Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Pêche Illégale En Afrique: Des Navires Chinois Et Européens Sont Majoritaires

Publié le vendredi 28 octobre 2022  |  Matin libre
Ganvié
© aCotonou.com par Didier Assogba
Ganvié sur le Lac Nokoué après l`interdiction de l`utilisation de l`Acadja,les pêcheurs de Ganvié demandent à Francis da Silva d`être leur porte-parole auprès du chef de l`État
Ganvié sur le Lac Nokou, le 16 novembre 2019. Ganvié sur le Lac Nokoué après l`interdiction de l`utilisation de l`Acadja,les pêcheurs de Ganvié demandent à Francis da Silva d`être leur porte-parole auprès du chef de l`État
Comment


Le nouveau rapport de la Coalition pour la transparence financière (Financial transparency coalition), rendu public ce mercredi, 26 octobre 2022, révèle que la moitié des navires de pêche illégale opère en Afrique dont majoritairement des navires chinois et européens.



48,9% des navires industriels et semi-industriels identifiés impliqués dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) sont concentrés en Afrique. Plus important, 40% de ces navires opèrent en Afrique de l’Ouest, devenue un épicentre mondial de ces activités de pêche illicite. Intitulé «Fishy networks: uncovering the companies and individuals behind illegal fishing worldwide», le présent rapport se veut une analyse plus approfondie des cas de pêche INN. “Les pays en développement perdent chaque année des milliards de dollars en flux d’argent illicite directement liés à cette pratique jusqu’à 11,49 milliards de dollars pour l’Afrique, 2 milliards de dollars pour l’Argentine et 4 milliards pour l’Indonésie. L’étude révèle également que les 10 premières entreprises impliquées dans la pêche INN concentrent près d’un quart de tous les navires signalés: huit de Chine dirigés par Pingtan Marine Enterprise Ltd, cotée au Nasdaq, une entreprise de Colombie et un autre navire d’Espagne qui a reçu des millions de dollars de subventions de l’UE et d’autres subventions”, renseigne le rapport qui informe également que presque aucun pays n’exige d’informations sur les propriétaires lors de l’immatriculation des navires ou de la demande de licences de pêche. “…ce qui signifie que les responsables ultimes de ces activités ne sont pas repérés et punis, ce qui entraîne souvent l’imposition d’amendes aux capitaines et à l’équipage des navires“ alerte Financial transparency coalition.

D’importantes révélations…

Selon le rapport, les navires de pêche battant pavillon d’Asie représentent 54,7 % des activités de pêche INN déclarées par des navires industriels et semi-industriels, suivis de l’Amérique latine (16.1 %), l’Afrique (13.5%) et l’Europe (12.8 %). “Un tiers des navires illégaux identifiés battent pavillon chinois et 8,76% utilisent des pavillons de complaisance tels que le Panama et les îles Caïmans, qui ont des contrôles laxistes et des taxes effectives faibles ou nulles. Certains propriétaires de navires illégaux de premier plan apparaissent dans les Panama Papers et d’autres révélations sur la transparence financière, soulignant le lien entre la pêche illégale et les abus fiscaux“, peut-on lire. Selon Alfonso Daniels, l’auteur principal du rapport, « Les États-Unis et l’UE ont récemment appelé à des mesures contre les propriétaires de navires INN. Cependant, le cadre permettant d’identifier les propriétaires ultimes des navires n’est tout simplement pas en place. Il n’y avait aucune information sur les actionnaires, même pour certaines des plus grandes entreprises que nous identifions liées à la pêche illégale, y compris européennes, avec des navires appartenant souvent à de multiples filiales louches enregistrées dans des endroits comme Curaçao et Panama, ce qui reflète la nature largement anarchique du secteur de la pêche. »

Des mesures urgentes s’imposent…

Financial transparency coalition ne s’est pas contenté uniquement de faire des révélations dans le rapport mais elle a également proposé des mesures urgentes pour améliorer la transparence dans le secteur de la pêche afin de lutter contre la pêche INN. “Les propriétaires de navires de pêche devraient être tenus de déclarer la propriété effective ultime lorsqu’ils immatriculent un navire ou demandent une licence. Ces informations devraient ensuite être publiques et transparentes. Tous les pays et juridictions devraient établir des registres publics de la propriété effective ultime, classant les navires de pêche et les entreprises de pêche comme un secteur à haut risque sans seuil pour déclarer les bénéficiaires effectifs ultimes. Divulguer les accords de pêche, les licences et les quotas entre les États et les entreprises qui ont des permis de pêche pour permettre de surveiller les lacunes qui peuvent entraîner des flux financiers illicites. Mettre en place une base de données mondiale centralisée sur les navires INN, pleinement accessible aux autorités nationales et au public. Appliquer les lois relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent et les crimes fiscaux pour permettre la saisie des navires de pêche et des avoirs appartenant aux propriétaires effectifs ultimes des navires de pêche impliqués dans la pêche INN, y compris les efforts de recouvrement d’avoirs en cas d’infractions transfrontalières“ a recommandé Financial transparency coalition.

La pêche illégale est une industrie massive qui menace directement les moyens de subsistance de millions de personnes à travers le monde, en particulier celles qui vivent dans les communautés côtières pauvres des pays en développement déjà touchés par la pandémie de Covid-19, la crise du coût de la vie et l’impact du changement climatique, selon le directeur exécutif de la coalition, Matti Kohonen. Et de de préciser “Les pays en développement perdent également des milliards de dollars en flux financiers illicites en raison de la pêche illégale, mais les armateurs continuent d’opérer en toute impunité, utilisant des structures d’entreprise complexes et d’autres stratagèmes pour cacher leur identité et échapper aux poursuites“.

Selon l’Onu, la pêche INN est un facteur clé de la pleine exploitation, de la surexploitation ou de l’épuisement de plus de 90% des stocks halieutiques mondiaux. Cette pratique représente également un cinquième des captures mondiales de pêche, d’une valeur allant jusqu’à 23,5 milliards de dollars par an, le troisième crime le plus lucratif lié aux ressources naturelles après le bois et l’exploitation minière. Notons que la Financial Transparency Coalition (FTC) est un réseau mondial de la société civile fonctionnant comme une coalition collaborative de 11 organisations de la société civile basées dans toutes les régions du monde.


A.B
Commentaires