La gouvernance locale fait l’objet d’une attention particulière depuis la mise en œuvre de la réforme de la décentralisation qui vise à dépolitiser l’administration communale afin d’améliorer la gestion des collectivités à la base. Cependant, l’intercommunalité reste un axe important pour l’atteinte de cet objectif, dans un contexte où la coopération décentralisée peine à porter ses fruits.
« Les relations avec nos communes sœurs sont au beau fixe ». Joseph Hounkanrin, maire d’Akpro-Missérété, se réjouit de la collaboration existante entre les administrations locales et fait savoir qu’elle est bénéfique pour le développement des communautés. De son expérience de la Communauté des communes de l’Ouémé (Cco), il retient que plusieurs problèmes sont résolus sur le plan local. Dans la Communauté des communes de l’Ouémé, les communes d’Adjarra, Adjohoun, Aguégués, Akpro-Missérété, Avrankou, Bonou, Dangbo, Porto-Novo et Sèmè-Podji se tiennent la main afin de faire face aux enjeux notamment en termes de sécurisation et de mobilisation de ressources et de formation. « Il faut retenir que les maires de la 4e génération de la décentralisation se consultent sur beaucoup de sujets. Dans le département de l’Ouémé, par exemple, nous sommes ensemble dans le programme Approche communale pour le marché agricole phase 2 (Acma2) et nous nous mettons ensemble pour le prélèvement de la Taxe du développement local… », a expliqué le maire Joseph Hounkanrin de la commune d’Akpro-Missérété. En effet, dans le souci d’améliorer les conditions de vie des acteurs des pôles d’entreprises agricoles du Bénin, le programme Approche communale pour le marché agricole phase 2 (Acma2) a construit des infrastructures et équipements marchands dans certaines communes du Bénin. Ces infrastructures ont changé l’environnement des affaires dans sa zone d’intervention et renforcé la collaboration entre les communes pour la création de richesse et la mise en place d’un marché commun. Pour le maire d’Akpro-Missérété, cet exemple dénote que l’intercommunalité à de beaux jours devant elle.
La départements de l’Atlantique et du Littoral ont souvent passé en revue les possibilités de complémentarité entre les différentes collectivités territoriales afin de capitaliser les atouts de chacun, de construire une synergie et de faire jouer la solidarité entre acteurs locaux dans l’intérêt des communautés. L’Association des communes de l’Atlantique et du Littoral (Acal) regroupe les communes d’Abomey-Calavi, Allada, Cotonou, Kpomassè, Ouidah, Sô-Ava, Toffo, Tori-Bossito et Zê.
A en croire Bibiane Adamazè Soglo, maire de la commune de Toffo, l’Acal œuvre pour la défense des intérêts de ses membres, et les accompagne à bien accomplir leur mission de développement à la base. Elle fait savoir que ce creuset est un membre actif de l’Association internationale des maires francophones et à ce titre s’investit dans le sens de la coopération sud-sud et nord-sud. « Ces creusets nous permettent de décrocher des projets. Vous verrez surtout les impacts dans les départements du Borgou et de l’Alibori, parce que dans ces départements, les gens s’entendent mieux… », a soutenu Bibiane Adamazè Soglo.
Après les premières heures de la décentralisation consacrées à la coopération décentralisée, les communes se sont rendu compte des montants faramineux dépensés, à la recherche d’assistances auprès des communes plus émergentes.
Fin du rêve de l’assistanat
Les caisses des collectivités ont saigné dans cette course aux voyages des autorités locales alors que les fruits n’ont souvent pas tenu la promesse des fleurs. Quelques années après ces aventures, un nouveau vent souffle sur la gouvernance locale pour une gestion plus rationnelle aussi bien des ressources propres que des ressources allouées par l’Etat central. Dans ce contexte, l’intercommunalité a pris une place importante dans les politiques, et les associations régionales et départementales de communes œuvrent davantage à la satisfaction des intérêts de leurs membres. L’illusion de l’assistance laisse petitement place à la mise en œuvre de modèles de réussite expérimentés sous d’autres cieux. D’ailleurs, les partenaires techniques et financiers (Ptf) s’inscrivent désormais dans cette dynamique. La collaboration entre l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb) et les associations régionales et départementales de communes s’est renforcée et à travers le Projet d’appui aux Associations nationale et locales de collectivités locales du Bénin (Paacol), les Ptf ont manifesté leur adhésion à cette nouvelle orientation dans la structuration au niveau de la gouvernance locale. Ainsi, il faudra travailler à lever les goulots d’étranglement à la mise en œuvre des projets au niveau des associations régionales et départementales de communes du Bénin.
Lever les obstacles
« La relation d’intercommunalité que nous avons permet de sauvegarder la ressource. Quand Avrankou sauvegarde la ressource d’Ifangni, Porto-Novo sauvegarde celle d’Avrankou, et vice versa. C’est parce que nous avons un contrat d’accord parties entre ces communes qui est la manifestation de l’intercommunalité », a souligné le maire Joseph Hounkanrin. Pour le prélèvement des taxes au niveau des parcs, une dynamique est mise en place de sorte que le conducteur ne puisse pas traverser Porto-Novo sans prendre par un petit détour, au niveau du pont, avant de poursuivre, et le contrôle fait à ce niveau est inter, c’est-à-dire entre les communes, étant donné que toutes les valeurs qui sont placées depuis Igolo en passant par Avrankou, Adjarra et Porto-Novo y sont contrôlées. « Et lorsque vous ne respectez pas ces normes, les véhicules sont immobilisés. Cependant, il y a des difficultés que jusque-là nous arrivons à solutionner… », a expliqué le maire. Par exemple, indique-t-il, la taxe Tdl prélevée à Avrankou ne doit plus être réclamée à Ifangni, mais il arrive que certains individus mal informés ou ayant la volonté de mettre les bâtons dans les roues immobilisent les véhicules qui sont chargés, et qui ont quitté Avrankou pour Igolo et réclament nécessairement les taxes.