Gestion et conservation de la biodiversité des crustacés décapodes du Bénin : L’inventaire au cœur d’un programme de recherche à l’Uac
20 octobre 2022
L’inventaire de la biodiversité des décapodes est à ce jour encore mal connu au Bénin par manque de compétences. Des révisions systématiques sont donc nécessaires pour plusieurs taxons. Un atelier est alors initié à cet effet et vise à renforcer d’une part les lacunes de connaissances en taxonomie et en gestion des collections par la formation des spécialistes locaux et d’autre part à élaborer une base de données (inventaire) actualisée de la faune carcinologique béninoise. Débuté ce jeudi 13 octobre 2022 au Laboratoire de Recherche sur les Zones Humides (LRZH) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), ledit atelier va durer trois jours. Ceci contribuera à une meilleure connaissance de la gestion et de la conservation de la biodiversité des espèces au Bénin.
« Taxonomie et gestion des collections de crustacés décapodes du Bénin ». C’est le thème qui meuble le projet initié par Dr Cédric D’UDEKEM D’ACOZ de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique et Co piloté par Dr Appolinaire GOUSSANOU de l’Université d’Abomey-Calavi afin de mieux inventorier, gérer et conserver la biodiversité des espèces au Bénin.
Pour ce faire, une campagne d’échantillonnage de 10 jours a été organisée du 03 au 12 octobre 2022 dans les écosystèmes humides du Sud-Bénin (enrochements de la côte Est du Bénin, lagune côtière, lac Ahémé, fleuve Mono, fleuve Couffo, rivière HLAN et les milieux marécageux d’Allada). « Nous avons collecté des spécimens vivants de crustacés décapodes dans les milieux prospectés, nous les avons pré-identifiés, sexés, photographiés, encodés puis fixés directement dans de l’alcool et des organes ont été ensuite prélevés pour les études moléculaires futures (codes-barres ADN) », explique Dr Cédric d’UDEKEM D’ACOZ.
Selon ce dernier, l’objectif est de documenter la diversité des espèces, pour avoir un témoin de l’état de la faune carcinologique actuelle, ce qui pourrait changer dans l’avenir s’il y a dégradation des milieux. Aussi, le projet permettra de documenter le taxon par la constitution d’une collection de référence pour les activités d’enseignement, scientifiques, culturelles, etc... Pour cela, il faille faire un inventaire plus poussé. « Le Dr GOUSSANOU va continuer à échantillonner dans les autres écosystèmes du Bénin après mon départ et d’ici un an et demi, je reviendrai pour une deuxième campagne d’échantillonnage », a-t-il précisé.
Selon le scientifique, les crustacés jouent un rôle important au sein des écosystèmes aquatiques. Ils interviennent à différents niveaux trophiques comme détritivores, prédateurs et proies, etc. C’est un taxon assez diversifié qui compte plusieurs espèces d’intérêt commercial et alimentaire et à ce titre mérite une attention particulière.
A en croire Dr Appolinaire Goussanou, cette étude a aussi une importance écologique parce qu’elle permettra de répertorier les espèces invasives, d’évaluer leur distribution géographique et de proposer des mesures de luttes et de restauration. Dr Goussanou affirme que ce projet contribuera également à l’identification des espèces candidates à la carcinoculture (élevage des crustacés). Le développement de cette filière contribuera selon lui à la sécurité alimentaire, à la création d’emploi et de revenus et à la réduction de la pauvreté.
Trois jours durant, huit participants venus de plusieurs structures (Uac, Université Nationale d’Agriculture de Kétou, ONGs Rescousse à la nature, Cercle d’Action pour la Protection de l’Environnement et de la Biodiversité et Terre Vie et Humanisme, Faculté des Sciences Agronomiques) vont bénéficier de ces nouvelles connaissances. « Au cours de ces trois jours de formation, nous aurons à renforcer les capacités des participants sur les techniques d’identification, de numérisation, de gestion des collections et de traitement des données sur les crustacés décapodes », a martelé Dr Appolinaire GOUSSANOU.
Par ailleurs, le Dr Lagnika Moïssou a souhaité un bon suivi aux participants avant de les inviter à travailler pour que le projet soit renouvelé les deux prochaines années. Faut-il le rappeler, Cédric d’Udekem d’Acoz est un chercheur de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique. L’auteur a contribué à des recherches sur plusieurs thématiques et a un index de 15 co-écrits, 41 publications recevant 899 citations, selon la plateforme Scispace.
Le coordonnateur du projet le Dr Cédric d’UDEKEM D’ACOZ et le Co-promoteur Dr Appolinaire GOUSSANOU remercient le programme CEBioS (Capacities for Biodiversity and Sustainable Development) de la Coopération Belge au Développement (CBD) pour avoir financé les activités du projet. Leurs remerciements vont également à l’endroit du Laboratoire de Recherche sur les Zones Humides de l’Université d’Abomey-Calavi et de tous les participants.