 40, 41, 168, 169 et 170 du code électoral, en tenant grand compte du 05 novembre 2022, dépôt des candidatures à la CENA. Le 15 novembre 2022 au plus tard, la liste définitive de tous les partis et de leurs candidats qualifiés pour prendre part aux élections législatives du 08 janvier 2023 sera dévoilée aux populations. Après ce 1er verdict de la CENA, que les nombreuses ruées vers la rivière qui ont fait que l’eau est sortie en abondance de son lit habituel, s’apprêtent à vivre toutes les éventualités de la décrue des 109 candidats à la députation, et les opposants quant à eux, leur sort politique sera aussi connu par les populations qui aviseront. Que les élections législatives de 2023 soient véritablement apaisées, sans fautes mineures ou majeures et une fête comme l’indique la période de campagne et que vivement elles ne soient pas exclusives.

Enfin, ma modeste lettre de mission du simple citoyen que je suis, à tous les candidats à la députation, et aux futurs députés. La 9ème législature est une législature de transition, elle a un mandat spécial de trois ans et a d’énormes responsabilités dans la construction de notre pays et d’un état démocratique et souverain. Cette transition doit pouvoir en toute conscience patriotique et dans la sérénité, revoir les textes de loi à polémique pour faciliter les élections générales de 2026 et consolider la démocratie, la paix et l’unité nationale. Pour cela, vous avez le devoir patriotique, de légiférer en toute conscience et quiétude, d’éviter de voter des lois dans la précipitation, de voter des lois claires, impersonnelles, complètes, non contradictoires, et dans l’intérêt de toute la nation. Vous devez revoir pratiquement tous les trois principaux textes fondamentaux que sont selon moi, la constitution, la charte des partis politiques et le code électoral, car la paix et le développement d’un pays en dépendent. Combattre et extirper la transhumance politique du système partisan béninois ou à défaut, la baliser fortement. Que les sièges des élus ne soient plus des propriétés privées des bénéficiaires, mais des propriétés des partis politiques dont ils sont issus, ainsi un élu démissionnaire laissera le siège au parti. Que les démissions des membres des partis politiques soient plus canalisées et balisées par la loi. Que les maires, les chefs d’arrondissement et les chefs de village et de quartier de ville, soient désormais élus au suffrage universel de leurs communes, de leurs arrondissements, de leurs villages ou quartiers de ville, ceci pour un réel exercice du pouvoir local et un développement à la base. Supprimer les parrainages qui ont ramené les candidatures indépendantes aux fonctions du Président de la République, enlever le taux de 10% d’éligibilité au suffrage national pour des élections locales et le ramener au niveau local par rapport aux circonscriptions électorales des élections communales, locales et législatives. Messieurs et Mesdames les futurs députés de la 9ème législature, voici autant de choses à revoir, pour assainir le milieu des partis politiques, consolider la démocratie, la paix et l’unité nationale. Le chantier est grand et vaste pour la 9ème législature qui aura besoin des hommes et des femmes compétents, intègres, humbles et patriotes qui pourront effectivement avoir le courage et la volonté de construire un état de droit, moderne et développé, en votant des lois qui tiennent compte de nos réalités sociologiques, des lois impersonnelles au service de tout le pays./.
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