Chassez le naturel… il revient au galop ! C’est bien ce qu’il convient d’affirmer, haut et fort, à la lecture du décret n°- 2014-003 du 10 janvier 2014 portant réquisition des usines de la Société de développement du coton (Sodéco) pris par le Conseil des ministres du gouvernement de Yayi Boni à la date précitée. Comme à sa nature, le Chef de l’Etat béninois vient de fuir ses responsabilités sachant bien les risques qu’il fait courir au Bénin dans les tout prochaines années où des milliards doivent atterrir dans les poches de qui de droit.
Pour une énième fois, Yayi Boni vient de confirmer sa nature qu’il a tôt fait de dévoiler au peuple béninois, le 06 avril 2006 au Stade Charles de Gaulle de Porto-Novo où il prêtait son premier serment en tant que Chef d’Etat. Qu’il nous souvienne qu’à cette date, c’est avec stupéfaction que l’on entendit de la bouche de Yayi Boni qui venait de commettre une bourde en mêlant l’ordre protocolaire des invités, il s’est déchargé sur la Direction du protocole d’Etat en déclarant que ce sont les agents de cette direction technique du Ministère des affaires étrangères qui lui ont mal écrit le visa de son allocution.
Le 10 janvier dernier, il a encore récidivé ou du moins, il a échafaudé le plan pour se décharger dans les prochaines années sur son actuel Ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr François Adébayo Abiola.
En fait, alors qu’il a bel et bien présidé en personne le fameux Conseil des ministres du 10 janvier 2014 qui a décidé illégalement de réquisitionner les usines de Sodéco, avant d’aller rencontrer le premier ministre japonais Shinzo Abé à Abidjan d’où il est revenu pourtant le même jour, Yayi Boni a préféré fait signer le décret issu de cette assise gouvernementale par son Ministre d’Etat, François A. Abiola (Lire le décret ci-dessous).
Comment faire prendre une aussi lourde responsabilité à un Ministre, fût-il d’Etat, quand celui qui est à la manœuvre de ce diktat gouvernemental sait bien, en son âme et conscience, que dans les tout prochaines années, cet acte insolite aura de grandes conséquences pour les caisses de la République du Bénin ?
Lui-même François A. Abiola n’a pas pu déceler le piège qui lui est malicieusement tendu. Non, il était déjà tout content d’avoir à signer en chef, une première fois dans sa vie, un décret. Et pour cela, il n’a même pas osé faire figurer devant son nom, son titre de Professeur alors qu’il l’est et en plus de rang magistral du Cames. Pendant ce temps, son Chef imbû de sa personne n’a jamais omis de signer un document qui ne porte pas son titre de Docteur. Et oui, c’est cela la République dans laquelle les Béninois vivent aujourd’hui avec les princes qui nous gouvernent.
Du banditisme d’Etat
Comme on peut le comprendre, fidèle à son habitude, Yayi Boni dégage dès aujourd’hui sa responsabilité au moment où cette affaire sera appelée devant une juridiction nationale ou internationale. Car, c’est du banditisme d’Etat qu’il s’agit ! On ne peut pas, à l’étape actuelle du droit positif béninois, même si on est un Gouvernement, procéder de sans façon aussi cavalière à une réquisition de biens d’autrui alors même qu’on est soi aussi actionnaire dans la société qu’on décide de dessaisir hideusement.
L’acte que vient de poser Yayi Boni est une préparation de l’opinion publique nationale et internationale à savoir que lui, le Chef de l’Etat, n’a jamais signé un décret que ce soit pour réquisitionner les usines de Sodéco. Ce n’est une première. L’homme est coutumier du fait. Qu’il nous souvienne que c’est le même langage qu’il a tenu dans le dossier opposant l’Etat béninois à la société Bénin Control de l’homme d’affaires Patrice Talon.
Encore lui Patrice Talon. On dirait que Yayi Boni est hanté par la « Talonphobie »... Il voit le nom de Patrice Talon partout et dès lors la peur le gagne. Conséquence : il faut tout faire pour couler les affaires de l’intéressé et le ruiner à jamais même par des méthodes déloyales et illégales. Et pourtant, on dit qu’il a des Conseillers techniques juridiques pour lui donner des avis sur ce qui doit l’être.
"Les mêmes faits produisent les mêmes effets"
Dans le dossier Bénin Control, c’est avec une grande stupéfaction que le peuple béninois et le monde entier entendirent sortir de la bouche de Yayi Boni qu’il n’était au courant de rien dans la transaction entre cette société et le gouvernement qui lui a concédé le contrôle des importations au Bénin. Le Chef de l’Etat béninois a même déclaré, urbi et orbi, qu’il n’était pas là, qu’il était dans la brousse à Banikoara lorsque le contrat a été signé avec Bénin Control. Alors que, c’est lui-même Yayi Boni en personne qui a signé le décret n°- 2011-106 du 22 mars 2011 portant institution d’un Programme de vérification des importations (Pvi) de nouvelle génération en République du Bénin.
Pour appuyer et corroborer ledit décret, c’est à une cérémonie des couleurs au Palais de la Marina qu’il a encore déclaré qu’il ne reculera jamais devant la mise en œuvre du Pvi par Bénin Control. Puis patatras ! Quelques jours après, il ravale ses vomissures. Il avait confié à nouveau le contrôle des importations aux douaniers avec qui, il était en lutte en donnant même l’exemple d’un neveu à lui qui, agent des Douanes, s’est miraculeusement enrichi.
Nous voilà encore dans les labyrinthes politico-économiques dont Yayi Boni a seul le secret depuis qu’il nous gouverne. On dirait qu’il voit l’ombre de Patrice Talon partout où il se trouve. Et pour cela, il lui faut exorciser cette hallucination qui l’empêche de mieux respirer. Homme intelligent, il se sert des autres pour régler des comptes et dans le même temps crée des dommages et intérêts pour les comptes financiers béninois.
Ainsi, une fois encore, Yayi Boni vient de montrer à la face du monde son vrai visage dans la gestion nébuleuse qu’il fait de l’Etat béninois dont les caisses sont, de jour en jour, enfoncées dans la gadoue financière ; une gestion qui a généré un contentieux entre l’homme d’affaire Patrice Talon et l’Exécutif. L’action récursoire devra être mise en œuvre, en son temps, par les juridictions compétences et l’Etat béninois.