Le ministre de la jeunesse, des sports et des loisirs, Safiou Idrissou Affo a rencontré dans la matinée d’hier les présidents des clubs de première et deuxième division et les membres du Comité exécutif de la Fédération béninoise de football. Au cœur des échanges, les réels problèmes du football et la poursuite du championnat national en dépit de la supposée tempête annoncée par certains dirigeants.
« Les élections sont définitivement terminées. Et on ne peut pas gérer le football de mon pays au gré des humeurs ». Ainsi s’est exprimé Augustin Ahouanvoébla, Président de la Fédération béninoise de football lors de la rencontre tenue hier avec le ministre des sports, les cadres du ministère, les responsables de clubs et les membres du bureau exécutif de la Fbf. En effet, cette rencontre fait suite aux différentes plaintes qui sont parvenues au ministre des sports. Au nombre de ces plaintes, il y a la pétition signée par certains clubs de première et deuxième division relative à un éventuel blocage du championnat national. Pour ces dirigeants, la Fbf aurait signé une convention au nom du Bénin avec une société expatriée pour gérer tout ce qui concerne le sport roi au Bénin, y compris les équipes nationales. Dans une démarche cartésienne, celle de poser les problèmes réels et de trouver ensemble les solutions afin d’anticiper sur une probable tension qui pourrait conduire certains clubs à abandonner le championnat national, le ministre Safiou Affo a demandé à chacun des acteurs de se vider. C’est ainsi que les langues se sont déliées. Pour l’ensemble des intervenants pour ce qui concerne les dirigeants de clubs, le véritable problème est lié à l’essoufflement financier des clubs qui ont accepté de démarrer le championnat sans recevoir la moindre subvention. « Le football, c’est de l’argent. Dans ce cas, il faut dépassionner le débat », a martelé Magloire Oké, Président de l’Union sportive de Sèmè Kraké (Uss Kraké). « Le développement n’est pas que les autres. Chacun doit jouer sa partition. La crise avait trop duré. Donc, développons maintenant notre football. En tout cas, nous, au Nord, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout », a renchéri Kora Sero Germain, Trésorier général de Béké Fc de Bembéréké.
L’éternel problème lié aux subventions
« Nous allons mettre le Comité national olympique et sportif du Bénin (Cnosb) et la Fébéfoot à contribution pour que la loi sur le financement du sport soit une réalité. Nous devons faire le lobbying nécessaire, surtout avec le réseau parlementaire pour le sport dont l’Honorable Augustin Ahouanvoébla en est le président », a déclaré le ministre des sports, Idrissou Safiou Affo. Pour le ministre, l’urgence, c’est d’aider le département dont il a la charge à asseoir une Fédération digne du nom qui pourra accompagner le football du Bénin. « Nous sommes tous conscients qu’on a besoin de l’argent pour faire du football. Et nous courons pour que cela puisse être effectif. Donc, faites-nous confiance et laissons le ballon rouler car, c’est à ce seul gage que nous avons des sponsors », a ajouté Valère Glèlè, Président de la Ligue du football professionnel. « Nous sommes en train de faire un travail à la base pour que les subventions viennent d’ici quelques journées. Nous avons beaucoup de partenaires, mais ils nous observent. Donc, faisons attention », a conclu Augustin Ahouanvoébla, président de la Fbf. Pour ce qui est du financement des clubs pour les compétitions statutaires de la Caf, il existe à ce niveau des textes. Toutefois, des solutions seront trouvées pour appuyer les clubs qui prendront part aux prochaines joutes continentales. Dans ce cas, en lieu et place des Communications qui seront introduites en Conseil, une prévision sera faite. « Je le dis et je le répète, nous devons tout faire pour obtenir le vote de la Loi sur le financement du sport. C’est à ce seul prix que nous pouvons trouver de moyens financiers pour aider les sports, sinon, la subvention de l’Etat est très dérisoire », a souligné Idrissou Safiou Affo.
L’affaire des 63 millions
L’un des griefs des pétitionnaires contre le bureau exécutif de la Fébéfoot, c’est les voyages de prospection qui auraient « bouffé » tout l’argent laissé dans les comptes par le bureau sortant. « Au fait, monsieur le ministre, il s’agit de 63 millions et non 49 millions comme l’ont déclaré les gens. Nous avons cet argent grâce à moi. Malgré mon appartenance à l’ancien bureau, j’ai, à travers des mécanismes fait bloquer les comptes de la Fédération jusqu’au point où le bureau exécutif sortant était obligé de prendre 15.000 dollars de la Fifa pour pouvoir organiser les élections du 30 septembre 2013. Et c’est avec ces sous qu’on a payé les arriérés de salaires et d’autres dettes contractées par l’ancien bureau. Ces dettes s’élèvent à plus de 49 millions. A notre arrivée, nous avons commandité deux audits. C’est une calamité », s’est désolé le président Ahouanvoébla. Selon ce dernier, c’est la transparence qui a caractérisé leur élection à la tête de la Fédération qui sera leur gouvernail durant tout leur mandat. « Nous ne pouvons pas concevoir qu’un individu dispose de l’argent public comme son propre patrimoine. Un individu ne peut pas se lever et aller acheter un paquet de ciment et de fer à béton en son propre nom. Ce n’est pas possible ça », a-t-il ajouté.
La réconciliation !!!
« Je demande aux uns et aux autres d’être patients. Après un an, nous allons faire le bilan. J’attends personnellement les retombées de vos différents voyages. Personne ne fera de cadeau à cette Fédération, surtout par rapport à son programme d’action. Je me ferai le devoir de rencontrer les démissionnaires du 20 décembre 2010 et discuter avec eux. L’instabilité nourrit les crises et il faut se mettre au-dessus de nos intérêts particuliers. C’est une question générale qui nous interpelle tous. Cessons de naviguer à vue ». Tels ont été les propos du ministre des sports pour ce qui est de la suite à donner à cette séance de travail avec les acteurs du football. « Je remercie le ministre pour avoir initié cette rencontre. Pour régler le cas des démissionnaires, il faut d’abord convoquer une Assemblée générale et nous y travaillons pour. Mais cela ne doit pas empêcher le ballon de rouler. J’invite tout le monde à la paix autour du football du Bénin qui est l’un des meilleurs en Afrique. Enfin, je vous rassure et vous dis que l’espoir est permis », a conclu Augustin Ahouanvoébla, président de la Fébéfoot.