Dans un petit village de la commune de Savalou situé dans le département des collines, naquit un grand homme. Le Général Fadonougbo Dossoumi Adrien Raymond voit ainsi le jour le 23 Janvier 1949 à Doumè. Il est rappelé à Dieu le 21 janvier 2023 à Lomé au Togo à l’âge de 74 ans. Il a fait ses études primaires à l’école primaire publique de Savalou, où il obtient en 1960 le Certificat d’Etude Primaire (Cepe). Ses brillants résultats au concours d’entrée en 6ème, le font classer au Lycée Victor Ballot (1960) devenu Lycée Béhanzin de Porto-Novo (1961) pour ses études secondaires. Il en est sorti avec le du Baccalauréat en 1967. Passionné de la lecture et de la langue de Molière, il s’inscrit à l’Université du Bénin à Lomé au Togo en Lettres Modernes pendant 3 ans (1969-1972). Cet homme, ayant un désir de connaître plus profondément l’homme et la société, va s’inscrire à l’Université François Rabelais à Tours en France où il fait des études en lettres modernes et en sociologie. Il obtient la maitrise en lettres modernes et la licence en sociologie en 1974. Il poursuit ses études jusqu’à obtenir son Doctorat en lettres modernes en 1976 à l’Université Paris VII.
Après ses différents domaines d’étude en France, il a décidé de retourner dans son pays le Bénin qu’il aime si tant pour le servir. Il a tout de suite été sélectionné pour servir à la police. Dans ce cadre, il part faire des études à l’école nationale supérieure de police de Saint-Cire-au-mont- d’or en France. Il sorti de cette école avec le diplôme de commissaire de police. Il prend alors fonction et occupe différents postes durant sa carrière. Il a été entre autres Directeur de la Sûreté Urbaine de Porto-Novo, Directeur Général du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Commissaire de Commissariat Spécial de l’Organisation commune Bénin-Niger (Ocbn), Directeur de l’Ecole Nationale de Police, Inspecteur Général de la Police et Directeur Général de la Police Nationale.
C’est par ce dernier poste qu’il finit sa mission au sein de la Police pour aller à la retraite le 1er Janvier 2005. Pour avoir occupé ces différents postes, il a adopté beaucoup de stratégies qui lui ont permis de donner une nouvelle image à la Police, partant de l’organisation des concours jusqu’aux différents grades et mérites des agents de la police. Il s’intéressait beaucoup à la sécurité de la population et en faisait son leitmotiv. Pour le général Fadonougbo Dossoumi Adrien Raymond, la transparence, le travail bien fait, le respect de l’autre, l’intégrité et la loyauté ont été ses meilleurs alliés tout au long de sa mission au sein de l’administration béninoise en général et de la police nationale en particulier.
Plusieurs personnalités rendent un vibrant hommage à l’illustre disparu…
En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Au Bénin, un grand homme vient d’être rappelé à Dieu. Il s’agit du Général Adrien Raymond Dossoumi Fadonougbo. Ce haut cadre de l’administration béninoise vient de créer un grand vide dans le cœur de ses parents, amis et collègues et tous ceux qui l’ont connu et côtoyé. Florentin Donadjè, Statisticien, Démographe, Professeur assistant de l’Université à la retraite, se rappelle encore des bons moments passés avec lui. «Je dois avouer que c’est avec beaucoup d’émotions que j’ai appris le rappel à Dieu de mon grand-frère Raymond Fadonougbo qui a déjeuné chez moi, il y a 6 mois. Pour revenir à mes souvenirs, je l’ai rencontré quand il était en fonction au commissariat central de Porto-Novo en tant que Commissaire. De mon retour des congés du Rwanda en tant qu’étudiant, j’étais heureux d’avoir été bien accueilli par cet homme qui avait, à l’époque, beaucoup de garde-corps. Il m’a accueilli à bras ouverts. C’est un monsieur humble qui sait rassembler ses frères, notamment jeunes. Il est très focalisé sur ses responsabilités. Son savoir-faire et savoir-être nous ont permis de bien assumer nos responsabilités…», a-t-il dit. Même appréciation de l’Ambassadeur Codjo Symphorien Atchodé, Professeur d’Université à la retraite, ancien député et ancien ministre pour qui le Gle Raymond Dossoumi Fadonougbo était un plus qu’un ami, un frère. Anciens camarades de classe jusqu’au baccalauréat, ils ont étudié à l’Université de Lomé, puis évolué en France ensemble. « Nous avons évolué pratiquement comme des frères. On se voyait presque tous les jours. Nous sommes du même village…Quand j’ai appris son décès, c’était une vive émotion. J’ai été d’abord surpris par la nouvelle et ensuite complètement effondré. Nous venons de perdre un haut cadre. Parce que le chemin parcouru est un chemin élogieux….Il représente l’exemple de celui qui s’est battu pour atteindre les résultats qu’il a obtenus. Car, lui et moi sommes, tous les deux, fils de paysans. Nous sommes de parti de rien pour ce niveau. Nous n’avions personne pour nous aider et nous orienter. Mais avec l’engagement et le désir de réussir, il a pu atteindre le sommet. Je prie pour que son âme repose en paix et que le créateur de l’univers l’accepte dans son royaume », a-t-il ajouté. Selon l’Ambassadeur Yaba Bantolé, le Général de police Raymond Fadonougbo est une personnalité qu’il a connue et pratiquée depuis les années 1950. « Raymond accompagnait les femmes vendre au marché de Tchetti….C’est un monsieur très jovial. Si je suis revenu au Bénin, c’est grâce à lui. Parce qu’il venait passer ses vacances chez moi en France. Et 1983, il m’a convaincu de venir servir le Bénin. A l’époque, on hésitait pour rentrer. Mais les choses se sont bien passées et j’ai été affecté dans la province de l’Atacora. Ce qui m’a marqué durant mon séjour dans cette province, c’est que Raymond m’a porté un grand coup de main au moment où j’étais sans salaire pendant 2 ans. Il m’a envoyé une enveloppe financière de 30.000 FCFA en disant ceci : ‘’Si ton pays va te laisser mourir de faim, je ne serai pas complice’’….Depuis qu’il est tombé malade, je ne cesse de lui rendre visite. C’est un homme dont mes souvenirs me restent impérissables… », a-t-il laissé entendre. Simon Séverin Attolou, ancien conseiller technique à la l’économie du Président de la République du Bénin et consultant international ne tarit pas non plus d’éloges à l’endroit de l’illustre disparu. Pour lui, la vie du général Dossoumi Adrien Raymond Fadonougbo est pour tout être averti, la leçon donnée par un enfant né d’une famille très modeste, d’une petite localité du Dahomey colonie française, admis brillamment très jeune en 1960 au concours national d’entrée en sixième dans le plus prestigieux établissement secondaire du pays, le lycée Victor Ballot (1960) devenu lycée Béhanzin de Porto-Novo (1961). « Son dynamisme et son aptitude ont très tôt été révélés dans le scoutisme de même que son attachement à la valorisation de la culture nationale, notamment au sein des Cerveaux noirs et du Folk Songs Club. Sa forte détermination à transcender toute fatalité explique qu’il ait gravi tous les échelons de sa corporation pour devenir Contrôleur Général et Directeur Général de la Police Nationale. Toute sa vie, même lors de ses traversées du désert, il a toujours su rebondir. Sa rigueur, son professionnalisme et les contingences subséquentes ne l’ont point écarté, ni de ses devoirs de père de famille, ni de soutien indéfectible, à sa « communauté villageoise », a-t-il mentionné.
Au-delà d’un chef hiérarchique, le Général Fadonougbo a été pour l’ancien Directeur général de la police nationale, Didier Atchou, une référence professionnelle, un aîné puisque « nous sommes de la même ethnie », a-t-il indiqué. « Je l’ai servi en tant que son chauffeur, son garde-du-corps, l’assistant de son chef-cabinet et chef-service chargé des relations publiques lorsqu’il était Dgpn de 2000 à 2003 ». Ce dernier se dit fier d’avoir assumé les mêmes fonctions de Directeur général de la police nationale des années après. Pour lui, le Gl Fadonougbo est un citoyen hors-pairs en raison des nombreuses dimensions qu’il a incarnées. Il s’agit des dimensions culturelle, humaine et religieuse dont il a toujours fait preuve. « C’est un humaniste de haut rang ». C’est aussi un homme d’amour pour son prochain et de culture. Il a été caractérisé par son comportement altruiste…Il a aussi un amour profond pour sa profession policière, vu le couronnement de sa carrière par des grades exceptionnels et méritoires dont il a été bonifiés vers la fin de sa carrière », a-t-il relevé.