Ainsi tanti Zizi, la doyenne d’âge de l’Assemblée nationale a désormais une successeuse. C’est une relève qui vient de démarrer en trombe. Avec tout son courage et la sa ténacité qui sont désormais connus, Me Hélène Kêkê et ses collègues de la Commission des lois ont dit un niet retentissant et bien sonnant à Théodore Holo et ses camarades de la Cour constitutionnelle.
Quelle bravoure ! Quel sens de l’honneur ! Aholou djè nawé loo (l’honneur dû à une reine lui sied à merveille, Ndlr). Hélène Kêkê mérite d’être honorée et célébrée pour son courage et pour sa témérité. Cela n’étonne guère… elle est une dame qui ne se laisse pas marcher sur les plates bandes. Son honneur lui tient comme les prunelles de ses yeux. Elle vient de prouver qu’elle est la fille de son père et surtout qu’elle mérite bien d’être une bonne épouse de la famille Aholou.
En pays Goun, on appelle ça, se fait respecter.
Pour la Présidente de la Commission des lois, la Cour de Holo n’avait pas à leur faire une injonction pour voter une loi de finances sous quelle forme que ce soit. Encore que la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 en son article 110 est on ne peut plus claire : « L’Assemblée nationale vote le budget en équilibre. Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée à la date du 31 décembre, les dispositions du projet de loi de finances peuvent être mises en vigueur par ordonnance. Le Gouvernement saisit, pour ratification, l’Assemblée nationale convoquée en session extraordinaire dans un délai de quinze jours. Si l’Assemblée nationale n’a pas voté le budget à la fin de cette session extraordinaire, le budget est établi définitivement par ordonnance ».
A-t-on besoin d’être un grand juriste pour lire et comprendre cette disposition constitutionnelle ? Quelle mouche a alors piqué Holo et ses collègues de la Cour constitutionnelle à se fourvoyer dans les dédales sordides d’une décision aussi saugrenue qu’incomprise. N’est-on pas aujourd’hui fondé à s’interroger sur le pompeux titre de « sages » par lequel on appelle souvent les Conseillers à la Cour constitutionnelle du Bénin ?
Le fétiche a perdu de sa superbe
Si elle était un fétiche à qui était accordé tout le respect dû à son rang, on est en droit aujourd’hui de commencer par s’interroger sur le pouvoir que détient encore ce fétiche. Tellement qu’il a perdu de sa superbe depuis qu’il a commencé par produire des œuvres (décisions) qui l’affaiblissent et lui ôtent tout sérieux. Le mythe qu’incarne ce fétiche, hier craint, est aujourd’hui tombé et mourra de sa propre mort. Les gardiens du temple ont, par leurs actes, profané, par eux-mêmes, le temple. Dans ces conditions, les fidèles sont-ils encore tenus à un respect des obligations qui leur étaient faites de respecter les consignes et les usages du fétiche. Les chefs féticheurs nous ont fait constiper, ils nous ont fait détourner du droit chemin. Nous sommes devenus des orphelins. Mais grâce à Hélène Kêkê épouse Aholou, on a commencé par voir en nous une certaine confiance. Un brin d’espoir qui nous fait dire qu’il y a encore dans le pays de braves hommes surtout de braves femmes qui ont encore le sens de la République. Ils ne sont pas encore prêts à accepter un bradage du sens de la République et de l’honneur qui doit animer tout membre d’une Institution constitutionnelle. La copie de Théodore Holo et compagnie leur est donc renvoyée après que la présidente et les membres de la Commission des lois de du Parlement s’en sont torchés. Et comment. La Cour constitutionnelle a violé la loi fondamentale, ont-ils clamé haut et fort. Comme quoi, ayant failli à sa mission à en croire cette décision de la Commission Kêkê Aholou, les députés viennent de renvoyer les membres de la Cour constitutionnelle à leurs pénates. A quel prix, la Cour a-t-elle tenté de réviser de manière aussi grotesque la loi fondamentale ? Désormais donc, nous sommes en plein cœur et installés au sein d’une crise institutionnelle. Et jusqu’à quand le drap sera tiré d’un côté ou l’autre ?
En attendant, c’est avec admiration que nous disons : « Maman Hélène Kêke, ogan djèwé... Dougbè ma payé ! »