Qu’est-ce que c’est pour vous que le parfait gendre ? Celui qui rentre avec des magots pleins les valises, résultat du casse de la caisse de la morgue du coin et qui vous demande le gîte ? L’auriez-vous hébergé pour mieux l’aider à dilapider le fruit du crime ? Que pensent les Béninois du retour du fantasque Djotodia à Cotonou ? L’ex-prisonnier, l’ex-débiteur ou locataire insolvable, l’impayable Michel Djotodia rentre dans son pays de cœur en tant qu’ex-Président de la République par intérim.
Dans l’histoire récente de notre monde mis à mal par un tas de grenouilles voulant se faire aussi grosse que des bœufs, on a vu un prince faire le mur pour aller chausser les sandales royales : il tenait à devenir roi. Il le fut en effet, ubuesque. C’était avant. Et aujourd’hui Djotodia.
Même si son départ ne va pas tout régler, toute la planète est soulagée. Les Centrafricains ont fêté son départ. Ils espèrent que ceci est un adieu… Le sang ne s’oublie pas, ne sèche pas les pleurs, mais déjà la question se pose. La question se pose de savoir si le glauque Djotodia est définitivement hors course.
Michel Djotodia, éphémère « Président » d’un pays néant à la tête d’une bande de mercenaires, a semé la mort et la désolation et pousse ses métastases à nos contrées. Il a plongé son pays dans l’abîme et a fui à la Ponce Pilate. Pendant neuf mois, les coupeurs de route, des rebelles Tchadiens et Soudanais, des soldats Tchadiens de tout poil ont méthodiquement pillé et massacré, entraînant le pays dans un cycle interminable d’exactions, de vengeance ; musulmans contre chrétiens, anti-Balaka contre Séléka. Après ce qu’il a fait, il va se payer un exil doré, pour un temps, au Bénin. Inacceptable. Oh ! Je sais bien ce que l’on va dire. Que ma position est rancie, franchouillarde, passéiste, alors que les Béninois ont pris l’habitude d’accueillir des Centrafricains, putschistes, aventuriers ou rebelles. Un Bénin qui refuse d’être le refuge des autocrates aux petits pieds contraints à l’exil ? Une lubie de jeune ronchon réfractaire à l’hospitalité>
Surtout que le ci-devant a pris femme chez nous. Insuffisant !
Djotodia a un destin judiciaire. La Cpi devrait s’intéresser au chaos qu’il a foutu en Rca. Cet homme est une calamité. Avec lui le cœur des ténèbres a résonné des mille contes de l’enfer. Des milliers de gens massacrés, des haines confessionnelles cuites et recuites, le pillage… le Palais de Renaissance y compris. Une question : Michel Djotodia, pourquoi avez-vous fait ça à votre pays ? Pour assouvir une vengeance ? Pour le piller à votre tour ? Parce que précisément vous n’aviez rien à lui offrir, que le chaos ? Qu’importait un piètre de plus au pays du roi Ubu.
Cet homme a fait d’une de nos compatriotes, la « première dame » de ce pays fantomatique. Chantal Vinadou Tohouégnon Djotodia, est née le 27 août 1981 à Toffo, de Jean Tohouégnon et de Douhoun Houngnonsi. Il paraît que l’auxiliaire de santé dans une clinique privée de l’Ong Barka de Mme Zénabou Gbaguidi fut guidé par l’amour seul. Puisque l’homme qu’elle rencontra lors d’une visite à la prison civile, vivota à Cotonou sans le sou vaillant, incapable de payer ses loyers. C’était avant qu’il ne devienne un « chef » rebelle. Le couple marié en 2012 par Florentin Tchaou, le chef du 10e arrondissement de Cotonou a ensemble deux enfants.
Le Bénin et les Centrafricains, c’est une longue histoire. Excepté Jean-Bedel Bokassa, tous les chefs d’État centrafricains depuis l’indépendance ont assidument fréquenté le Bénin. Le premier d’entre eux, David Dacko, président de 1959 à 1965 et de 1979 à 1981, séjournait régulièrement à Abomey pour y jouer le rôle de chef de famille parmi ses frères qui y étaient installés. Son successeur, André Kolingba (1981-1993), a possédé une maison à Cotonou dans le quartier des ambassadeurs, sous le couvert de son ami d’enfance et ministre des Mines, Octave Houdégbé.
Le troisième, Ange Félix Patassé, au pouvoir à partir de 1993, s’est exilé au Togo après sa chute en 2003. Mais fit des incursions fréquentes au Bénin. L’histoire retiendra que sous « AFP », beaucoup d’hommes d’affaires béninois ont prospéré en Centrafrique, notamment dans les mines. Et certains d’entre eux y détiennent toujours des licences d’exploitation.
Michel Djotodia, a vécu en exil à Cotonou entre 2006 et 2012. Détenu pendant dix huit mois à la prison civile de Cotonou à la demande du Béninois d’adoption François Bozizé qui accusait l’ancien Consul de la Rca au Darfour de complot. Il sera relâché en février 2008 après avoir accepté de négocier des accords de paix, qui seront signés en juin de la même année sous l’égide de l’ancien ministre d’État béninois de la Défense, Issifou Kogui N’douro. Djotodia vécut notamment dans le quartier d’Atropocodji.
La classe politique centrafricaine n’a jamais brillé par son attachement à la patrie. Idriss Déby s’est investi comme le pro-consul de la Rca. Mais la Rca est la caricature du pré carré français. L’armée française y a toujours fait le ménage. En 1979, les opérations Caban et Barracuda scellèrent le sort de l’ « empereur » Bokassa accusé de cannibalisme. Lui qui procéda à 44 remaniements en dix ans de présidence, avant de se faire couronner « empereur Bokossa 1er le 4 décembre 1977. Trois opérations « Almandin » furent nécessaires à partir de 1996 pour sauver le « trône vacillant » de Ange Félix Patassé qui disait dialoguer avec Dieu. En 2007, des parachutistes français durent sauter sur Birao pour sauver le désastreux François Bozizé, qui poussa la patrimonialisation du pouvoir jusqu’à nommer son propre neveu, ministre des finances, son fils ministre de la Défense et poussa sa femme Monique et deux de ses fils à l’Assemblée nationale.
