(Deux versions contradictoires quant à l’audit de la Léi)
« La Liste électorale informatisée (Lei) établie est publiée et affichée pendant (15) jours puis remise à la Cena au plus tard soixante jours avant la date du scrutin ». Ainsi, conformément à cette disposition (Article 126) de la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en République du Bénin, le Gestionnaire Mandataire de l’Anip, Cyrille Gougbédji a remis à l’organe faîtière des élections au Bénin (la Cena) ladite liste devant servir pour les législatives du 08 janvier 2023. Cette cérémonie qui s’est déroulée dans l’après-midi du mardi 8 novembre 2022, devant micros et caméras a permis de savoir, en tout cas suivant le point fait par le Gestionnaire mandataire de l’Agence nationale d’identification des personnes, que la population électorale attendue aux urnes est de 6.600.572 personnes, répartie dans 17.749 postes de votes et dans 7.986 centres de vote sur toute l’étendue du territoire national. Pour avoir coché cette case, les responsables de l’Anip ont sans doute crié bingo ! et se sont frottés les mains en se disant travail accompli. La palme du bon travail fait leur a même été décerné par le président de la Commission électorale nationale autonome, Sacca Lafia dans son discours. « Votre acceptation de la doléance de la société civile de faire auditer la Lei doit être louée… Finies les estimations relativement aux statistiques concernant la population électorale et le nombre de centres de vote et de postes de vote. Il ne nous reste qu’à achever la détermination des candidatures valides, et cela nous incombe pour quitter définitivement la zone des évaluations approximatives et savoir à quoi nous tenir pour la confection et l’édition des documents électoraux. Un très important pas vient alors d’être franchi ce jour… », a-t-il laissé entendre. Sacca Lafia séduit par ce fairplay ou cette ouverture du Gestionnaire mandataire de l’Anip qui a permis l’audit de la Liste électorale. C’est justement à ce niveau que ça cloche. Et dire que ce propos du président de la Cena vient seulement 48 heures après l’intervention de Jean Baptiste Elias, Modérateur du supposé audit. En effet, dimanche, le président du Fonac, sur la web radio Crystal News, avait pourtant juré que ce qui a été fait ne peut pas s’appeler audit. Et jusque-là, personne ne l’a démenti. Ni les responsables de Anip, ni les techniciens et autres experts membres du comité qui a conduit l’audit supposé. C’est donc surprenant qu’après cette sortie médiatique de l’acteur de la sortie civile, que le responsable de l’organe qui a en charge l’organisation de cette élection capitale embouche cette trompette. Est-ce une façon de remettre en cause les propos de M. Elias en montrant à l’opinion publique nationale et internationale que le consensus a été obtenu autour de la Liste électorale au Bénin ? Dans cette contradiction, que retenir ? Pourtant le président du Fonac croit dur comme fer en ce qu’il a déclaré sur cet audit supposé. Lire quelques extraits de son intervention sur Crystal News, relayée par Matin Libre dans sa parution du lundi 7 novembre dernier.
Mike M.
L’article de Matin Libre
En effet, selon les explications de l’invité, la Liste électorale informatisée provisoire devant servir à organiser les élections législatives du 8 janvier 2023 est un extrait du Recensement à vocation d’identification des personnes (Ravip). Une opération à laquelle, selon les propos de Jean-Baptiste Élias, les parties prenantes de la liste que sont les acteurs politiques n’ont pas assisté. C’est donc sur proposition des organisations de la société civile que l’audit a été organisé. Pour ce faire, 10 partis politiques ont reçu des courriers les invitant à prendre part à l’opération. Mais à l’arrivée, 7 ont pu répondre à l’appel. Au nombre de ceux-ci figurent : le Mouvement populaire de libération (Mpl), la Nouvelle force nationale (Nfn), le Bloc républicain (Br), la Force cauris pour un Benin émergent (Fcbe), l’Unon progressiste Le Renouveau (UpR), la Grande solidarité républicaine (Gsr) et le parti Les Démocrates. À ces représentants des forces politiques (techniciens informaticiens et experts en démographie) se sont ajoutés le premier responsable de l’Anip et son équipe, le représentant de la Coalition des organisations de la société civile pour les élections et la paix et le représentant du Fonac. Au cours d’une première rencontre, il a été proposé, amendé et adopté un protocole devant permettre la tenue de l’audit. Une série de questions ont été ainsi formulées, affirme Jean-Baptiste Élias, pour servir de socle à l’opération (et c’est l’Anip qui a proposé ce protocole de questions adopté par tous). Des questions dont les réponses devraient situer les Béninois sur la fiabilité de la liste et que sont : la méthode utilisée garantit-elle l’inclusion ? ; l’approche a-t-elle engendré une décroissance de la population électorale ?; des personnes mineures sont-elles inscrites sur le Liste électorale informatisée provisoire?; l’approche minimise-t-elle la présence des personnes décédées?; quels sont les moyens utilisés pour informer les citoyens de leur présence sur le Liste électorale ? ; les électeurs ont-ils la possibilité d’avoir accès à leur centre de vote? ; les électeurs peuvent-ils faire des transferts ?; les algorithmes utilisés garantissent-ils l’efficacité du traitement ?; les algorithmes garantissent-ils l’unicité de chaque électeur, pour éviter des doublons ?; les données des personnes sont-elles bien protégées ?; le système offre-t-il des garanties contre les attaques et les intrusions de l’intérieur comme de l’extérieur ?; le système de l’Anip offre-t-il des moyens de consultation de la Liste électorale par des électeurs, par des moyens informatiques?; l’Agence nationale d’identification des personnes a-t-elle saisi l’APdp sur les fonctionnalités requises en matière de collecte et de traitement des données ? « Si on répondait à ces questions, on pourrait dire que nous sommes en train de faire de l’audit. Mais force est de constater, hélas… », se désole Jean-Baptiste Élias.
Audit non réalisé
En vue d’analyser les données pour répondre aux interrogations à eux adressées, les techniciens devraient pouvoir avoir accès à la liste. Seulement, fait remarquer Jean-Baptiste Élias, le fichier leur a été servi en version pdf, ce qui ne leur a pas permis d’accomplir leur mission. Après, en version Excel. Ainsi, selon les affirmations du président du Fonac, si les questions repères que sont: quels sont les moyens utilisés pour informer les citoyens de leur présence sur la liste électorale?; les électeurs ont-ils la possibilité d’avoir accès à leur centre de vote? les électeurs peuvent-ils faire des transferts ?, ont reçu des réponses, celles intitulées: l’approche a-t-elle engendré une décroissance de la population électorale ?; des personnes mineures sont-elles inscrites sur la Liste électorale informatisée provisoire ?; les algorithmes utilisés garantissent-ils l’efficacité du traitement ?; les algorithmes garantissent-il l’unicité de chaque électeur pour éviter les doublons?; les données des personnes sont-elles bien protégées ? le système offre-t-il des garanties contre les attaques et les instructions ?; y a-t-il eu des étrangers sur la liste ?, sont restées sans suite parce que pour y répondre, l’Anip devrait permettre aux techniciens et experts d’accéder à la base de données. Ce qui n’a pas été fait par l’l’Agence. << Normalement il n’y a pas eu d’audit, nous avons demandé à ce qu’on puisse faire un audit, mais au finish, nous avons constaté qu’on n’a pu faire que le point de la situation, on n’a pas fait l’audit réellement. La preuve, quand nous avons fini, j’ai commencé par entendre les politiciens dire Ça y est, tout va bien ! La liste est fiable, elle est crédible ! J’ai dit on est où là ? Ce n’est pas possible. Écoutez bien toutes mes interventions, vous n’entendrez jamais Elias dire que la liste est fiable… », a martelé Jean-Baptiste Élias interpellé par le journaliste Virgile Ahouansè.