C’est une très lourde charge. Il faut dire que c’est une aventure qui a commencé depuis Abuja où nous avons participé la première fois aux travaux du REPAM-CDS pour le compte de la République Démocratique du Congo et nous y avons cru. Cette année, la Conférence a été organisée ici chez nous et j’ai été désigné pour présider la destinée de ce réseau, un très grand réseau qui évolue dans le domaine sécuritaire mais aussi dans le domaine de la Défense qui est un domaine assez sensible. Mais la particularité de ce réseau est que ça permet à nous tous députés nationaux, mais aussi présidents des commissions Défense et Sécurité de nos pays respectifs, non seulement de nous retrouver et d’échanger nos expériences, mais aussi et surtout c’est un grand réseau qui nous permet de faire du lobbying pour que nous puissions nous soutenir mutuellement. C’est quelque chose qu’on va essayer d’accentuer encore davantage pendant que je serai président. On va essayer aussi d’ouvrir le réseau à d’autres pays d’Afrique qui ne sont pas encore membres à ce jour sans pour autant bien évidemment négliger le fait que le réseau doit être connecté à d’autres réseaux du monde qui existent et je crois qu’il y a un travail qui a déjà commencé dans ce sens.
Quelles seront vos priorités en matière sécuritaire au cours de votre mandat ?
Je crois que je ne voudrai pas le dire maintenant, mais il faut seulement retenir que nous allons mettre l’accent sur nos relations en tant qu’Etats africains et donc il y aura une diplomatie parlementaire que je vais vraiment accentuer ensemble avec les autres collègues pour que je puisse me rassurer que malgré nos divergences, évidemment politiques au niveau de nos États respectifs, on peut toujours garder le contact en tant que parlementaires. Et je pense que c’est une possibilité de trouver par moment des solutions dans un contexte parfois très complexe, sans pour autant tenir compte de nos relations d’Etat à État. Et je crois que nous sommes déjà en train de l’expérimenter. Ne pensez pas que tous ceux qui sont venus aujourd’hui, leurs pays sont forcément en de très bonnes relations les uns avec les autres. C’est aussi une occasion de retrouver des collègues avec lesquels nous avons des problèmes sécuritaires d’Etat à État, mais ça nous donne l’occasion d’échanger, de comprendre certaines choses. Vous avez vu le président de la commission Défense et Sécurité de la France. Il ne faut pas oublier que la France a présenté une des résolutions au Conseil de sécurité et qui a renforcé la mesure qui ne permet pas à la République Démocratique du Congo de se procurer en armes et ça c’est un problème sérieux pour notre pays qui fait que nous ne sommes pas vraiment en très bons termes avec la France par rapport à cette position qu’ils ont eu à prendre. Mais ici avec le REPAM, non seulement on s’est retrouvé avec mon collègue président de la commission Défense de l’Assemblée française, non seulement on a eu le temps d’échanger, mais je vais encore le revoir pendant qu’il est à Kinshasa et donc ce sont des rencontres que nous allons essayer d’accentuer de façon à résoudre de manière parlementaire certains problèmes qui peuvent peut-être ne pas être possibles d’être résolus au niveau nos États respectifs.
La situation sécuritaire mondiale est assez mauvaise avec une guerre de haute intensité en Ukraine. Il y a beaucoup de petites guerres en Afrique, beaucoup de groupes armés, des djihadistes un peu partout, qu’est-ce que vous pouvez dire pour motiver les uns et les autres à continuer à croire en la paix notamment sur le continent africain ?
La sécurité et la paix sont des questions de responsabilité et je voudrais ici responsabiliser tout le monde, tous les décideurs africains et ceux du monde. Je n’hésiterai pas d’ailleurs à appeler la jeunesse surtout qui est très exposée par rapport aux groupes armés qui pullulent en Afrique. Je pense qu’il faut garder espoir. Il y a une nouvelle génération qui est en train d’arriver et qui s’impose petit à petit et ça j’appelle une alternance générationnelle. Et donc il faudrait que nous prenions conscience et que nous puissions travailler de manière à ce que nous puissions changer et impacter positivement notre avenir dans nos pays respectifs. Je crois qu’avec le réseau, les parlementaires africains, on a commencé à expérimenter cela et donc c’est toujours possible de trouver des solutions. Il ne faut pas perdre espoir.
Au terme de cette rencontre axée sur la nouvelle forme de coopération entre l’Afrique et l’Europe, comment pensez-vous que l’Afrique puisse défendre ses intérêts ?
C’est une question de sincérité dans nos relations et vous avez suivi les ateliers qui ont eu lieu, la sécurité on ne peut pas la sous-traiter. Il faudrait que l’Afrique se prenne en charge. Il faudrait que nous puissions comprendre que nous sommes le seul responsable de notre sécurité et je pense que par rapport à nos relations avec l’Europe, à un certain moment, il faudrait que l’Europe comprenne que nous sommes partenaires. Ce n’est pas une question d’aide mais plutôt une question de partenariat, de collaboration et pour ça, pour nous africains, il faudrait une certaine attitude qui va dans le sens de la responsabilité telle que je l’ai évoqué. Et donc c’est l’occasion ici de dire que ce partenariat Afrique-Europe est possible si et seulement si nous sommes sincères dans cette relation mais aussi et surtout que nous puissions avoir les mêmes objectifs à savoir la paix et la sécurité de nos populations.
Êtes-vous pour la diversité des rapports de coopération entre l’Afrique et le reste du monde ?
Je pense qu’on ne peut pas limiter car l’Afrique est ouverte. Nous souhaiterons avoir de bons rapports avec tous les pays du monde, avec tous les continents et donc c’est une question de vision, de volonté et de politique sécuritaire que nous avons au niveau de l’Afrique. C’est donc possible à travers nos différents parlements africains, si nous soulevons tous la même vision, la même façon de voir les choses, la même volonté et la responsabilité que nous avons pour instaurer la paix et la sécurité en Afrique, nous allons y arriver.
Comment comptez-vous sur le plan de la diplomatie parlementaire, faire en sorte que la plupart de parlements africains puissent avoir à cœur cette question de la sécurité et faire en sorte que ça aboutisse au niveau des gouvernements ?
Il faut reconnaitre qu’il y a déjà un travail qui a été fait. En tant qu’organisateur de la 6ème Conférence du REPAM-CDS, j’ai été à Brazzaville. J’envisage effectuer un déplacement vers le Rwanda pour échanger avec mon collègue de la commission Défense et Sécurité de ce pays cité comme agresseur du mien, mais j’entretiens un rapport avec mon homologue du Rwanda. Il est question que nous puissions échanger, approfondir et peut-être qu’à notre niveau, nous pouvons déjà lever l’équivoque. Celui du Burundi était là. Ce sont nos pays voisins et nous sommes dans l’obligation de continuer à aller, à prêcher la paix et la sécurité. Je suis même dans l’obligation de le faire au-delà de tout, parce que j’appartiens à un parti politique où mon président Vital Kamerhe ne fait que ça : prêcher la paix à travers une tournée qu’il vient de faire. Je vais faire la même tournée, mais au niveau de pays africains.