C’est une évidence. Nombreux sont les Béninois qui se ruent vers le marché des faux médicaments pour se procurer des antibiotiques face à la nouvelle donne qui consiste à ne plus livrer des antibiotiques sans une ordonnance médicale dans les pharmacies et officines. Ils préfèrent aller payer « la mort » que de se rendre dans un hôpital, un centre sanitaire ou une clinique pour une consultation sanitaire préalable avant d’obtenir une ordonnance médicale. Ils font de l’automédication sous prétexte que leurs revenus ne leur permettent pas de se référer à un soin de santé adéquat. Tout en reconnaissant les efforts consentis par le gouvernement dans le secteur de la santé, les populations pensent que cette décision est bancale, inopportune et non avenue. Il s’agit pour elles d’une décision qui amène plus d’un à se rendre davantage dans le marché noir des faux médicaments pour se procurer des antibiotiques. Ainsi, s’il est vrai que le refus des pharmaciens de vendre des antibiotiques sans ordonnance fait suite à la décision du ministre de la santé, il n’en demeure pas moins qu’ils font assez de victimes. Car, au risque de se tromper, il serait mieux de consommer un antibiotique acheté dans un centre sanitaire que de consommer celle payer sur des étalages, dans le circuit noir. Dans d’autres pays, il est autorisé la délivrance des antibiotiques et autres médicaments sans ordonnance. Cela concerne notamment les antihistaminiques contre la rhinite allergique ou des traite ments d’autres pathologies du quotidien comme l’angine ou encore la cystite. Mais au Bénin, c’est le contraire. Même avant de payer une plaquette de bactrim ou d’amoxicilline, il vous faut obligatoirement une ordonnance. Ce qui amène les populations à revenus moyens et bas à tourner leurs regards vers les faux médicaments. A vrai dire et au regard des lourdes conséquences de la consommation des antibiotiques illégalement vendus, il urge que le ministère
de la santé revoie sa copie. D’ailleurs, près de deux ans après ladite décision, aucune
évaluation n’a été faite pour savoir ce qui a marché et corriger les imperfections.
Une chose est claire, les conséquences de la consommation des médicaments (antibiotiques) de la rue sont plus énormes que celles de consommer les antibiotiques non prescrits par un médecin.
Pour rappel, le ministre de la santé avait pris cette décision suite à un rapport de l’OMS qui stipule que le Bénin fait partie des pays qui consomme le plus d’antibiotique en Afrique de l’Ouest. Or, ce que le rapport a oublié de préciser est que le Bénin avait entamé en cette période, une lutte farouche contre les faux médicaments. Et les populations avaient pris le goût de se rendre dans les pharmacies pour se procurer des médicaments. Le Bénin était donc en réalité un bon élève. Il n’y avait plus de marché noir de vente de faux médicaments. Ainsi, ladite décision a contribué d’une manière ou d’une autre à la résurrection de certaines poches de vente de faux médicaments.