L’autonomisation de la femme occupe une place de choix dans les politiques publiques avec à la clé, diverses initiatives et facilitations du gouvernement. Selon Hortense Adjibodé, conseillère en emploi, ces actions n’auront d’impact qu’avec le temps. Elle évoque dans cet entretien, les pesanteurs sociales comme obstacles à l’autonomisation proprement dite des femmes. L’accompagnement des hommes est aussi nécessasire pour parvenir à cet idéal.
La Nation : Comment appréciez-vous les différentes initiatives visant l’auto-nomisation de la femme au Bénin ?
Hortense Adjibodé : Le gouvernement a bien trouvé d’initier des actions pour rendre les femmes autonomes. Le développement même d’une nation repose sur elles. Tous autant que nous sommes, nous venons d’une femme, nous avons eu droit à cette vie grâce à la femme. Et le premier pas, l’éducation, même l’orientation, tout est beaucoup plus basé sur la femme qui sans doute est au cœur de tout dans cette vie. Lorsqu’on parle de l’économie aussi, nous constatons que la femme en est au cœur.
Il va falloir que nous aidions la femme à pouvoir aller de l’avant. Si on lui permet d’être autonome ou de participer à la vie économique de la nation, il y aura une nette amélioration. Lorsque la femme a une activité qui lui permet d’avoir des ressources, elle participe pleinement à l’épanouissement de son foyer. C’est une raison de plus pour que l’Etat mette les moyens à la disposition de la femme pour la sortir de la précarité.
Quelle est la responsabilité de l’homme dans l’autonomisation de la femme ?
Il y a la culture et l’environnement qui ne favorisent pas le développement de la femme. C’est une raison de plus pour que l’état initie davantage des actions en faveur de cette couche. Il faut que les hommes accompagnent les efforts en cours pour qu’on renverse la tendance. Ce n’est pas du féminisme, mais c’est pour que nos hommes comprennent qu’ils ont intérêt à accompagner la femme dans ses activités, à l’aider à être autonome parce qu’en retour, elle pourra également contribuer à l’épanouissement total du foyer.
Quelles aptitudes doivent avoir les femmes pour réussir ce pari ?
La femme a assez de potentiels. Il faut qu’elle ait confiance en elle-même. Le manque de confiance de la femme fait qu’elle n’exploite pas pleinement ses potentiels. C’est l’environnement dans lequel elle a grandi qui fait qu’elle estime que son rang se trouve derrière les hommes. Nous ne demandons pas à la femme de prendre le dessus, ni d’écraser l’homme, mais qu’elle sache qu’elle a son rôle aux côtés de celui-ci. La femme doit savoir que l’éducation des enfants ne revient pas qu’à son homme. Les dépenses à engager par rapport à l’éducation et à la vie au quotidien ne doivent pas reposer non plus sur l’homme seul.
Il faut donc conscientiser, sensibiliser la femme de sorte qu’elle soutienne son homme et que celui-ci soit prêt à l’accompagner. Une chose est d’être consciente de la chose, et une autre est de se lever pour se mettre en action. La femme a un grand rôle à jouer dans l’épanouissement de la famille si nous l’aidons. En clair, l’autonomisation de la femme ne veut pas dire qu’elle est faite pour marcher sur l’homme. Comme aptitudes, il y en a assez telles que le dynamisme qu’il faut cultiver et développer au niveau de la femme.
Cela suppose-t-il un changement des mentalités ?
En plus d’un changement de mentalités, il faut aussi un renforcement de capacités, un accompagnement… De façon systématique, nous n’aurons pas des impacts très concluants. Mais avec le temps et de façon progressive, les interventions donneront leurs fruits. La femme a tout, Dieu lui a tout donné, pour le reste, la balle est dans notre camp. Il faut un changement non seulement des mentalités mais également au niveau du quotidien de la femme.