Lundi dernier, les populations ont été confrontées à la hausse du prix de pain. Beaucoup de Béninois ont dû débourser 150 FCFA avant de s’acheter une baguette de pain vendue auparavant à 125 FCFA. La raison, l’Association nationale des promoteurs et exploitants de boulangeries et pâtisseries du Bénin (Anapeb-Bénin) a annoncé que désormais le pain sera cédé à 112f aux revendeurs. Pour la ministre du commerce, même à ce prix de cession de 112 FCFA, il n’est pas question que le pain soit cédé au consommateur à 150 FCFA. Aux dires de Shadya Alimatou Assouman, c’est depuis 2008 qu’un arrêté fixe à 112f le prix de cession du pain et à 150f le prix d’achat. Ce sont les boulangers eux-mêmes qui ont établi un contrat tacite avec les femmes distributrices et qui leur cédaient le pain à 90f voir 80f. Ceci à cause de la concurrence déloyale en leur sein. Aujourd’hui, face aux problèmes qu’ils rencontrent dans le secteur, les boulangers ont décidé de respecter l’arrêté de 2008 et de vendre le pain aux revendeurs à 112f, sans un dialogue préalable avec les distributrices. Conséquence, celles-ci ont aussi décidé d’augmenter leurs marges. Ce qui ne devait pas être le cas, selon la ministre du commerce.
De leur côté, les boulangers, par la voix du président de l’Anapeb-Bénin, Anselme Aguèmon, imputent aux revendeurs la flambée constatée. Pour Anselme Aguèmon, le pain ne devrait pas être vendu à 150f même s’il est désormais cédé à 112f. « Actuellement, nous vendons le pain à nos détaillants à 112f et même exigeons à tous ceux qui prennent le pain chez nous, à ce qu’il soit vendu à 125f aux consommateurs. Aucune donnée ne prouve que cette flambée de prix vient de nous. Mais j’estime que ce sont les revendeurs qui ont augmenté ce prix pour éviter une perte. (…) Ils le font parce qu’ils éprouvent aussi des difficultés », a laissé entendre Anselme Aguèmon, interrogé par Le Matinal.
A bien analyser, les revendeurs sont aussi victimes que les consommateurs. Comment refuser à un revendeur d’augmenter le prix de vente quand le prix d’achat a augmenté ? Même si le ministre dit que l’arrêté de 2008 avait prévu un plafond de 112f, ce n’était pas à ce prix que le pain était cédé aux revendeurs. Dès lors, il faut une sensibilisation pour leur faire comprendre que le pain devrait normalement être cédé à 112f, pour ensuite être vendu à 125f. ce sont donc les boulangers qui, en cédant le pain à 90f voire 80f, perdaient une partie de leurs marges. Le fait qu’ils décident aujourd’hui de revenir au prix plafond fixé par l’arrêté ne devrait entraîner une hausse du prix de vente. C’est donc le tour des revendeurs de perdre quelques marges. Ce qui ne sera pas une mince affaire. Acheter quelque chose à 112f pour la vendre à 125f, soit 13f de bénéfice, n’arrange aucun commerçant.