"Le Nationalisme et le patriotisme, quelle différence ?". C'est le thème de la communication qui a été présentée ce lundi 7 novembre 2022 par Carmen Fifamè Toudonou, Directrice adjointe de l'Institut parlementaire du Bénin (IPAD) à la traditionnelle cérémonie des couleurs initiée par le Président Louis Gbèhounou Vlavonou depuis qu'il a pris les rênes de la 8e législature de l'Assemblée nationale du Bénin. Avant d'aller dans le vif du sujet, l'oratrice a d'abord remercié le Président Louis Gbèhounou Vlavonou pour l’opportunité qu’il offre à certains d’entre eux, d’entretenir l’ensemble du personnel parlementaire sur des sujets d’intérêt, les premier et troisième lundis du mois.
El-Hadj Affissou Anonrin
Étymologiquement, Carmen Fifamè Toudonou a dit que le mot patriotisme vient du latin pater, père. "Le patriotisme est un sentiment partagé d'appartenance à un même pays, la patrie. Dans patriotisme, l’on entend le mot patrie, qui partage la même étymologie latine de pater, père, avec patriotisme", a-t-elle ajouté par ailleurs.
Poursuivant ses propos, elle a dit qu'il existe plusieurs types de patriotisme. D'abord le patriotisme populaire, qui est le plus courant est celui qui prétend l’amour du pays. Ensuite le patriotisme économique qui incite à manger les produits du terroir et à promouvoir l’économie du pays ; c’est un comportement des consommateurs, des entreprises et des pouvoirs publics qui, dans un contexte de mondialisation de l'économie, cherchent à favoriser les biens et services produits dans leur pays. Er enfin
le patriotisme linguistique, qui réhabilite les dialectes.
"Chez le fonctionnaire parlementaire, le patriotisme peut se manifester par le respect des principes du service public, que sont la continuité, l’égalité et la mutabilité. Ces trois principes composent le triptyque des « lois de Rolland (XXème siècle). Il faut y ajouter les principes de neutralité et de laïcité dans le service public. Le fonctionnaire parlementaire patriote fait preuve d’efficacité et de performance dans son service car il sait qu’il travaille pour le bien de sa patrie avant tout.
Les principes de la République sont un patrimoine qui nous vient de loin. Ils sont inscrits dans notre devise nationale : fraternité, justice, travail. Le fonctionnaire parlementaire patriote doit chercher à traduire cette devise au quotidien, dans le service public, dans ses relations avec ses collègues", a précisé Carmen Fifamè Toudonou.
"Où est la fraternité dans notre administration où la défiance et le manque de solidarité règne souvent ? Que signifie la justice, quand nous mettons en avant nos intérêts, au détriment de ceux des autres qui ont plus de mérite que nous ? Et la valeur du travail, nous en parlions il y a quelques semaines, mettons-la nous toujours à l’avant, avant d’exiger notre dû ? Accomplissons-nous toujours correctement notre tâche, celle pour laquelle nous sommes commis ?" Voilà quelques interrogations qui pourraient fonder, selon Carmen Fifamè Toudonou, une remise en cause nécessaire, au niveau de chacun et de tous, et qui feront de nous, de meilleurs agents, patriotes donc au service de notre patrie parce que, en tant que fonctionnaire, nous sommes au service de la République.
Le nationalisme
Le nationalisme quant à lui se définit, selon Carmen Fifamè Toudonou comme une doctrine et une action politique qui visent à l'indépendance d'une nation lorsqu'elle est placée sous une domination étrangère. Le nationalisme peut aussi chercher à défendre une culture opprimée ou niée par un occupant ou dissoute au sein d'un ensemble plus vaste.
"Le nationalisme s'appuie alors sur l'unité historique, culturelle, linguistique de la population. Il est fondé sur le principe d'autodétermination des peuples ("droit des peuples à disposer d'eux-mêmes") avec pour conséquence, la souveraineté populaire et l'indépendance de l'État sur un territoire national", a ajouté l'oratrice.
Des explications qu'elle a apportées, "le patriotisme est un sentiment, le nationalisme est une idéologie". Et paraphrasant James Baker, Carmen Fifamè Toudonou a mis l'accent sur le fait que nationalisme et patriotisme ne sont souvent que les deux faces de Janus, le premier étant connoté négativement, le second positivement".
Pour se résumer et finir avec une formule brève qui montre bien la différence entre les deux notions, Carmen Fifamè Toudonou a cité Romain Gary qui dit que « Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres ».
Au terme de la communication le Président Louis Gbèhounou Vlavonou a exhorté l'ensemble du personnel parlementaire à méditer profondément les nombreuses interrogations soulevées par la communicatrice et qui doivent interpeller la conscience des uns et des autres.