Adoptée par le parlement le jeudi 20 janvier 2022, la loi N°2022-04 portant hygiène publique est entrée en vigueur depuis sa promulgation par le chef de l’État, le l6 février 2022. Appelés dorénavant à jouer un rôle important dans la promotion de l’hygiène publique sur leurs territoires, les acteurs communaux se disent prêts à jouer leur partition mais pas, sans un réel soutien de l’État central.
La responsabilisation des communes figure en bonne place dans les innovations introduites dans la nouvelle loi issue de la révision de l’ancien Code de l’hygiène publique dont plusieurs dispositions étaient devenues caduques. Dans cette nouvelle loi qui est désormais en phase avec la décentralisation devenue effective depuis les premières élections communales et municipales tenues en 2002, les autorités locales sont invitées à faire la promotion de l’hygiène publique sur leurs territoires. L’article 7 de cette loi comportant 5 titres, 24 chapitres et 186 articles dispose que : « les collectivités décentralisées concourent avec l’État, à la promotion de l’hygiène publique. Elles initient des actions, édictent et mettent en application les dispositions de la présente loi ». Plus loin, l’article 11 dispose que « les autorités locales installent et entretiennent partout où cela est nécessaire, les infrastructures adéquates, notamment les douches, les cabinets d’aisance, les urinoirs et les poubelles ».
Face à cette responsabilité énorme dans un contexte où les bonnes pratiques d’hygiène ne sont pas encore la chose la mieux partagée de tous leurs administrés, les autorités locales se sentent vivement interpellées.
Pour le deuxième adjoint au maire de Sakété et membre de la Commission Eau, Assainissement et Infrastructures (CEAI) de l’ANCB, Ervé Damènou, les communes n’ont pas le choix que de faire face au défi de cette responsabilisation. Mais pour le relever, avertit le Président de la Commission Eau, Assainissement et Infrastructures de l’ANCB et maire de Pèrèrè, Alassane Abdoulaye, il faut un transfert des ressources de l’État central aux communes. « Pour que les communes jouent pleinement leur rôle dans l’application de cette loi, il faut un transfert de ressources dédié exclusivement à l’hygiène et à l’assainissement », soutient-il. Car, pour lui l’enjeu est grand.
En effet, selon le rapport 2020 de l’OMS, le Bénin connait encore des épidémies de choléra connu comme la maladie des mains sales. Une preuve de la faible appropriation des bonnes pratiques d’’hygiène et d’assainissement de base par les populations pour qui l’accès aux ouvrages d’assainissement n’est toujours pas une priorité. Selon cette organisation, 223 cas de choléra ont été enregistrés en 2020. Également, selon les derniers chiffres publiés en 2019 par le Programme conjoint de suivi OMS/UNICEF (JMP), 73% de la population au Bénin n’ont aucun accès aux services d’hygiène et seulement 16% ont un accès limité et 11% disposent d’un accès de base.
Pour le Président de la Commission Eau, Assainissement et Infrastructures de l’ANCB, Alassane Abdoulaye, « le développement sera un vain mot si les populations ne vivent pas dans un environnement sain. Car, vivant dans un environnement insalubre, elles vont utiliser leurs revenus pour faire face aux épidémies et aux maladies liés au mauvais assainissement ». Le soutien de l’État central tel que le préconise l’article 14 de la loi qui appelle l’Etat à aider les collectivités locales à réaliser les ouvrages d’assainissement, est indispensable pour une hygiène et un assainissement pour tous dans les communes.
Pour y arriver, en dehors de l’accompagnement du gouvernement attendu, le deuxième adjoint au maire de Sakété, Ervé Damèno, indique entre autres, que les communes doivent capitaliser l’approche ATPC et faire évoluer les zones rurales vers un assainissement durable, redynamiser les polices sanitaires qui pourront informer, éduquer, communiquer dans le sens de la vulgarisation de la loi, et enfin réprimer plus tard. « Il faut créer une ligne consacrée à la réalisation des ouvrages d’assainissement de base dans les prochains budgets des communes ».
Avec des Plans d’hygiène et d’assainissement des communes (PHAC) devenus caduques, il faut travailler à leur actualisation et à leur mise en œuvre effective avec « un réel accompagnement de l’État central pour espérer que les collectivités territoriales assument pleinement leurs responsabilités vis-à-vis de cette loi.