Le Bénin sollicite une alliance d’acteurs financiers pour atteindre ses objectifs de production agricole et d’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2026. Ce « Pacte » nécessite la mobilisation d’environ 300 milliards F Cfa.
Le Bénin lance un appel aux partenaires techniques et financiers, aux investisseurs privés et aux acteurs des filières agricoles pour construire une alliance d’acteurs du secteur financier pour des investissements agricoles et alimentaires. La mise en œuvre de ce « Pacte » requiert la mobilisation de 491 millions de dollars, soit environ 300 milliards F Cfa, afin d’augmenter les rendements de 20 à 30 % et la transformation des aliments pour au moins 50 % de l’offre en 2026, d’après le Compact Bénin pour l’alimentation et l’agriculture épaulé par l’Union africaine et publié par la Banque africaine de développement (Bad).
Dans sa stratégie d’autosuffisance alimentaire, le pays compte atteindre une production supplémentaire de 400 000 tonnes de maïs (passant de 1,6 million de tonnes en 2021 à deux millions de tonnes en 2026), de 500 000 tonnes de riz (500 000 t à 1 Mt), de 1,5 million de tonnes de manioc (4,2 t à 5,7 t), de 200 000 tonnes de soja (300 000 t à 500 000 t), de 300 000 tonnes de produits maraîchers (650 000 t à 950 000 t), de 150 000 tonnes de viande, toutes espèces confondues (69 000 t à 219 000 t) et de 5 000 tonnes de poisson d’élevage (2 649,2 t à 7 649,2 t). Pour ce faire, le Bénin s’engage à accorder une priorité à la maîtrise de l’eau. En fait, pour un potentiel de 375 000 hectares de terres irrigables, seulement
24 231 hectares sont actuellement aménagés, soit 6 %. Le Pacte prévoit 276 millions de dollars pour aménager 20 000 hectares d’ici à 2026, détaille le document.
Quelque 70 millions de dollars seront consacrés au développement de la mécanisation agricole (le taux de mécanisation des travaux de sol actuel est de
12,4 %), afin de favoriser l’utilisation de matériels et équipements modernes de production et de transformation.
Focus productivité !
Il est question de faciliter l’accès aux facteurs de production, notamment les semences certifiées et climato-intelligentes de bonne qualité dont les besoins sont couverts à moins de 20 %. La mise en place des engrais et autres intrants végétaux, animaux et halieutiques (aliments pour poisson, aliments de bétail) sera effective ainsi que la sédentarisation de l’élevage des gros ruminants.
Dans le domaine aquacole, 48 millions de dollars sont prévus pour les aménagements et dix aqua-pôles de 25 hectares d’étang chacun sont à réaliser d’ici à 2026. Environ 40 millions de dollars sont prévus pour le développement des filières lait, viande, œufs de table.
Pour développer des solutions numériques dans le secteur agricole, 15 millions de dollars seront nécessaires, notamment dans l’agriculture de précision, le conseil digitalisé, les systèmes d’information sur les marchés, les prix, le paiement digitalisé le long des chaînes de valeur et le « e-market ». L’objectif visé est de doubler la productivité agricole grâce à des technologies et des services de conseil de pointe, adaptés au climat, pour les cultures, l’élevage et l’aquaculture.
Il faut ajouter que 42 millions de dollars seront alloués au développement des filières conventionnelles, les cultures maraîchères, la transformation et l’accès au marché. L’alliance d’acteurs du secteur financier favorisera le développement des infrastructures et de la logistique nécessaires avec des zones spéciales de transformation agro-industrielle pour créer des marchés et des chaînes de valeur agro-alimentaires compétitives.
Le taux d’insécurité alimentaire est passé de 9,6 % en 2017 à 26 % en 2022 au Bénin, selon l’Analyse globale de la vulnérabilité, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des systèmes alimentaires (Agvsan-Sa). Près de 2 % des ménages sont en situation d’insécurité alimentaire sévère. La prévalence de l’émaciation ressort à 9,2 %, dont
6,3 % de forme modérée et 2,9 % de forme sévère en 2022.
Pourtant, la balance commerciale agricole s’est améliorée depuis 2017, avec le déficit qui est passé de 579,38 milliards en 2017 à 94,12 milliards F Cfa en 2021, grâce aux efforts d’accroissement de la production locale.
En 2021, le taux de couverture des besoins alimentaires est ressorti à 165,48 %. Mais, ce taux global cache des disparités dans la satisfaction des besoins par filière. A titre d’exemple, le riz a enregistré une production record de 519 667 tonnes au Bénin au cours de la campagne 2021-2022 contre 411 578 tonnes lors de la précédente, selon la direction de la Statistique agricole du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Dsa/Maep). Ainsi, on est passé d’un taux de satisfaction des besoins de la population par la production locale de 28 % en 2015 à 60 % en 2021. Malgré le boom de production, le taux d’autosuffisance pour le riz est seulement de
27,0 % en 2021. Cette tendance est observée notamment pour le soja, dont le taux de couverture est passé de 341 % en 2017 à 545 % en 2021. Il en est de même pour les produits halieutiques et la viande, avec des taux d’autosuffisance qui sont respectivement de 41,4 %, et 37,2 % respectivement en 2021.