L’administration publique béninoise est une fois encore paralysée pour 48 heures. La rencontre Gouvernement/syndicats initiée lundi 13 janvier 2013 a suscité un brin d’espoir mais n’a rien donné. Le mot d’ordre est toujours respecté et les salles de classes et bureaux étaient en grande majorité fermés dans la journée d’hier mercredi 15 janvier 2014. Seulement, les conditions posées par les syndicalistes ont du mal à trouver satisfaction.
Les travailleurs ne démordent pas. Le constat hier dénote de ce que le bras de fer est encore entier. Le mot d’ordre de grève est respecté. Dans presque tous les ministères, seul le personnel des cabinets est présent pour gérer les instances. Dans les collèges et universités, quelques vacataires sauvent les meubles. On pensait que la situation allait se régler avec la récente rencontre que les syndicats ont eue avec des membres du gouvernement, mais à la fin, on s’est rendu compte aux dires des syndicats que ce n’était qu’une rencontre de plus. En effet, ils étaient cinq ministres à être délégués par le Chef de l’Etat pour échanger avec les responsables syndicaux sur leurs différentes revendications. Il s’agit des ministres de l’Environnement, Raphaël Edou, de l’Enseignement primaire, Eric N’Dah, de l’Evaluation des politiques publiques, Antonin Dossou, de l’Urbanisme, Christian Sossouhounto et de la Fonction publique et du Travail, Martial Sounton. Du côté des syndicats des travailleurs, il y avait les Secrétaires généraux de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Paul Essè Iko, de la Centrale des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), Dieudonné Lokossou, de la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin) Noël Chadaré, de la Confédération générale des travailleurs du Bénin, (Cgtb), Pascal Todjinou et de Laurent Mètognon, de la Fesyntra-Finances. Après plusieurs heures de discussions, les deux parties n’ont pas pu accorder leurs violons. En effet, au début de la rencontre, les syndicats ont posé comme préalable le limogeage du préfet de l’Atlantique/Littoral, Placide Azandé, et du Commissaire central de la ville de Cotonou, Pierre Agossadou. Ils ont en outre demandé que le gouvernement satisfasse leurs revendications liées au respect des libertés fondamentales et à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. A propos de ces revendications, le gouvernement n’a pas pipé mot. « Il s’est livré à d’autres débats. Le gouvernement est de mauvaise foi. Il ne veut pas régler nos revendications. Cela a suscité en nous des frustrations » a fait savoir Sg/Cstb, Paul Esse Iko.
La rencontre a tourné court et les conséquences sans appel
La conséquence directe de l’échec des négociations a été la reconduction de la grève. En effet, exaspérées par l’issue de la rencontre, les Centrales syndicales ont organisé mardi 14 janvier 2014 une conférence de presse à la Bourse du travail à Cotonou pour crier leur ras-le-bol. Dénonçant l’échec des négociations, elles ont fait savoir que les ministres ont fait du dilatoire. Face à cette situation, elles ont décidé de mettre en exécution leur menace de grève. « La grève de 48h est maintenue. Nous allons paralyser toute l’administration publique à partir de ce jour. Nous avons le soutien des acteurs de la société civile » a martelé le Sg/Cosi-Benin, Noël Chadaré. Pour le Sg de la Fesyntra-Finances, Laurent Mètognon, rien ne peut se régler sans le limogeage du Préfet Placide Azandé et du Commissaire centrale, Pierre Agossadou.
Claude Ahovè et Jules Yaovi Maoussi
Ils ont dit……..
Pascal Todjinou, Sg/Cgtb
« La grève que nous observons n’est pas dirigée contre une personne. Nous réclamons à travers cette paralysie, notre liberté fondamentale, notre liberté d’aller et de venir, de s’associer et de marcher sans être inquiété. Ceux qui disent autre chose ne savent pas de quoi demain sera fait. La grève démarre bel et bien demain mercredi 15 janvier 2014 »
Laurent Mètognon, Sg/Fesyntra
« Sans le limogeage du Préfet Azandé et du Commissaire central, Pierre Agossadou, on ne peut pas discuter avec célérité avec le gouvernement. Le préalable pour nous, c’est leur relèvement »
Paul Esse Iko, Sg/Cstb
« La Motion de grève n’a pas varié. Nous n’avons pas trouvé de solution à nos revendications. Au lieu de régler nos problèmes, ils sont passés à des analyses qui n’ont aucun effet sur eux. Ils nous ont dit qu’il faut qu’on se parle. Nous leur avons dit que l’objet de la rencontre n’est pas de parler. Il faut qu’ils règlent nos revendications. Nous irons jusqu’au bout de notre lutte. Tant que le gouvernement ne vas satisfaire nos revendications, nous n’allons pas démordre »
Un mouvement mitigé dans le Zou et les Collines
Dans les départements du Zou et des Collines, on a eu droit à un mouvement de débrayage mitigé. Un tour dans les écoles, collèges et lycées nous a permis de constater que tous les enseignants ne sont pas acquis à la cause. Pendant que certains sont à la maison, d’autres préfèrent venir gagner leur pain de peur de se faire défalquer. Interrogés, ceux qui sont en poste disent n’avoir pas reçu la motion de grève. Par conséquent, ils ne maîtrisent pas son contenu. Pour Joseph Anagonou, secrétaire départemental Zou-Collines de la Csa-Bénin, le constat mitigé de la grève n’est pas synonyme d’échec parce que, dit-il, aucun mouvement ne peut être suivi à cent pour cent. Cependant, il compte, avec ses autres collègues, travailler afin de convaincre les réticents. Au niveau du service de recette perception du trésor public, des directions des impôts et même dans les cours et tribunaux, les portes sont hermétiquement fermées. Dans les hôpitaux, même si le mouvement n’a pas été observé, les services tournent au ralenti. Les travailleurs faut-il le rappeler, dénoncent l’attitude belliqueuse du gouvernement, protestent contre sa volonté délibérée d’appauvrir et de remettre en cause les acquis démocratiques. Ils exigent, en conséquence le relèvement de leurs fonctions de Placide Azandé, préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, et du commissaire de Cotonou, Pierre Agossadou. Ils demandent également l’annulation des concours frauduleux organisés au profit du Ministère de l’Economie et des Finances ; le relèvement à 60.000 FCfa du Smig ; la restitution des défalcations sur salaire pour fait de grève et le payement aux agents permanents de l’Etat y compris les enseignants, des 25% d’augmentation décidé en 2011. En cas de non satisfaction des revendications, ils tiennent responsable le gouvernement des déconvenues qui découleraient de son entêtement.