Avec ses titres Totché, My hapiness, Aïcha, Den’sonu, Papa Yaweh, Axôvi...pour ne citer que ceux là, l’auteure compositrice béninoise Faty a régalé les mélomanes.Titulaire d’une maîtrise en didactique des langues, Fatima Kouchekeho à l’état civil, parle ici de la femme béninoise.
Quelle est votre appréciation de la place de la femme dans la société béninoise actuelle ?
J’ai un avis mitigé au sujet de la place de la femme dans la société béninoise...C’est une femme dont on exige énormément, sans forcément lui donner les moyens d’y arriver. C’est une femme de plus en plus violentée dans son quotidien, aussi bien physiquement que psychologiquement. C’est une femme que notre société dans ses dérives a chosifiée malheureusement. Mais c’est aussi une femme qui se bat pour mériter sa place là où il faut...d’où l’occupation de certains postes stratégiques dans nos administrations. Il y a beaucoup à faire. Ce n’est pas rien. Mais ce n’est pas assez reluisant tout de même.
Égalité homme-femme ! Qu’est ce que c’est selon vous ? Qu’en pensez-vous ?
C’est une expression qui pour moi, est partie dans tous les sens, en perdant de vue l’objectif à atteindre.
Pour moi, en parlant d’égalité entre homme et femme, il s’agit de permettre aux deux sexes d’aller à l’école. Il s’agit d’éduquer nos garçons en leur inculquant que leur masculinité ne les rend nullement supérieurs aux filles. Il s’agit entre autres, de permettre aux femmes de pouvoir occuper les mêmes postes de travail que les hommes tant qu’elles en ont les compétences. Mais parler d’égalité homme-femme dans le mariage, pour moi est un peu utopique. Dans notre société africaine, le mariage a ses règles qui font de l’homme le chef de la famille. Un chef qui ne devra nullement voir son épouse comme une esclave, mais plutôt comme une aide. Voilà ce que j’en pense.
Dans la lutte pour la promotion de la femme, estimez-vous que les femmes se sont égarées à certains niveaux ? Si oui, lesquels ?
Oui. On s’est égarées surtout au niveau du mariage.
Promouvoir les droits de la femme ne devrait pas enfreindre les règles de la vie en couple. Promouvoir les droits de la femme, c’est lui permettre d’aller à l’école, au travail, de décider de son mariage et la protéger contre les violences conjugales. Mais promouvoir la femme ne signifie pas qu’elle porte le même chapeau que son époux à la maison.
Vous même, êtes femme et auriez pu affronter certainement quelque part la discrimination basée sur le genre. Aujourd’hui vous pouvez peut-être en rire, mais au moment des faits, vous auriez pu mal le vivre.
Partagez avec nous une anecdote vécue en raison de votre condition de femme ?
Honnêtement, je n’ai pas vécu de discrimination basée sur le genre. Discrimination oui, mais basée sur le genre, non.
Vous avez chanté avec superbe, ‘’Aïcha’’ qui dénonce les violences basées sur le genre (harcelement au travail en particulier). Vous y magnifiez la femme qui jamais ne renonce à sa dignité.
Que diriez vous à une jeune fille victime de harcèlement sexuel d’un membre de sa famille, d’un ami proche à sa famille ou à elle-même ?
A cette jeune fille victime d’abus d’un proche ou non, je dirai que son silence ne fait que compliquer les choses ! Dénoncer très tôt son bourreau l’aiderait énormément. Je lui dirai qu’elle n’est certainement pas la première, mais qu’elle pourrait être la dernière victime si elle aide les autorités en charge à punir le coupable. Ce n’est pas facile, car il y a toujours des séquelles psychologiques et physiques...mais avec la volonté, on peut continuer d’aller de l’avant.