Chaque année au Bénin depuis le rétablissement des relations entre la Chine et le Bénin, des centaines de nouveaux boursiers béninois sont admis à poursuivre leurs études supérieures dans les universités chinoises. Aussi, la Chine participe activement à la construction d’infrastructures éducatives, toute chose qui contribue à la formation des élites de demain. Au-delà des réalisations physiques financées par l’empire du milieu, beaucoup estiment qu’il n’y a pas plus belle réalisation que d’investir dans la formation des élites.
Dios CHACHA
Il est 8h02 du matin à l’agence DigitMarket, Harold Dassi, un ancien boursier qui a fait ses études en Chine confie : « J’ai monté cette entreprise à la suite de ma formation en Chine dans les Tic. Grâce à cette structure, j’emploie une dizaine de personnes et cela nous permet de prendre soin de nos familles respectives. Je ne remercierai jamais assez la Chine qui m’a donné l’occasion de me former ». L’ancien boursier chinois est très ponctuel comme le témoigne Derrick Lègba, un client de la société qui a reconnu le travail sérieux de celui-ci. « Ce sont des qualités rares que l’on ne trouve pas partout. En plus d’être très ponctuel à nos rendez-vous, il a le sens du détail », témoigne-t-il.
Tout comme Harold Dassi, ils sont des centaines d’anciens étudiants qui grâce à cette formation reçue en Chine, ont pu tirer leur épingle du jeu dans la vie professionnelle. C’est le cas de Fadel Moussa, ancien boursier de la promotion 2011 qui s’est, après sa formation, résolu à travailler comme ingénieur de son dans une structure de la place. « Cette formation en Technologie de l’information et de la communication que j’ai reçue en Chine m’a permis d’être là où je suis actuellement », a souligné Fadel qui confie par la même occasion, être l’une des plus grandes réalisations de l’empire du milieu. Dans la même veine, la porte-parole des boursiers promotion 2019-2020, Rolande Glèlè, a indiqué qu’à travers l’octroi de ces bourses d’études supérieures, la Chine participe activement à la formation d’une élite qualifiée, susceptible de contribuer au développement du Bénin de façon significative. « C’est la plus grande réalisation immatérielle de la Chine au Bénin », a-t-elle avoué. Pour elle, il est évident que par ce don, « la Chine fait de la coopération sud-sud un levier important de développement durable, car, investir dans l’éducation de la jeunesse, c’est investir dans la durée », a-t-elle souligné.
Même son de cloche du côté d’un parent boursier qui a relevé les efforts de l’empire du milieu dans la formation des élites. « Si tu veux nourrir un peuple pour un an, il faut semer une graine, si tu veux nourrir un peuple pour 10 ans, il faut planter un arbre, si tu veux nourrir un peuple pour une éternité, il faut former ses élites ». Ce sont là les propos de Ibrahim Akandé, un parent d’un étudiant de la promotion 2019-2020. Visiblement heureux de la formation que suit son enfant, il a déclaré : « ces dernières années, les réalisations de la Chine au-delà des œuvres physiques s’étendent aussi à la formation des élites ». Il est évident que pour lui, il n’y a pas de richesse que d’hommes.
Il n’y a de richesse que d’homme !
Ainsi donc, l’empire du milieu a offert de façon ininterrompue des bourses aux jeunes béninois depuis le rétablissement des relations diplomatiques sino-béninois en 1972. Une multitude de domaines sont concernés tels que : le chinois professionnel, la physique, l’électronique, la chimie, la communication, le transport, la médecine, le droit et les relations internationales etc.
Pour le Ministre des Affaires étrangères, Aurélien Agbénonci, une mauvaise formation donne de mauvais citoyens et la plus grande œuvre humaine est d’investir dans le potentiel humain. « Une absence de formation donne des citoyens qui ne peuvent pas être utiles à leur pays. Et ça, la Chine l’a compris en dotant notre pays de plusieurs écoles pour participer à la formation des élites de demain », a confié le numéro un de la diplomatie au Bénin, satisfait de la coopération sino-béninoise. Il va ajouter que depuis le rétablissement des relations diplomatiques en 1972 entre le Bénin et la Chine, les deux Etats ont amorcé une coopération bilatérale dont la vitalité s’est traduite par la construction de nombreuses infrastructures éducatives. « Malgré l’éloignement géographique, les deux pays sont unis par une solidarité sans faille et par une vision constructive de la coopération Sud-Sud », a-t-il déclaré.
Lors d’une interview accordée à Bénin Web Tv en mars 2020, l’ambassadeur de la Chine près le Bénin, Peng Jingtao, a laissé entendre que l’Afrique possède la population la plus jeune au monde, et les jeunes Africains participent activement à la construction de leurs pays et à la renaissance du continent. D’où l’intérêt, selon lui, de former la jeunesse qui constitue la véritable réalisation. « Dans le domaine de la formation, depuis l’établissement des relations diplomatiques, la Chine offre des bourses gouvernementales aux jeunes étudiants béninois. Chaque année, on invite au moins 300 Béninois en Chine pour suivre des formations et différents séminaires dans tous les secteurs. Nous avons aussi au Bénin, deux centres de formation agricole, un pour l’élevage des poussins et la plantation de maïs et un autre pour la culture du coton », a lâché l’ambassadeur visiblement convaincu de ce que la formation des élites est très importante pour le Bénin et donc, une priorité pour la Chine dans sa politique internationale.
Les sociologues en parlent
Pour le sociologue Dodji Amouzouvi, l’une des plus grandes, si ce n’est la plus grande réalisation, est d’investir dans la formation des jeunes. « Former les élites, c’est assurer le développement d’un pays. Ainsi, il n’y a pas plus belle réalisation que d’investir dans la formation des jeunes. Les centaines de ces derniers qui sortent aguerris des centres de formation sont la preuve irréfutable des réalisations de la Chine », a fait savoir le sociologue. Par ailleurs, pour promouvoir la paix, la sécurité et le développement en Afrique, il est nécessaire de soutenir et de prendre soin de la jeunesse africaine. « Il n’y pas que l’économie et les réalisations visibles au Bénin pour la Chine, il y a aussi la formation qui est un rappel que la Chine n’agit pas seulement par intérêt économique en Afrique », a renchéri le Sociologue Joël TCHOGBE. Pour lui, la principale différence est que les investissements de la Chine dans la formation des élites est bel et bien la preuve que l’empire du milieu voit les choses en plus grand et se projette dans le futur.
Toutefois, les deux sociologues estiment que pour Pékin, participer ainsi à la formation des futures classes dirigeantes dans ces pays est aussi une manière de protéger ses intérêts économiques et politiques. « Si les étudiants qui ont fréquenté ce centre de formation occupent ensuite des postes de responsabilités, ils se montreront plus compréhensifs sur la manière dont Pékin fait des affaires dans leur pays. C’est du moins ce que peut espérer le PCC », a assuré Joël Tchogbé. En définitive, la Chine a choisi la meilleure stratégie pour une coopération bilatérale gagnant-gagnante avec le Bénin. Seulement, au-delà delà formation des élites, un meilleur suivi de ceux-ci serait le bienvenu.