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Bénin: Iréné Agossa qualifie de déphasé le discours des démocrates

Publié le mardi 21 fevrier 2023  |  beninwebtv.com
Corentin
© Autre presse par dr
Corentin Kohoué-Iréné Agossa,
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La forme et le contenu du discours prononcé le 12 Février dernier à l’hémicycle par les démocrates sont déphasés. C’est du moins l’appréciation faite de ce discours hier lundi 20 février sur une émission télévisée de la chaîne nationale par le président du parti Restaurer La confiance.

L’ancien conseillé de la haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication, Iréné Agossa a taclé les démocrates pour leur discours de déclaration de groupe parlementaire, prononcé le jeudi 12 Février dernier lors de l’installation des députés de la neuvième législature.

Invité pour opiner sur l’installation des députés de la neuvième législature, le président du parti restaurer la confiance n’a pas apprécié le discours prononcé par l’honorable Nourénou Atchadé. Pour l’opposant, ce discours est déjà déphasé. A l’en croire, en tant que minorité au sein du parlement, le parti « Les Démocrates » ne doit plus être radical.

« C’est un discours que nous qualifions au niveau du parti Restaurer La Confiance (RLC) de discours qui est embarqué par un sot d’irresponsabilité politique« , a affirmé l’acteur politique de l’opposition au régime en place.

Iréné Agossa ajoute que le parti « Les Démocrates » est minoritaire à l’Assemblée et doit changer d’attitude et quitter cette étape d’irresponsabilité pour assumer leur responsabilité

L’intégralité du discours lu par Nourénou Atchadé
Conformément à l’art 24.2 du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale nous venons faire la présente déclaration de constitution de groupe parlementaire.

Monsieur le Président du bureau d’âge de l’Assemblée Nationale,

Chers collègues de la 9ème législature

Distingués invités

Mesdames

Messieurs,

Une nouvelle page de l’histoire de notre pays s’écrit ce jour dimanche 12 février 2023.

Enfin ! Oui enfin ! Pourrait – on dire !

Car désormais un autre son de cloche se fera entendre à l’hémicycle.

Un autre son de cloche qui va refléter les aspirations du peuple souverain et porter haut sa voix contrairement à ce que nous avons vécu dans notre cher pays depuis quatre (04) ans.

Mais au-delà de ces quatre années, c’est depuis l’avènement du régime dit de la rupture en 2016 que le ciel semble tomber sur nos têtes, la tête des Béninoises et Béninois.

En effet, depuis bientôt sept (07) ans, le pays de Kaba, de Toffa, de Béhanzin et de Bio Guerra a vu les belles pages de son parcours démocratique démarré depuis l’historique Conférence nationale des forces vives de février 1990, déchirées, brûlées et même ensevelies. En outre, la misère, devenue endémique, est vécue très difficilement par nos concitoyens qui la portent comme leur croix. Cette croix, ce sont les libertés bafouées, désacralisées, détricotées, banalisées et fragilisées.

Elles sont devenues la serpillère sur laquelle le pouvoir de la ruse et de la rage et toutes ses sécrétions toxiques s’essuient allègrement les pieds, au quotidien, depuis avril 2016.

Désormais, il faut lever davantage la voix pour clamer haut et fort le mal auquel le peuple est soumis. Ici, c’est le lieu idéal pour œuvrer à corriger le tir. C’est plus que jamais le moment de jouer le rôle d’élus du peuple qui est le nôtre, pour enrayer de notre pays les pratiques malsaines privatives de liberté et de démocratie.

Chers collègues

Mesdames

Messieurs

Il n’est un secret pour personne que notre pays le Bénin va de mal en pire.

C’est tout le peuple béninois qui vit la misère du fait de la malgouvernance économique, politique et sociale.

La mauvaise gouvernance économique

Nous taire et rester inactifs serait suicidaire pour toute la Nation. A ce jour, plusieurs maux minent notre patrie commune. Parmi ceux-ci, la gabegie occupe une place prépondérante. Le marché béninois se rétrécit au jour le jour au profit des pays voisins. Les secteurs vitaux de notre économie étant jalousement détenus par un petit nombre d’opérateurs économiques inféodés au pouvoir. Les produits de rente qui jadis faisaient la survie des agriculteurs sont aujourd’hui lourdement taxés et leurs filières désorganisées. Tel est le cas du soja, de la noix de cajou et du karité.

La mauvaise gouvernance politique

Depuis 2016, la gouvernance électorale a consisté en diverses manœuvres ourdies, soit par le parlement monocolore de la 8ème législature qui, nuitamment et clandestinement, a modifié au gré de l’exécutif, la Constitution, en y introduisant frauduleusement le parrainage ; soit par les gouvernants eux-mêmes qui demandaient et obtenaient de cette même législature, la relecture de texte en pleine période électorale.

Ainsi, la CENA est devenue une institution à la solde du pouvoir au mépris des règles qui fondent son existence. Nous avons vécu les errements de la CENA TIANDO avec ses fautes mineures et par la suite la CENA SACCA Lafia avec les documents électoraux caduques, la Cour Constitutionnelle de DJOGBENOU qui a inventé en plein processus électoral et au mépris des règles communautaires, le certificat de conformité, pièce qui a favorisé la survenance d’une assemblée monocolore dans notre pays. Et comme si tout ceci ne suffisait pas, c’est la cour AMOUDA qui, par des arguments inappropriés et refutables, refuse d’enjoindre la CENA de rendre au parti LES DÉMOCRATES, les documents électoraux dont il a besoin pour la transparence électorale sous prétexte que ces documents réclamés auraient dû être reçus par nos représentants dans les différents postes de vote alors qu’il lui a été prouvé que ces documents étaient en nombre insuffisant par rapport au nombre des partis en compétition. Sans oublier également la volonté des agents de la CENA sur le terrain de discriminer notre parti.

Il est clair que ces deux institutions, à savoir la CENA et la Cour Constitutionnelle se sont associées pour faire obstruction à la manifestation de la vérité et surtout à la transparence électorale dont elles sont garantes.

Il est important de signaler les bourrages d’urnes organisés sur fond t’intimidation qui a cours dans notre pays depuis 2019. Il n’est pas rare d’entendre «c’est nous qui sommes au pouvoir rien ne se passera». Je suis malheureux de dire que plusieurs collègues ici sont le fruit de cette pratique qui n’honore pas notre pays. Nous devons unir nos forces pour la combattre car on ne sait qui en sera la victime demain.

La mauvaise gouvernance sociale

Le régime dit de la rupture est un régime matériel et matérialiste, qui n’a pas mis l’Homme au cœur de sa gouvernance. Les mesures sociales n’y sont que incantations et chimères. Vous constatez comme moi la cherté galopante de la vie sans mesures adéquates d’atténuation de la souffrance des populations.

Les taxes sont sauvagement relevées et asphyxient les populations, les agriculteurs étant lourdement endettés du fait de la taxe sur certains produits agricoles notamment le soja, le karité et le cajou. Le pouvoir d’achat des Béninois en l’occurrence celui des fonctionnaires béninois est complètement altéré, la liberté syndicale confisquée.

Chers collègues

Mesdames

Messieurs

Une action immédiate et concertée à l’endroit du gouvernement pour corriger la désorganisation de la filière soja dans notre pays s’avère indispensable. Je sais, pour autant que nous sommes, surtout ceux venant des zones productrices de ce produit, nous avons pris cet engagement vis-à-vis des populations durant la campagne électorale. Il est inconcevable que le Togo, pays voisin donne de meilleurs prix à ses producteurs que le Bénin alors que nous vendons sur le même marché international.

LA PAIX

Chers collègues

Mesdames

Messieurs

Le désir de régner sans partage comme dans un régime autocratique a amené le gouvernement dit de la rupture à vassaliser les institutions de la République. Le parlement n’a pas été du reste. Elle a fortement contribué à mettre à genoux la démocratie dans notre pays. Les lois personnelles ont été prises pour normaliser des situations anormales : j’en veux pour preuve, le Code du numérique, le Code de procédure pénale, le droit de grève, la création de la CRIET, la loi sur l’embauche, la loi sur la décentralisation, le Code électoral, la Constitution révisée et j’en oublie volontiers.

Chers collègues,

Mesdames

Messieurs

Qui parmi nous est content de voir Reckya MADOUGOU en prison pour vingt (20) ans ? Éloignée de ses enfants et incapable de leur donner l’éducation qu’elle aurait voulu pour eux en dépit de l’avis n°51/2022 du 08 novembre 2022 du Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui établit que la privation de Reckya MADOUGOU est arbitraire. Cette étoile montante qui faisait la fierté du Bénin, notre pays, à l’international.

Qui pourrait se satisfaire du sort du professeur Joël AÏVO condamné à 10 ans de prison ? Non ! Je ne pense pas que la place de ce jeune brillant universitaire qui est un modèle pour la jeunesse, soit en prison.

Qui ici et ailleurs ne sait pas que ce sont les intrigues politiques qui ont conduit à ces privations de liberté ?

Le cas de ces deux personnalités Reckya MADOUGOU et Joël AÏVO est assez représentatif du cas des centaines de compatriotes qui croupissent encore dans nos prisons du fait des élections non inclusives organisées ces dernières années dans notre pays.

Je suis convaincu que nous œuvrerons ensemble pour leur libération.

Vous n’avez certainement pas oublié ces images effroyables de Cadjèhoun diffusées en mai 2019 sur toutes les grandes chaînes de télévision du monde, des militaires béninois tirant à balles réelles sur leurs compatriotes pourtant à main nue. Le cas de Madame AMOUSSOU, froidement abattue dans son quartier mais déclarée plus tard, morte de paludisme par des agents pourtant bien assermentés.

Les tueries de Kandi, de Parakou, de Savè, de Tchaourou et de Bantè restent à jamais gravées dans la tête et dans l’esprit des citoyens béninois. Pendant 52 jours et 52 nuits, le Président Dr Boni YAYI a été gardé prisonnier dans sa propre résidence, sans droit de visite qu’elle quelle soit. Cet homme qui sans répit, a servi son pays toute sa carrière durant et de surcroît Président de la République pendant dix ans. Dès lors vous voyez, combien le Bénin autrefois havre de paix et berceau de la démocratie en Afrique, est tombé à un niveau bien bas.

Nous avons le devoir de parler avec le Chef de l’État qui est le père de la Nation, pour une mesure de libération immédiate de nos compatriotes en situation difficile, pour le retour au bercail de nos exilés dont les plus emblématiques sont Komi KOUTCHÉ, Sébastien Germain AJAVON, Valentin DJENONTIN AGOSSOU, Léhady Vinagnon SOGLO, Simplice CODJO, Amissétou AFFO DJOBO, Fatouma AMADOU DJIBRIL et bien d’autres encore…

La Nation a besoin de tous ses fils et de toutes ses filles pour se construire.

A cet égard il sera question de la création que nous jugeons plus qu’opportune, d’un comité national de réconciliation et de pardon.

Chers collègues

Mesdames

Messieurs

Mon parti, le parti Les Démocrates salue avec force la réforme qui a favorisé l’entrée de 28 femmes au parlement pour le compte de cette 9ème législature.

Est-ce à dire qu’on aurait seulement 4 femmes si la réforme n’était pas faite ? Je laisse la question à la réflexion des partis politiques.

J’invite le chef de l’état à atteindre au moins la barre de 40 pour cent de femmes dans son prochain gouvernement.

Une sincère félicitation aux femmes de la 9ème législature.

Le parti LES DÉMOCRATES est un parti d’opposition à la gouvernance du Président Patrice TALON.

Nous députés signataires de la présente déclaration sommes de l’opposition et de la minorité parlementaire.

Nous comptons jouer pleinement le rôle qui est le nôtre : voter les lois que nous jugeons nécessaires pour le bien-être des populations. Nous contrôlerons les actions du gouvernement pour la transparence et la bonne gouvernance.

C’est pourquoi notre groupe parlementaire déplore et condamne la réforme qui permet au gouvernement de signer les accords de crédit sans préalablement obtenir l’autorisation de la représentation nationale. Cette prérogative légendaire du parlement ne saurait être bradée par les représentants du peuple à moins qu’on ne le soit pas. Je nous invite à œuvrer ensemble pour le retour de cette procédure dans le giron du parlement

Chers collègues

Mesdames

Messieurs

Nous sommes tous des Béninois, nous sommes sensés travailler pour le bonheur des Béninois. C’est la raison pour laquelle du haut de cette tribune je voudrais dire de façon solennelle que la majorité mécanique qui est celle d’aujourd’hui ne saurait s’accommoder d’un complexe de supériorité absolue ni s’attribuer le droit de penser qu’elle seule détient la vérité et qu’elle doit toujours avoir raison sur la minorité d’aujourd’hui que nous sommes. Nous devons donc être à l’écoute permanente l’un de l’autre.

Je souhaite alors pouvoir compter sur le Président de notre Assemblée Nationale, ce haut lieu de la représentation du Peuple Souverain dont nous avons le devoir de défendre les intérêts.

Pour finir, le groupe parlementaire que j’ai l’insigne honneur de diriger s’appelle LES DÉMOCRATES et est composé de vingt-huit (28) membres signataires de la présente déclaration.

Que Dieu bénisse le Bénin

Je vous remercie
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