Loin de s’améliorer, la conjoncture mondiale s’empire, impactant négativement le secteur des hydrocarbures et contraignant les gouvernements à revoir les prix de l’essence et du gasoil pour permettre la poursuite de l’activité économique dans leurs pays. Le Bénin pourrait-il durablement rester en marge de cette réalité ?
Depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui a fait grimper les cours du pétrole et d’autres matières premières, le prix de l’essence est devenu un sujet d’actualité brûlant dans le monde. Avec l’évolution de la situation économique au niveau mondial, certains pays comme le Bénin sont contraints à faire un choix courageux dans le secteur des hydrocarbures : soit le gouvernement opère un réajustement des prix à la pompe notamment en ce qui concerne l’essence et le gasoil, soit il maintient les tarifs actuels et le pays court inexorablement vers une rupture totale de ces produits. D’ailleurs, ce réajustement aurait dû se faire depuis juin dernier, selon la décision du gouvernement, la stabilisation des prix était prévue pour trois mois. Cette décision ayant été prise en mars dernier, il va de soi que l’échéance est largement écoulée et que le surplus de temps de maintien des tarifs malgré et contre tout, n’est que le fruit de la tendance permanente du gouvernement à orienter ses actions vers le social. Mais la réalité des faits ne lui donne plus le choix. Il aura déjà épuisé toutes les cartes, loin devant certains gouvernements d’autres pays qui n’ont pas hésité à courber l’échine et à pratiquer les vrais prix depuis plusieurs mois. Les exemples en la matière sont légion. En Côte d’Ivoire, le litre d’essence est passé de 735 F Cfa à 775 F Cfa depuis le 1er octobre dernier au moment où celui du gasoil a fluctué de 615 F Cfa à 655 F Cfa. Le Togo ne déroge pas à la règle. Dans ce pays, depuis juillet dernier, le litre de l’essence est passé de 625 F Cfa à 700 F Cfa et celui du gasoil est passé de 660 F Cfa à 850 F Cfa par litre soit une hausse de 190 F Cfa.
Au Niger, pour compter du 1er août dernier, le prix du litre de gasoil est passé de 538 à 668 F Cfa soit une augmentation de 130 F Cfa par litre. Même constat au Burkina Faso où depuis mi-août dernier, l’essence est passée de 715 à 750 F Cfa le litre, et le gasoil de 645 à 675 F Cfa.
Une remarque pertinente à faire, c’est que malgré qu’ils soient des producteurs de pétrole, le Niger et la Côte d’Ivoire ont dû faire un réajustement de leurs prix. Cela s’impose désormais comme une mesure de survie.
Les raisons d’un réajustement
Avant la guerre en Ukraine, l’Etat subventionnait les produits pétroliers à hauteur de cinq milliards F Cfa en moyenne par mois. Mais avec les effets pervers de cette guerre russo-ukrainienne, le niveau de subvention est monté à plus de 12 milliards F Cfa par mois, soit plus de 70 milliards F Cfa en six mois. Ce qui reste sans aucun doute un effort significatif. Contraint par le contexte international, le gouvernement se voit bien obligé de revenir à ses taux habituels de subvention. De ce fait, les importateurs nationaux, s’ils ne veulent pas mettre la clé sous le paillasson, devront pratiquer les prix de revient que leur impose le marché international. C’est la seule possibilité qui s’offre à eux, même la mort dans l’âme, pour préserver les multiples emplois directs et indirects à leur niveau, continuer à assurer l’approvisionnement régulier du pays en essence et gasoil, deux produits de grande consommation dont la rupture causera d’énormes dommages au tissu économique national.
Pour sa part, bien que le contexte lui offre peu de marge de manœuvre, il n’est pas à exclure que le gouvernement continue par maintenir les coûts à un niveau tenable pour les citoyens. Ce serait une autre manière de continuer le social contre vents et marées.