L’image du ministre Barthélémy Kassa sur la télévision nationale, haranguant les populations rurales lors de l’inauguration des poteaux électriques, est pathétique. Et au-delà de la question de l’intérêt du contenu des propos du ministre de l’Energie, se pose celle de l’efficacité de la stratégie communicationnelle du gouvernement pendant ces moments plutôt troubles.
Les stratèges politiques du Chef de l’Etat ont choisi l’offensive pour contrer les critiques et attaques qui pleuvent depuis peu sur l’Exécutif. Soit ! Cela est de bonne guerre. Empêtré dans une spirale d’échecs et de couacs depuis 2006, les gouvernements successifs s’efforcent de redresser la barque qui tangue. Cette nouvelle stratégie communicationnelle plus ou moins agressive des membres du gouvernement pêche par son flou et son évidente impréparation. Car dans cet empressement de justifier, ou de répondre aux critiques, certains thuriféraires des Fcbe passent à côté de l’essentiel. Un dernier exemple assez caricatural de cet état de fait, le tour de chauffe que se sont imposé les ministres le week-end écoulé. Ils ont pris d’assaut les grandes villes du Bénin, pour défendre la politique menée par Yayi Boni. Sur les réseaux sociaux, on peut aussi noter une forte effervescence. Les arguments, l’opposition trop pressée de prendre le pouvoir d’Etat. Ou, les syndicalistes et les membres de la société civile qui se mêlent de la politique. C’est assez simple comme raisonnement. Mais, on l’aura compris, les Forces cauris pour un Bénin émergeant (Fcbe) refusent la critique, et tirent en touche.
L’Exécutif cherche désespérément un second souffle
C’est une réplique frontale, mais mal ficelée. Car aujourd’hui l’impression est forte que le gouvernement est acculé, et a le dos au mur. Ne serait-ce que par son incapacité à résorber l’inflation et le chômage. L’Exécutif cherche désespérément un second souffle, pour effacer ce sentiment de malaise et de mal-être dénoncé par les uns et les autres. Le mieux-être et cette « prospérité partagée » tant promise tardant à venir. A force de tirer la sonnette et de crier dans le désert, le Clergé, la classe politique et la Société civile ont fini par abandonner la cause. On ne le répétera jamais assez, si le mandat de l’actuel locataire de la Marina se termine en avril 2016, pourquoi ressent-on le besoin d’organiser autant de meetings à sa gloire. Cette immense fortune dépensée, des deniers puisés dans les maigres ressources de l’Etat, ne devraient-ils pas servir à autre chose ? Et pourquoi cette armada de ministres de la République pour défendre le bilan d’un Chef de l’Etat dont le mandat tire vers sa fin ? Ces ministres ne seraient-ils pas plus utiles ailleurs ? N’ont-ils pas d’autres chats à fouetter, des défis à relever dans leur département ministériel ?
L’opposition à l’affût
Heureusement, depuis quelques mois on a noté une nouvelle effervescence dans le débat politique. L’opposition toujours tétanisée par le fameux K.o et ses dommages collatéraux, semble enfin se réveiller de sa léthargie. Sous l’égide du Président de l’Union fait la Nation (Un) Bruno Amoussou et grâce à la vivacité d’esprit de certains députés, l’opposition et quelques snipers de la mouvance, marquent désormais le gouvernement à la culotte. Et chacun de ses couacs est brocardé. De la campagne cotonnière plombée, à la Lépi difficile à trouver, en passant par les élections communales qui se font attendre, rien n’a été au hasard. L’opposition, y compris un Prd qui a fini par s’y mettre aussi, scrutent à la loupe les derniers pas du « Yayisme ». Une opposition à l’affût qui saisit chaque occasion pour éclairer la lanterne des populations, et dénoncer les excès, dérives et faiblesses du gouvernement. N’eût été le refus de l’Ortb d’ouvrir ses plateaux aux leaders de l’opposition, l’on aurait eu droit à de bons moments politiques sur la télévision nationale. Ce qui devrait être l’une de ses missions premières. Mais hélas ! Un silence perturbant continue de ronronner à l’Ortb. Enfin, la question qui s’impose, quelle lumière peut-elle jaillir de ce long monologue. Et c’est là que le bât blesse. En lieu et place d’arguments convaincants et chiffrés, il y a comme un flou. On aurait aimé des débats de fonds, avec force arguments sur les plateaux télé. Mais malheureusement il n’y a plus de débats contradictoires. Et les vœux de l’Union fait la Nation restent pieux, comme tombés dans des oreilles de sourds. Visiblement la mouvance fuit le débat, incapable de fournir aux populations les explications auxquelles elles ont droit. Il faut revoir cette stratégie communicationnelle. En effet, soulever les foules, et créer des émotions folles et populaires, ne défendra pas le bilan du régime de la Refondation.
