En plein dans le processus, 8 partis politiques se sont acquittés d’un devoir capital, celui de leur déclaration à la Commission électorale nationale autonome en vue des prochaines joutes électorales. Toute observation faite, les listes présentées ne sont pas exemptes de tout reproche. Mais ce qui suscite la curiosité, c’est la présence remarquable des religieux, notamment les pasteurs, apôtres, dignitaires des religions endogènes et des imams sur les listes. Bien sûr, la loi permet à tout citoyen d’être candidat aux élections législatives, sauf les Forces Armées ou de Sécurité publique. « Tout membre des Forces Armées ou de Sécurité Publique qui désire être candidat aux fonctions de député doit au préalable donner sa démission des Forces Armées ou de Sécurité Publique. Dans ce cas, l’intéressé pourra prétendre au bénéfice des droits acquis conformément aux statuts de son corps », Art 81 de la Constitution. Il est donc clair et légitime qu’ils sont libres de se prêter à cet exercice.
Mais au-delà, il s’agit ici des leaders pas comme les autres, des hommes prédestinés à entretenir prioritairement la foi de leurs fidèles, des gens choisis pour conduire leurs fidèles sur les lois des Saintes Ecritures. Les voilà de plain-pied dans la politique, une jungle où tous les coups sont permis, où l’économie de vérité s’est érigée en norme, où l’adversité, la haine et la bestialité sont partout manifestes. Même si la religion et la politique ont toujours été liées parce qu’elles poursuivent le même but, celui de résoudre le problème humain du vivre-ensemble et de la violence, l’on se demande si ces deux entités font toujours bon ménage. Peut-on appartenir à un parti politique en tant que Pasteur et faire l’unanimité dans sa congrégation religieuse, sachant que tous les fidèles ne sont pas du même bord politique ? Ne faut-il pas redouter des frustrations, des clans, des conflits au sein des confessions religieuses si la politique s’y invite ? N’y a-t-il pas un grand risque de corrompre l’esprit des fidèles ? N’y a-t-il pas lieu que religieux et politiques travaillent ensemble, mais chacun dans son couloir ?
Pour rappel, l’envie de goûter à la chose politique chez les religieux est réellement née sous le Président Boni Yayi. A l’époque, sans risque de se tromper, les religieux étaient quasiment son premier soutien. Ensuite, dans la 8ème législature, il y a des religieux devenus députés. Il faut donc reconnaitre que cette tendance est en nette progression. Mais, à quoi s’attendre sur le long terme ?