Le débrayage qui a cours actuellement dans l’administration publique au Bénin, n’a pas épargné le secteur de la santé. Suivi et peu suivi par endroits, ce mouvement de grève ne manque pas de conséquences.
« J’ai une sœur qui a accouché ici depuis le lundi dernier et il se fait que jusqu’à vingt heures, il n’y avait personne pour s’occuper d’elle. C’est à vingt heures trente minutes qu’on nous a envoyés une aide soignante pour s’occuper de la jeune maman.
Ni la maman, ni le bébé n’ont reçu aucun médecin, aucune sage-femme. Ce n’est qu’hier mercredi que nous avons pris sur nous la responsabilité d’amener l’enfant voir un pédiatre privé. La maman et le bébé devaient sortir depuis hier, mais nous n’avons pas pu obtenir l’autorisation de sortie… »
Ce récit est celui de Boris Nahum, rencontré hier à l’Hôpital de la mère et de l’enfant Lagune (HOMEL). Peu après neuf heures et aux côtés d’un autre parent, le visage perdu, l’air triste, cet homme, la trentaine environ, venait pour une énième fois de se heurter au silence des portes de la directrice dudit hôpital et de son secrétariat. Raison de grève ? Absence ? Toujours est-il que accroché à son téléphone portable,
il attendait vainement une autorisation de sortie pour conduire ses parents vers un centre de soins privé.
Amer et dépité, il s’est interrogé de savoir ce qu’est devenu « le serment d’Hippocrate ». Pour lui en effet, « aller en grève ce n’est pas l’anarchie » et la situation semble d’autant plus incompréhensible à ses yeux car, il estime être dans « le seul hôpital de référence pour la mère et l’enfant au Bénin ».
Dans la matinée d’hier mercredi 15 janvier, l’ambiance habituelle de l’HOMEL n’était pas au rendez-vous. De longues files de femmes enceintes assises sur les bancs du couloir de la caisse, contractaient avec la faible présence des agents de santé…
on pouvait en déduire que le mouvement de débrayage décrété par plusieurs organisations syndicales a eu son effet. Mais on n’en saura pas davantage sur les mobiles de cette situation. Car, en dehors de l’absence de la première autorité de l’hôpital pour s’expliquer, il n’était pas possible d’échanger avec les patients, encore moins leurs parents, le personnel soignant et pis, avec les responsables syndicaux de l'HOMEL.
« Filtrez l’entrée » !
Dans la matinée d’hier, notre équipe de reportage, une fois repérée par certains responsables de l’HOMEL a été éconduite. « Qui vous a laissé entrer ? Allez chercher l’information ailleurs en dehors de l’HOMEL… »
Ce sont là, quelques propos tenus par l’un de nos interlocuteurs qui, selon nos recoupements, devrait être la responsable à la communication du centre. « Ne laissez plus aucun journaliste entrer et filtrez l’entrée », enjoint-elle par la suite à un des éléments en charge de la sécurité.
Egalement présente à ses côtés, la surveillante générale de l’hôpital qui elle a préféré jouer à la carte de l’apaisement.
Grève en demi-teinte au CNHU
Le Centre hospitalier universitaire-Hubert Koutoukou Maga n’a pas été vraiment mis en difficulté par le mouvement de débrayage voulu par les principales organisations syndicales.
Dans la matinée d’hier, les impacts de la grève étaient peu visibles. Dans la plupart des services sillonnés, le personnel soignant était en place. Selon les informations recueillies sur place, seule la «consultation flotte au niveau de certains services». Au même moment, le personnel de certaines entités comme la Clinique universitaire de gynécologie obstétrique (CUGO) aurait fait l’option de rester en marge dudit mouvement et de travailler, comme si de rien n’était. Toute chose qui pouvait aisément s’observer hier.