Le drame survenu au service de réanimation du Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-HKM), occasionnant la mort de 4 personnes, suite à une coupure d’électricité ne cesse d’alimenter la polémique. Mais pour la plupart des Béninois, il révèle au grand jour le mauvais traitement que subissent au quotidien les patients et leurs parents dans les hôpitaux publics.
Au nombre des réformes entreprises par le gouvernement de la Rupture, la suppression de la grève dans les hôpitaux publics. La fois dernière en France, le chef de l’Etat en a encore fait l’éloge. Il l’a brandi comme un trophée puisque, selon lui, cela a mis un terme à la pagaille qui s’observait avec des grèves qui occasionnaient des morts. Mais il n’y a pas que la cessation de travail en milieu hospitalier qui cause des décès. Dans chaque famille, chaque ménage, les discours sur les mauvais traitements, le travail approximatif de médecins et sages-femmes, la négligence, les ordonnances qui pleuvent sur les parents des patients sans qu’ils ne sachent où passent tous les médicaments qu’on les oblige à payer, la césarienne devenue presque systématique dans certains hôpitaux de référence, des patients qui dorment sous une pluie de moustiques, sans moustiquaire, etc. alimentent au quotidien les conversations. Il n’est pas rare d’entendre un parent conseiller à un autre membre de sa famille de ne jamais se rendre dans tel hôpital de zone, tel centre de santé public, tel hôpital dit de référence parce qu’un proche y aurait trouvé la mort par négligence ou par faute professionnelle. Tenant compte du conseil, le parent décide d’aller ailleurs mais, le plus souvent, revient, lui aussi, avec une expérience tout aussi amère, sinon pire que celle qu’il croyait fuir. Dans les hôpitaux publics, les personnes qui grognent le plus sont les parents des patients. Il suffit juste de prêter l’oreille pour entendre les récriminations en l’encontre du corps médical. Mais bien souvent, leur colère reste au travers de leur gorge, par crainte de représailles, étant donné que nul ne sait quand viendra son tour d’être hospitalisé. D’autres, plus excédés, laisse échapper, malgré eux, et à haute voix, leur colère. Il n’est pas rare d’entendre, « je viens d’acheter, 50 mille, 100 mille FCFA de médicaments, mais on vient de m’en prescrire encore, alors que je ne sais pas ce qu’ils ont fait avec les médicaments déjà achetés ». Il parait même qu’on ne vous colle la paix que quand vous commencez à crier. C’est la rengaine dans les hôpitaux publics. Tout le monde le sait, mais personne ne veut en parler publiquement. Mais si ce n’était que ça. Souvent, les récriminations à l’encontre des praticiens hospitaliers vont au-delà. Il arrive même que des vies soient brisées, dans une complicité et un anonymat coupable.
Ça va mal dans les hôpitaux publics, c’est un secret de Polichinelle. Et puisque personne n’en parle, le mal prend de l’ampleur. Des agents indélicats vivent sur le dos des malades, les sucent jusqu’aux os, en toute impunité. Le mal a atteint un tel niveau qu’une peur des hôpitaux publics s’installe dans la conscience populaire. Et où peut-on aller quand on est malade si on n’a pas les moyens de se faire soigner dans un centre privé de santé ? Il faut agir, sinon les conséquences seraient désastreuses.