L’ancien Procureur de la République, Justin Gbènamèto est rayé de la liste des magistrats du Bénin. Selon la télévision Canal 3 Bénin, c’est le Conseil supérieur de la magistrature (Csm) qui a décidé de sa radiation.
Selon les informations annoncées hier lundi 20 janvier 2014 par nos confrères de Canal 3 Bénin, Justin Gbènamèto est exclu de la corporation des magistrats du Bénin. L’ancien Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Cotonou a été purement et simplement radié par la plus haute instance qui patronne la magistrature au Bénin. On apprend également de la même source que le magistrat dispose de trois jours pour former un recours devant la Cour constitutionnelle. Une sanction disciplinaire qui vient ainsi mettre fin à la confusion générale qui régnait depuis la semaine dernière par rapport à la situation réelle de Justin Gbènamèto. Plusieurs sources non vérifiées avaient en effet annoncé sur les réseaux sociaux, les unes, la radiation, les autres, la mutation du magistrat. Mais depuis hier nuit, l’opinion semble désormais éclairée. Cependant, certaines sources proches du milieu judiciaire se veulent encore prudentes. « J’ai lu la décision sur Canal 3 », a confié le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) Michel Adjaka sans commentaire. Justin Gbènamèto, faut-il le rappeler, avait été suspendu de ses fonctions en octobre 2013 parce qu’on lui reproche d’être impliqué dans une affaire de transactions financières irrégulières. A l’époque, la décision du Csm avait suscité un tollé général puisque le fonctionnaire de Justice sanctionné protégeait avec engagement les intérêts du gouvernement. Il a en effet défendu avec acharnement le Chef de l’Etat dans les dossiers tentatives de coup d’Etat et d’empoisonnement. Aujourd’hui, selon toute vraisemblance, il n’est plus en odeur de sainteté auprès du président de la République.
Allégresse Sassé
Gbènamèto flingué par son ami Yayi
En attendant d’exploiter les voies de recours qui s’offrent à lui, c’est fini pour Justin Gbènamèto. On ne le verra plus en toge noire, non plus au Tribunal dans l’exercice de ses précédentes fonctions de magistrat. L’homme vient d’être rattrapé par une affaire dans laquelle il s’est défendu bec et ongles, mais qui a finalement eu raison de lui. Le magistrat est accusé de blanchiment d’argent suite à des transactions financières découvertes au Crédit agricole en France. C’est la Police française qui a révélé la domiciliation d’un compte bancaire dans cette institution pour un montant de 100 millions F Cfa. D’où provient ce montant ? Interrogé, le fonctionnaire de justice se défend en arguant qu’il s’agit du produit de la vente d’un immeuble à Cotonou appartenant à une proche qui réside en France. Cette présumée propriétaire de compte se trouve être une aide-soignante. Justin Gbènamèto a même brandi des actes notariaux lors des investigations. Mais, tout cela n’a pas suffi pour être blanchi par le Conseil supérieur de la Magistrature (Csm). Une instance présidée par le chef de l’Etat, Yayi Boni avec comme vice-président, Ousmane Batoko, président de la Cour suprême. Ce qui signifie que la sanction est tombée du haut. Il ne reste qu’à la confirmer en Conseil des ministres. Justin Gbènamèto s’est déjà vu notifier la décision du Csm et il a plein droit pour formuler un recours devant la Cour constitutionnelle. Seulement, on doute fort que sa requête produise l’effet escompté. Ceci en raison des faits très accablants qui le plongent. Cette affaire suscite en tout cas des interrogations sur la provenance des fonds. Mais, à l’étape actuelle des choses, personne sauf peut-être la Commission ayant investigué sur le dossier, n’arrive à faire le lien avec une décision de justice rendue par le magistrat. Depuis qu’il a été suspendu de ses fonctions en octobre 2013, beaucoup continuent de s’interroger sur les contours de l’affaire. Mais chose curieuse, un semblant de rapport peu accablant pour Justin Gbènamèto a été agité dans les colonnes de certains quotidiens de la place le jour même de l’annonce de la décision de radiation. C’est-à-dire, hier lundi 20 janvier 2014. Pour certains observateurs, c’est fait à dessein, parce que le mis en cause connaissait déjà le sort que lui a réservé le Csm.
C’était dans le vent
Pour ceux qui suivent cette actualité depuis qu’elle alimente la presse et suscite des débats dans les bars, cafés, restaurants, services et d’autres milieux, ils diront que la décision était dans le vent. Au début de la semaine dernière, la rumeur a circulé avec insistance que le magistrat, ex-Procureur près le Tribunal de première instance de Cotonou a été radié. Mais très tôt, elle s’est estompée créant la confusion dans la tête de l’opinion publique. Une autre rumeur est venue s’y greffer, en annonçant que Justin Gbènamèto était plutôt muté dans une autre juridiction. Dans le même courant, l’affaire s’est déplacée au domicile de l’ancien ministre des Transports de Yayi Boni, Richard Sènou, qui selon la Police aurait offert un refuge au magistrat qui serait en fuite. Alors que le magistrat est assigné en résidence surveillée depuis trois mois. Même si la présence des hommes en uniforme au domicile de Richard Sènou a provoqué des réactions de désapprobation accusant le régime de violation des droits de l’homme, elle a permis à l’ancien Procureur de Cotonou de braquer les projecteurs sur sa personne. Approché par la presse, il avait raconté l’enfer qu’il vivait. Justin Gbènamèto avait-il, monté lui-même son scénario ? Toujours est-il que l’affaire est revenue au devant de l’actualité en l’espace d’une semaine à la faveur d’une série de faits. En clair, le feuilleton a livré des épisodes très épiques avant d’aboutir à une telle fin. Quiconque en suivant ce dossier ne pourrait parier sur un tel dénouement. Beaucoup étaient alors à mille lieues d’imaginer que le président du Conseil supérieur de la Magistrature, Yayi Boni allait laisser son ami finir aussi facilement sa carrière. Considéré pendant longtemps comme le valet du président de la République, Justin Gbènamèto a énormément risqué pour sa carrière en sauvegardant, parfois sans se rappeler de Dieu, les intérêts du Chef de l’Etat. Comment dans ces conditions, parier sur ce qui vient de lui arriver ? Lui qui, pour plus que ce qu’on lui reproche a passé son temps au Tribunal de Cotonou à sauver la face du président de la République. Est-ce donc, ce qu’il mérite ? C’est la justice qui s’est retournée contre lui. Sans doute.
Fidèle Nanga
Gbènamèto seul, après Dieu et le Pouvoir
De plus en plus, on commence par douter de la qualité de nos pasteurs. Parce qu’avant tout, Justin Gbènamèto est un berger, celui qui conduit le peuple de Dieu. Au nom de quoi alors a-t-il pu se souiller si tant est que les faits qu’on lui reproche sont avérés ? Il a dû laisser de côté son apostolat pour se soumettre au pouvoir de l’argent. Dieu seul sait le contrat qui lui a valu cette fortune détenue en banque. On n’est pas dans le secret des choses, mais il est permis de dire que le magistrat s’est compromis dangereusement. Comment peut-il agir ainsi, alors que tous les jours que Dieu fait, il professe la foi ? Où est donc la foi ? Mais en fait, ce n’est plus un fait nouveau de voir ces hommes qui professent la foi, tomber sous le charme de l’argent facile. C’est le moment de faire allusion à l’affaire Icc-Services. Une véritable entreprise d’escroquerie qui a spolié des milliers de personnes. Lorsque l’affaire a éclaté, elle a révélé que les patrons étaient des dignitaires de l’église du Christianisme céleste et qu’ils agissaient sous le couvert des Organisations non gouvernementales. Les premiers spoliés qui ont mordu à l’appât du gain facile, étaient les fidèles de l’église du christianisme céleste. Pour exercer facilement, ils bénéficiaient de la complicité au sommet de l’Etat. Ils ont même tissé leur toile jusqu’au Palais de la présidence. C’est un peu comme Justin Gbènamèto. Dieu et le pouvoir étaient ses fréquentations. Le voilà au grand jour au creux de la vague. C’est la preuve de l’impossible conciliation entre Dieu et l’argent. Quant au Pouvoir, il l’a lâché. Cette situation qui lui arrive aura un coup dur sur ses prêches, puisqu’il se consacrera uniquement à Dieu et à ses fidèles.