En dépit de la menace faite par le gouvernement de procéder à des défalcations sur salaire, des militants du Front d’action des syndicats des trois ordres de l’enseignement des départements du Borgou-Alibori sont déterminés à observer la reconduction de la grève générale déclenchée par les Centrales et Confédérations syndicales. Réunis hier mardi 14 janvier à Parakou, autour des responsables syndicaux venus de Cotonou, ils ont marqué leur adhésion au mouvement de débrayage dans l’administration publique projeté pour ce mercredi 15 et demain jeudi 16 janvier.
Sauf défection massive, l’administration publique sera paralysée dès aujourd'hui et ce, pour 48 heures. C’est du moins ce qui découle du renouvellement du mot d’ordre de grève lancé par l’ensemble des Centrales et Confédérations syndicales pour protester contre la confiscation des libertés démocratiques. Dans le rang des enseignants du Front d’action des syndicats des trois ordres de l’enseignement des départements du Borgou-Alibori, l’heure était à la mobilisation hier mardi 14 janvier à travers une assemblée générale d’information. Interdits de tenir ladite assemblée dans une salle de classe, les militants présents se sont retrouvés finalement dans la cour de l’Ecole primaire publique OCBN à Parakou.
Visiblement déterminés, ils ont marqué leur adhésion au mouvement de débrayage projeté pour ce jour et demain, en présence des responsables syndicaux venus de Cotonou qui ont expliqué le bien fondé de la grève.
Pour Kassa Mampo, l’heure n’est plus à l’hésitation et à la peur. « Vous constatez qu’il n’y a même plus autorisation de manifester », fait-il observer en s’indignant de l’interdiction faite aux manifestants de tenir leur AG dans une salle de classe, par le chef de la circonscription scolaire de Parakou II, (CCS Parakou II).
« Nous avons voulu dénoncer l’insécurité grandissante où l’on tire sur des gens innocents, les concours frauduleux où une seule personne a quatre ou cinq de ces enfants admis… », a-t-il laissé entendre. « La grève est pour 48 heures d’abord. Si le gouvernement se tait, elle va continuer », a indiqué Kassa Mampo qui a fait applaudir les quelques enseignants qui ont observé la grève des 7 et 8 janvier derniers, en dépit des menaces.
Le secrétaire administratif du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement, Fabrice Hounsounou, a abondé dans le même sens pour demander aux enseignants et enseignantes de ne pas faire d’amalgame.
A l’en croire, toutes les démarches ont été menées pour obtenir la rétrocession des sous défalqués pour fait de grève depuis 2012, mais le gouvernement n’a jusque-là pas réagi.
Rappel
Rappelons que les grèves de fin d’année en 2012 avaient deux points essentiels: la jouissance des mesures contenues dans le décret n°2011-505 du 05 août 2011 portant institution d’un coefficient (1.25) de revalorisation des indices de traitement des agents de l’Etat et la rétrocession des défalcations arbitraires opérées sur les salaires pour fait de grève.
«C’est le gouvernement et certains de nos camarades qui, de mauvaise foi, entretiennent cet amalgame. Le Front est un creuset du secteur de l’enseignement.
Les syndicats sont affiliés à des centrales syndicales. Si ces dernières lancent une motion de grève, inutile que le Front d’action des syndicats qui se retrouve pleinement dans cette motion, prenne encore une autre motion de grève. C’est normal que par obéissance, les militants du Front aillent en grève », a expliqué Fabrice Hounsounou.
Rappelons que la grève déclenchée par les centrales syndicales fait suite à la bastonnade des responsables syndicaux à la Bourse du travail, le 27 décembre 2013. Les syndicalistes demandent le limogeage du commissaire central de Cotonou, Pierre Coovi Agossadou, et du préfet de l’Atlantique-Littoral, Placide Azandé, comme condition préalable à toute négociation avec le gouvernement.
Défection annoncée
Le secrétaire général du Syndicat national des professeurs permanents et contractuels du Bénin, Thierry Dovonou, se désolidarise du mouvement. Pour lui, la grève générale des Centrales et Confédérations syndicales est « totalement politique » et la grève générale est disproportionnée à ce qui est réclamé. « Nous ne ferons pas cette grève parce que nous ne nous sentons pas concernés par les problèmes posés par la plate-forme revendicative », a-t-il laissé entendre sur une radio de la place. Deux raisons fondent son argumentaire : « Premièrement, nous savons que l’action syndicale lorsqu’elle est au service des politiciens, c’est une grève générale qui est lancée. Les enseignants ont demandé un recours gracieux au chef de l’Etat. Deuxièmement, nous avons vu que des retraités ont signé la motion. Dans un pays normal, un retraité ne devrait pas signer une motion. En cas de défalcation, est-ce qu’on va lui faire une défalcation sur pension ? C’est une aberration ». Thierry Dovonou se demande aussi pourquoi au lieu d’aller faire sit-in à l’assemblée où se votent les lois, les Centrales syndicales veulent faire une grève générale, et pourquoi les agents du ministère n’ont pas voulu régler leur problème par une grève sectorielle.
C.U.P....