Douche froide, tirs à boulets rouges, désaveu, déculotté, crainte pour l’avenir, discrédit, soupçon de connivence, faible soutien et soutien de principe… voilà résumé ce qui est arrivé à la Cour Constitutionnelle présidée par le professeur Holo de l’après midi de ce jeudi 16 janvier au petit matin du vendredi 17 janvier 2013. Alors que les députés de l’opposition parlementaire ( U.N, PRD) ont donné de la voix comme on pouvait s’y attendre pour , ils ont été rejoints dans leur analyse et critiques acerbes par certains députés Fcbe. D’autres à l’instar de Djibril Debourou, Bio Kansi, Karim Chabi Sika… ont déploré la forme (détaillée ) du rapport de la Commission de loi et ont demandé de ne pas entrer dans les méandres du droit histoire d’éviter de remuer le couteau dans la plaie. Ces députés ont souhaité que le Parlement prenne acte de la Décision de la Cour. Voici des extraits des déclarations des uns et des autres.
Francis Z. OKOYA www.visages-du-benin.com Toute l’actualité du Bénin et d’ailleurs ! Restez connecté avec nous, restez informé!
Lazard SEHOUETO ( U.N)
«… Lorsque la Constitution dit que les décisions de la Cour sont sans recours, elle n’a pas dit que les juges de la cour sont des demi dieux dont les paroles sont sacrées. Lorsqu’elle prend une décision comme celle là elle m’arrache un droit historique. Oui le vote secret a une histoire et on n’a pas besoin d’être agrégé de droit pour comprendre que le vote secret est né pour soustraire le votant des influences diverses…Je me refuse qu’on me retire le droit du vote secret , je refuse qu’on mette le député sous surveillance pour influencer son vote pour l’amener à voter contre sa conscience…. Monsieur le président, résistons, résistons tous, résistons tous car Il s’agit là d’un coup d’état … »
Kolawolé IDJI ( U.N)
« …Ce débat n’est pas banal, non seulement il marquera notre législature mais toutes les législatures qui suivront. Nous sommes aujourd’hui le 16 janvier 2014, je vous connais je sais que vous n’avez pas oubliez. Certains de nos jeunes collègues ( je pense à Biga, à Atao…) n’étaient pas encore nés. …Je ne prends pas la parole en tant qu’un camp contre un autre…. Si nous répondions positivement à cette injonction, ce n’est plus la peine qu’il y ait un parlement. Si la Cour peut donner des instructions, pourquoi n’en donne-t-elle pas au chef de l’Etat qui est aussi une institution…. Nous devons écarter cette décision. On ne peut respecter cette décision, moi je ne peux pas la respecter… si certains parmi nous acceptent cette décision de la Cour ils détruisent notre parlement… Cette décision doit être écartée et ne peut être respectée parce qu’elle viole notre Constitution. La Cour constitutionnelle de notre pays n’a fait que réécrire la Constitution. Mieux, elle s’est autorisée à donner des injonctions aux députés. Dans quel pays sommes- nous ? Accepter cette décision de la Cour, c’est mettre le Bénin en danger … »
Raphaël AKOTEGNON ( PRD)
« …Cette décision est irrecevable…Le règlement intérieur clair. En tant qu’institution qui légifère, nous devons dire clairement à la Cour que sa décision ne passe pas. C’est parce que nous laissons passer certaines choses que nous accumulons les problèmes…. Il y a des choses que je devrais dire, mais j’ai décidé d’attendre. Ce qui se passe est grave, très grave… »
Sacca FIKARA ( U.N)
J’ai lu, relu cette décision de la Cour je n’ai pas vu dans quelle circonstance on peut utiliser l’article 57.2. Après le vote du 19 décembre dernier on a soupçonné des collègues députés d’avoir voté contre le budget. Notre collègue Fagnon a subi des humiliations je ne veux pas être plus royaliste que le roi. Azannaï parlera de ce qui lui est arrivé en France…. Je ne sais pas si ceux qui ont pris cette décision à la Cour savent qu’il y a de hauts et grands juristes. Ces gens-là, mais ils nous prennent pour des moins que rien… »
Eric HOUNDETE ( U.N)
« …Les tournées ministérielles à l’intérieur du pays avec les propos guerriers tenus, montrent que nous avions raison de demander le vote secret. Il n’y a pas de vote public et des collègues ont subi des choses dans leur localité. Il faut que l’Assemblée nationale se penche sur une question. Pourquoi le gouvernement et ses affidés prennent les ressources de l’Etat pour aller insulter les députés. Je vous avais dit de commettre un huissier pour vous rassurer que ce document venait de la Cour Constitutionnelle. J’ai écouté le président t Holo lors de la cérémonie de présentation de vœux. Il a fait le bilan élogieux, quantitatif et qualitatif du travail de la Cour. Nulle part il n’a mentionné la décision cette fameuse décision. C’est pourquoi je dis que je doute fort que ce document provienne de la Cour. On dirait bien une œuvre des gaymen. Je ne peux pas dire que les membres de la Cour sont des gaymen, non ceux sont sages…. Mais si par malheur ce document provenait de la Cour …La cour a falsifié et je pèse mes mots car la falsification est l’ajout ou le retrait d’un élément d’un document. Je suis que les membres de la Cour eux-mêmes n’ont pas lu la décision parce que c’est une décision pleine de cohérences, pleine d’incongruités, c’est une décision qui ne fait pas honneur à la Cour, une décision qui ne fait pas honneur aux juristes… Ce que nous demande la Cour c’est d’être les députés de nos quartiers, de nos cantons… ils ne savent pas de quoi ils parlent.. La cour elle-même me semble-t-il reconnaît qu’elle s’est planté littéralement je vous ais dit que le président de la Cour lui-même n’a plus parlé de sa décision. Nous allons chaque fois voter au bulletin secret chaque fois que 5 députés le demanderont… »
Rachidi GBADAMASSI ( FCBE)
« …Comme l’a dit Seydou Badian la vérité rougit les yeux mais ne les crève pas. Quand un enfant prend une hache et coupe l’arbre c’est le sage qui sait là où l’arbre va tomber. Quand je vois les psychopathes politiques, quand je vois les pyromanes politiques insulter les députés je dis « calmons le jeu »….Il y a défaut de management politique, il y défaut de management des ressources humaines, nous sommes mal gérés… moi je ne veux pas critiquer la Cour parce qu’on a dit que les décisions de la Cour sont sans recours même si la cour a erré en droit, oui ils ont erré en droit. Je suis légaliste donc je respecte la décision de la Cour… »
CHABI SIKA ( FCBE)
« …Je constate que nous avions usé de notre art de brouiller les populations, de cacher l’essentiel et d’agiter le superflu. Le problème est au niveau de l’interprétation de la décision de la Cour… Si la décision ou les pouvoirs de la Cour sont exagérés ce n’est pas la faute de la Cour. L’erreur serait dans la Constitution qui donne à la Cour tous ses pouvoirs. Et si nous voyons que ca ne va pas, il faudra réviser la Constitution dans 10, 20 ou 30 ans pour corriger cela… »
André OKOUNLOLA ( FCBE)
« …Ce que la cour a dit ce n’est pas bon il faut le dire. Ce n’est pas à la Cour de nous convoquer. L’article 3 de sa décision est grave de conséquence. Il arrivera un jour que la Cour dira au Président de la république de ne pas aller au bureau et il va obtempérer ? On ne peut pas demander aux députés d’aller impérativement voter à main levée. Non arrêtons ces choses là… ramenons la balle à terre ce qui se passe en Afrique centrale je ne le souhaite pas ici. Le Seigneur aime aussi ce pays- là mais on voit ce qui arrive…Je voudrais maintenant parler à mes collègues de la mouvance. Nous devons consolider notre équipe sinon nos amis d’en face seront heureux. Des camarades ont été humiliés… Si on ne cherche pas à reconsidérer les choses et serrer les rangs, les collègues de la minorité vont prendre le dessus. L’atmosphère de suspicion en est à la base de nos problèmes aujourd’hui au niveau de nos collègues de la majorité. Comment comprendre qu’on peut se rendre dans les circonscriptions électorales pour déclarer que tel a pris 25 millions ou que tel a pris 50 millions d’argent. on est allé dit chez moi que j’ai pris 300 millions pour voter contre le budget Il faut qu’on se parle sérieusement et qu’on cesse d’attaquer les uns et les autres …»
Nicaise FAGNON
« …Je voudrais vous féliciter monsieur le président pour votre courage et votre objectivité. La vérité est têtue si nous ne voulons pas la reconnaître nous la retrouverons sur notre chemin. Une chose est que la Constitution est notre Bible, notre Coran mais attention c’est les hommes qu’ils l’appliquent et peuvent se tromper car seuls les morts ne se trompent pas. Donc on peut comprendre que les sages de la Cour se sont trompés. La Cour constitutionnelle demande de voter à main levée. Même le vote au scrutin public qu’elle a abordé n’est pas à main levée. C’est clair et incontestable. Personne ne peut réfuter l’existence de l’article 57.2 que les deux camps ont d’ailleurs utilisé. Dès lors, qu’on demande le mode de scrutin secret, aucun autre mode ne peut s’imposer … Cette décision de la Cour comporte les germes de son handicap quant à son inapplicabilité…Je suis un cabri mort. On ne meurt pas deux fois. Je suis protégé par la vérité. Voter à main levée et vous verrez mon vote. Je suis revenu d’un voyage, on me fouille tout le corps. Dans quel pays sommes- nous ? C’est une atteinte à la liberté …
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