Les Béninois iront aux urnes le 08 janvier 2023 pour élire les députés de la 9e législature. De l’avis de de certains citoyens, ces élections représentent beaucoup du fait qu’elles seront les premières véritablement inclusives, depuis l’avènement du régime Talon en 2016. En effet, écartée lors des élections précédentes, l’opposition au régime en place, incarnée par le parti Les Démocrates, est en lice. Seul, problème, la fiabilité de l’instrument qui servira de vote, la Liste électorale permanente informatisée (Lépi).
Le Code électorale dispose, en son article 120, que la Liste électorale informatisée est extraite du registre national, lequel est le résultat d’opérations du recensement administratif à vocation d’identification des personnes physiques (Ravip) et du traitement automatisé d’informations nominatives, personnelles et biométriques obtenues sur l’ensemble du territoire national… L’article 125 précise que la Liste électorale informatisée est établie après la correction de la Liste électorale informatisée provisoire (Leip). Une opération à laquelle devrait prendre part, les acteurs politiques, parties prenantes à la liste. Mais, tel n’a pas été le cas. Pour corriger le tir, les organisations de la société civile ont demandé et obtenu l’audit de la liste avant sa transmission à la Céna. L’idée est que les partis politiques soient convaincus de la fiabilité de la liste avant les Législatives de janvier 2023. Des 10 partis politiques invités pour assister à l’opération, 07 ont répondu présent. Au nombre de ceux-ci figurent : le Mouvement populaire de libération (Mpl), la Nouvelle force nationale (Nfn), le Bloc républicain (Br), la Force cauris pour un Benin émergent (Fcbe), l’Union progressiste Le Renouveau (UpR), la Grande solidarité républicaine (Gsr) et le parti Les Démocrates. À ces représentants des forces politiques se sont ajoutés le premier responsable de l’Anip et son équipe, le représentant de la Coalition des organisations de la société civile pour les élections et la paix et le représentant du Fonac. Selon le point fait par le président du Fonac Jean-Baptiste Elias, une série de questions ont été formulées. La réponse à ces questions devrait édifier les uns et les autres sur l’authenticité de l’outil qui servira de socle pour des élections transparentes. Malheureusement, aux dires de Jean-Baptiste Elias, aucune des questions à savoir : la méthode utilisée garantit-elle l’inclusion ? ; l’approche a-t-elle engendré une décroissance de la population électorale ?; des personnes mineures sont-elles inscrites sur le Liste électorale informatisée provisoire?; l’approche minimise-t-elle la présence des personnes décédées?; quels sont les moyens utilisés pour informer les citoyens de leur présence sur le Liste électorale ? ; les électeurs ont-ils la possibilité d’avoir accès à leur centre de vote? ; les électeurs peuvent-ils faire des transferts ?; les algorithmes utilisés garantissent-ils l’efficacité du traitement ?; les algorithmes garantissent-ils l’unicité de chaque électeur, pour éviter des doublons ?; les données des personnes sont-elles bien protégées ?; le système offre-t-il des garanties contre les attaques et les intrusions de l’intérieur comme de l’extérieur ?; le système de l’Anip offre-t-il des moyens de consultation de la Liste électorale par des électeurs, par des moyens informatiques?; l’Agence nationale d’identification des personnes a-t-elle saisi la Pdp sur les fonctionnalités requises en matière de collecte et de traitement des données ? aucune de ces questions n’a trouvé réponse.
Au jour j, fait remarquer Jean-Baptiste Élias, le fichier leur a été servi en version pdf, ce qui ne leur a pas permis d’accomplir leur mission. Conclusion, il n’y a pas eu d’audit. « Nous avons demandé à ce qu’on puisse faire un audit, mais au finish, nous avons constaté qu’on n’a pu faire que le point de la situation, on n’a pas fait l’audit réellement », a conclu Jean-Baptiste Élias.
Qu’en disent les partis politiques ?
Depuis que ces informations, desquelles dépend la crédibilité du scrutin à venir, sont mises sur la place publique, les principaux concernés, à savoir les partis politiques en lice, n’ont pas réagi. Qu’ils soient de la mouvance ou de l’opposition, c’est silence radio. Chose curieuse, les partis de l’opposition que sont Les Démocrates et le Mpl qui participent, pour la première fois depuis 2016, à un scrutin semblent ne pas être préoccupés par la fiabilité de la Liste électorale. Pourtant, les dénonciations de votes multiples, votes de mineurs, votes de personnes « décédées » ont été enregistrées lors des scrutins passés. Sur quoi comptent-ils pour se tirer d’affaires, avec une liste dont ils ne savent grand-chose ? On peut comprendre que la bataille pour l’admission de la liste du parti Les Démocrates a éreinté les responsables du parti. Mais c’est chose faite depuis. Il est temps qu’il quittent l’euphorie liée à cette admission pour se pencher sur les autres éléments de blocage à leur ambition. Et une Liste électorale non consensuelle pourrait en être un.